C’est le genre de chiffre qui donne mal à la tête. Une commotion cérébrale salariale, version LNH.
Selon les dernières projections d’AFP Analytics, Mike Matheson vaudrait 6,5 millions de dollars par saison sur son prochain contrat.
Ouch.
Et quand on regarde les chiffres en question, on comprend rapidement que le Canadien de Montréal est devant un choix déchirant : offrir une prolongation hors de prix à un vétéran respecté… ou accepter la réalité brutale du plafond salarial, et tourner la page.
Spoiler alert : Matheson doit partir..
Personne ne remet en question la valeur de Mike Matheson aujourd’hui. Il joue toutes les situations. Il avale des minutes comme personne. Il est un leader calme, professionnel, apprécié dans le vestiaire. Et surtout, il a connu sa meilleure saison en carrière sous Martin St-Louis.
Même Jeff Gorton l’a reconnu publiquement. Matheson a été un pilier en 2024-2025. Le genre de joueur dont on ne se départit pas à la légère.
Mais la Ligue nationale, ce n’est pas une ligue de nostalgie. C’est une ligue d’anticipation. Et si le Canadien veut redevenir une puissance, il ne peut pas se permettre de surpayer pour des souvenirs.
Et c’est exactement ce que coûterait Mike Matheson en ce moment : 6,5 millions $ par année, pendant quatre ans.
La réalité du plafond salarial frappe fort
À première vue, ce n’est pas une tragédie. Mais tout est relatif. Surtout quand on regarde ce qui s’en vient à Montréal.
Le CH a déjà investi massivement à la ligne bleue :
Noah Dobson : 9,5 M$ par année
Kaiden Guhle : 5,55 M$ par année
Lane Hutson : un contrat qui devrait tourner autour des 10 M$ s’il veut signer à long terme
Et maintenant, on ajouterait Mike Matheson à 6,5 M$?
Ce serait donc trois défenseurs au-dessus des 6 M$, et potentiellement quatre, si Guhle continue sa progression. C’est tout simplement insoutenable.
Pire encore : cette somme catapulterait Matheson au 3e rang de la hiérarchie salariale du CH… alors qu’il sera bientôt le quatrième meilleur défenseur du club, si ce n’est le cinquième.
Le message de Kent Hughes est clair : « Prends des peanuts ou pars »
L’an dernier, le Canadien a envoyé un message clair à Samuel Montembeault :
« Voici 3,15 M$ par année, sans clause de non-échange. Prends-le ou va jouer ailleurs. »
Et Montembeault a accepté.
Le message adressé à Mike Matheson, aujourd’hui, est exactement le même. S’il veut finir sa carrière à Montréal, il devra accepter un rabais majeur. Un contrat à 3 ou 4 millions, tout au plus. Quelque chose de court. De prudent. De transitoire.
Mais le problème, c’est que Matheson sait ce qu’il vaut.
Et signer à rabais, dans une ville qui ne pourra plus lui offrir le rôle du défenseur le plus utilisé qu’il a connu ces deux dernières saisons, ce serait une claque au visage... et à son amour-propre...
Pour son ego… il doit partir.
On le sait : Mike Matheson est un homme fier. Un professionnel accompli. Un gars qui a travaillé fort pour enfin obtenir le respect qu’il mérite dans cette ligue.
Et ce respect passe aussi par le contrat qu’il signera. En acceptant un montant à rabais à Montréal, il se renierait. Il accepterait de devenir une option de luxe sur la troisième paire, pendant que Lane Hutson et Noah Dobson s’imposent devant lui. Il verrait ses responsabilités réduites.
Son temps de glace amputé. Sa valeur marchande s’effondrer.
C’est pourquoi, pour son ego, il doit dire non.
Non au contrat de 2 ans à 3,8 M$ que le CH pourrait timidement lui glisser.
Non au rôle marginal qui l’attend dès 2026.
Non à l’idée d’être tranquillement mis de côté dans un club où il a été un héros éphémère.
Le paradoxe? C’est que Mike Matheson a plus de valeur que jamais.
Un défenseur mobile, capable de jouer 25 minutes par soir, excellent en relance, pouvant jouer en avantage numérique, qui vient de sortir d’une saison de 60 points? Ça ne court pas les rues.
Et avec un contrat de seulement 4,875 M$ pour encore un an, il devient une aubaine pour un club en mode “win now”.
Les Oilers et les Stars. Ces deux clubs pourraient vouloir mettre la main sur Matheson pour stabiliser leur top 4.
Mike Matheson, aussi apprécié soit-il, ne cadrera plus dans les plans du Canadien à moyen terme. Il est trop bon pour accepter des miettes. Trop fier pour devenir un joueur de soutien. Trop intelligent pour signer un contrat qu’il regrettera dans deux ans.
Et le CH, de son côté, ne peut pas, et ne doit pas, sacrifier sa flexibilité financière pour retenir un joueur qui deviendra vite un luxe inutile.
Personne ne veut voir Mike Matheson partir dans l’indifférence. Il a été un soldat exemplaire. Un Montréalais modèle. Un leader silencieux. Un joueur qui a inspiré les jeunes par son éthique et son calme.
Mais l’heure est venue de tourner la page.
La commotion financière est trop violente. Le choc des projections est trop brutal. Le Canadien doit garder les yeux rivés sur l’avenir. Et cet avenir, aussi cruel soit-il, ne passe plus par Mike Matheson.
Son départ ne serait pas un abandon. Ce serait un acte de survie. Un geste de fierté. Un cri du cœur d’un homme qui a trop donné… et trop encaissé.
Car rappelons-le : Matheson s’est vidé le cœur. Il l’a dit publiquement. Il a avoué à quel point la pression, les critiques, l’ambiance suffocante à Montréal l’atteignaient profondément.
Ouvrir son cellulaire pour y lire des centaines de messages haineux. Voir son nom piétiné à chaque faux pas. Perdre sa place sur l’avantage numérique non pas pour ses performances, mais parce que la foule l’avait désigné comme bouc émissaire. Il l’a dit. Il l’a vécu. Il l’a ressenti dans ses tripes.
Alors à quoi bon s’accrocher à une ville qui ne veut plus vraiment de lui? À quoi bon rester dans un système qui le pousse lentement vers la sortie, tout en refusant de le payer à sa juste valeur?
En réalité, la meilleure chose pour Mike Matheson… c’est de partir.
Il doit quitter Montréal pendant qu’il a encore de la valeur, pendant qu’il peut encore dicter ses conditions. Il doit le faire avant que la ville ne le brise complètement.
Avant que son amour pour le CH ne se transforme en amertume.
Avant que la commotion médiatique ne devienne une commotion mentale.