700 000 $ pour Gavin McKenna : la NCAA vient d’anéantir le hockey junior canadien

700 000 $ pour Gavin McKenna : la NCAA vient d’anéantir le hockey junior canadien

Par André Soueidan le 2025-07-09
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C’est une bombe qui vient de tomber sur le monde du hockey. Gavin McKenna, 17 ans, perçu comme le futur premier choix du repêchage de la LNH, a pris une décision qui bouleverse l’équilibre déjà fragile entre le hockey junior canadien et la NCAA : il a dit non à la LCH… et oui à un chèque de 700 000 $ US pour aller jouer dans la NCAA, à l’Université Penn State.

Une gifle. Une humiliation. Un désaveu.

Appelle ça comme tu veux. Le hockey junior canadien vient de perdre bien plus qu’un joueur : il vient de perdre la guerre de l’attraction.

McKenna, qui a marqué 129 points en 56 matchs avec les Tigers de Medicine Hat dans la WHL, était la vedette incontestée du hockey junior.

Mais son choix d’abandonner la LCH pour aller aux États-Unis annonce un tournant historique.

Selon les informations de Mike McMahon (College Hockey Insider), Penn State lui aurait offert une entente de 700 000 $ US, soit près de 960 000 $ CAN, pour l’attirer dans leurs rangs. C’est de la pure folie.

Et attention : McKenna n’a jamais encore joué une seule minute dans la LNH.

Ce n’est pas Connor Bedard. Ce n’est pas un gars qui a déjà été repêché et qui signe un premier contrat pro.

C’est un ado de 17 ans, encore techniquement un junior, qui reçoit près d’un million de dollars pour jouer dans les rangs universitaires.

Cette somme, jamais vue à ce niveau, crée une nouvelle réalité économique dans le monde du hockey.

À ce prix-là, oubliez le bon vieux modèle canadien basé sur l’honneur, la tradition et les biscuits soda dans les arénas de Moose Jaw et Drummondville.

La NCAA a transformé le développement des jeunes en marché libre.

Et maintenant que c’est légal de monnayer sa popularité dans le sport universitaire, les Américains écrasent tout sur leur passage.

Le développement est devenu un business, et les États-Unis possèdent désormais tous les arguments pour faire basculer l’avenir des jeunes vers le sud.

Et ce n’est qu’un début.

Si Gavin McKenna reçoit 700 000 $, combien de jeunes vedettes vont regarder vers le sud plutôt que de rester dans le système canadien?

En comparaison, les joueurs de la LCH ne touchent qu’un maigre montant mensuel pour jouer dans des arénas parfois vides, dans des villes isolées, sous des horaires de pro, sans compensation équitable.

McKenna vient de montrer qu’un joueur de talent peut vivre comme un roi à 17 ans… sans jamais passer par la LCH. Ce n’est plus une question d’opportunité.

C’est une question de survie du système.

Et soyons honnêtes : c’est un désastre pour Hockey Canada.

Pendant des années, la LCH était la fierté du développement canadien.

On envoyait nos jeunes au Junior Majeur comme des soldats en mission.

Aujourd’hui, les familles regardent les bourses, les installations, les nutritionnistes, les médecins, les contrats NIL… et devinez quoi? Les États-Unis gagnent à plate couture.

Même le CH doit regarder cette tendance de près.

Si un espoir comme Gavin McKenna évite le hockey junior canadien, pourquoi pas les autres?

Comment faire des projections sur le développement d’un joueur quand le modèle canadien n’est même plus considéré par les jeunes eux-mêmes?

Et ne pense pas que la LNH est totalement confortable avec ce genre de scénario.

Quand des jeunes reçoivent de telles sommes avant même d’avoir été repêchés, ça crée une pression démesurée.

Un sentiment d’invincibilité. Et surtout, des attentes irréalistes.

Le développement est censé être une étape d’humilité. Là, on injecte de l’argent avant même qu’ils aient vécu un premier revers.

Les directeurs généraux vont devoir gérer des égos, des distractions, et des ambitions financières prématurées.

McKenna est un joueur exceptionnel, personne ne doute de ça.

Mais son transfert dans la NCAA, à un tel prix, est le début d’un exode. Et ça, c’est le cauchemar de toutes les équipes juniors canadiennes.

Tu veux une preuve que le système craque? Le coach de Penn State, Guy Gadowsky, est en train de bâtir un monstre universitaire avec un portefeuille.

Et les autres écoles vont suivre. On parle déjà de millions de dollars pour les prochains cycles.

L'effet domino est enclenché, et les universités américaines n'ont pas fini de recruter à coups de zéros.

McKenna, lui, a simplement dit ceci à ESPN : « Penn State m’a offert une opportunité unique, et je crois que c’est le meilleur endroit pour moi, autant pour mon développement que pour ma carrière future. »

Traduction libre : merci pour les billets verts.

La question est simple : comment compétitionner contre ça?

La LCH a-t-elle les moyens de suivre? Non.

Le gouvernement interviendra-t-il pour subventionner les équipes junior? Peu probable. Les parents continueront-ils d’envoyer leurs enfants dans des bus scolaires pour traverser les Prairies quand Harvard, Michigan et Penn State offrent des bourses complètes et des salaires six chiffres?

Et au Québec, parlons-en.

Le modèle des cégeps et du hockey collégial québécois, aussi bien structuré soit-il, ne pèse rien face aux millions de la NCAA.

Aucun cégep n’a les moyens d’offrir ne serait-ce que 1 % de ce que Penn State vient d’accorder à un adolescent.

Résultat? Le hockey collégial québécois devient un palier mort, une étape vide de sens dans l’échiquier du développement.

Il y a 10 ans, un joueur comme McKenna aurait été idolâtré pour avoir enfilé l’uniforme d’un club de la LCH.

Aujourd’hui, ce même geste serait presque vu comme un manque d’ambition. Le système a viré de bord. Et personne ne semble avoir le plan pour réparer les fuites.

Gavin McKenna vient d’envoyer un message très clair : le hockey junior canadien, c’est terminé pour l’élite. Et il sera loin d’être le dernier.

Le hockey vient de migrer de pays.

Misère...