716 millions de dollars: le mensonge de Geneviève Guibault dévoilé au grand public

716 millions de dollars: le mensonge de Geneviève Guibault dévoilé au grand public

Par David Garel le 2025-08-22

C’est l’histoire d’un fiasco monumental, d’un système informatique devenu symbole de mensonge d’État, d’une ministre au bord du gouffre… et d’un congédiement inévitable. Celui de Geneviève Guiibault.

En apparence, Geneviève Guibault n’était qu’un rouage de plus dans la machine gouvernementale. Une directrice de projet. Une gestionnaire parmi tant d’autres.

Mais dans les faits, son éviction a provoqué une onde de choc. Parce qu’elle marquait la fin d’un chapitre toxique, celui de l’ère des faux rapports, des caches de courriels, des aveux embarrassés et des réunions sous serment où personne ne se souvient de rien.

Le couperet approche. Et cette fois, il est impossible pour François Legault de le retenir. Geneviève Guilbault va tomber. C’est inévitable.

La ministre des Transports, qui se défile depuis des mois dans le dossier explosif de SAAQclic, est désormais rattrapée par les faits.

Et ils sont accablants. Les courriels, les témoignages à la commission Gallant, les aveux des sous-ministres, les déclarations de Karl Malenfant et les révélations du Vérificateur général, tout converge vers une conclusion : elle savait. Elle ne peut plus fuir.

Elle avait été au cœur du projet SAAQclic depuis le début. C’est sous sa gouverne que les dérapages budgétaires ont été dissimulés, que les avenants faramineux ont été autorisés en douce, que les documents ont été envoyés… puis niés.

C’est elle qui, selon plusieurs sources internes, maintenait un climat de peur et d’opacité autour du projet. C’est elle qui contrôlait le canal de communication avec le cabinet de la ministre. Et c’est elle qui savait.

Son congédiement doit se faire ici, maintenant.  Il s’agit d’un sacrifice politique essentiel. Un message envoyé à François Legault, aux médias et à l’opinion publique : la purge commence ici.

Mais dans les faits, ce congédiement va arriver deux ans trop tard.

Le grand mensonge de Geneviève Guilbault, répété sur toutes les tribunes depuis février 2025, est désormais déchiffré. Elle affirmait qu’elle ne savait rien, qu’elle avait été trompée, qu’elle avait découvert les dépassements de coûts en lisant le rapport de la Vérificatrice générale.

Mais ce récit s’est effondré comme un château de cartes lorsque la Commission Gallant a dévoilé une montagne de preuves accablantes.

En juin 2023, soit deux ans avant le fameux rapport du VGQ, un document contenant toute la stratégie contractuelle, incluant le budget révisé à 716,4 millions $ et les contrats morcelés pour confondre tout le monde, a été envoyé directement au cabinet de Geneviève Guilbault. Le courriel comportait une pièce jointe. Il était limpide. Il expliquait tout.

Non seulement cela, mais la ministre elle-même avait été conviée à une rencontre avec le PDG de la SAAQ, Éric Ducharme. Cette réunion, tenue en juin 2023, incluait à l’ordre du jour la stratégie contractuelle et les ajouts au budget, soit 230 millions de dollars en "bonus".

Et pourtant, sous serment, Guilbault a juré n’avoir aucun souvenir clair de cette rencontre. Sa mémoire, pourtant si précise lorsqu’il s’agissait de se vanter de son travail de crise, s’évaporait soudainement quand venaient les chiffres, les contrats, l’argent public.

En 2022, les coûts totaux du projet avaient déjà grimpé à 682 millions $. Mais ce chiffre n’a jamais été rendu public. Pourquoi? Parce que les contrats étaient savamment morcelés pour rester sous le seuil de 10 %, ce qui permettait de contourner la publication obligatoire dans le systèmeé.

Un exemple précis : un contrat de 45,7 M$ représentait 9,96 % d’augmentation du contrat initial de 458 M$. Juste sous la barre. Parfaitement légal… mais parfaitement trompeur.

Et qui a approuvé tout ça? Le cabinet de Geneviève Guilbault. Son ex-directrice de cabinet, Geneviève Cantin, a même admis sous serment avoir autorisé un avenant de 69 M$, en lien avec une discussion directe entre la ministre et le PDG Ducharme.

Pire encore, des courriels montrent que Dominique Savoie, la secrétaire générale du gouvernement, était informée, et que le Conseil du trésor avait autorisé les extra.

Tout ce beau monde était au courant.

Devant le tollé, Geneviève Guilbault s’est posée en victime héroïque. Dans un courriel explosif envoyé à François Legault le 21 décembre 2024, elle écrivait :

« J’ai protégé tout le monde et ramassé seule le merdier. »

Elle réclamait la tête du PDG Ducharme. Elle accusait les hauts fonctionnaires d’être inattaquables. Elle se plaignait de devoir répondre au Salon bleu pendant que son chef de cabinet lui chuchotait de faire attention à Ducharme.

Mais tout ça, c’était du théâtre.

Car dans ce même message, elle confirmait avoir vu venir le désastre. Elle voulait maintenant nommer un PDG capable de mieux jouer la game politique. Autrement dit, elle ne voulait pas de vérité. Elle voulait un meilleur bouclier médiatique.

Guilbault n’était pas la victime. Elle était l’architecte de la fuite en avant. 

Lors de son interrogatoire par le procureur Vincent Ranger, Guilbault a botté en touche à répétition. Elle affirmait que son cabinet n’avait pas compris qu’il s’agissait de dépassements. Elle disait que les montants étaient noyés dans les courriels. Elle parlait de mémoire floue.

Mais les faits sont implacables :

Elle a reçu un budget révisé de 716,4 M$ en 2023.

Elle a participé à une réunion où la stratégie de nouveaux contrats était discutée.

Sa directrice de cabinet a autorisé des extras de 69 M$.

Son cabinet a validé une étude des crédits truquée, où on prétendait que le budget était encore à 458 M$.

Le cabinet de son collègue Éric Caire a transmis de fausses informations au bureau du PM.

Tout cela pendant que le peuple faisait la file à -20 °C devant des succursales de la SAAQ désorganisées, pendant que le système boguait pour les renouvellements de permis, et pendant que 1,1 milliard de dollars s’envolait dans la confusion technocratique.

1,1 milliard de dollars... payés par nos taxes...

Le commissaire Denis Gallant ne s’y est pas trompé. Il a parlé de « chaîne de dysfonctions ». Il a exprimé son incompréhension totale face au transfert de responsabilités entre Bonnardel, Guilbault et Caire.

Et surtout, il a dit :

« Je cherche à recommander pour ne plus jamais que ça se passe. »

Mais pour cela, il faudra des conséquences réelles. Le congédiement de Geneviève Guibault n’est qu’un début. Dire qu'au Québec, on pensait que c'est Martin St-Louis qui allait démissionner.

À l’automne, Jean-Charles Lajoie s’était lancé dans une envolée dramatique, annonçant à qui voulait bien l’entendre que le coach du CH allait démissionner « en premier ».

Le Canadien n’allait nulle part, les défaites s’accumulaient, le feu brûlait dans l’organisation. Mais la vérité, c’est que St-Louis a survécu à la tempête. Mieux : il a rallumé la flamme dans le vestiaire.

Martin St-Louis est toujours là. Vivant. Debout. Respecté. Et s’il y a bien quelqu’un dont le congédiement aurait dû être annoncé en primeur à la radio, c’est celui Geneviève Guilbault.

Elle, elle n’a pas résisté à la vérité. 

La différence, c’est que Martin St-Louis n’a jamais menti. Il a pris les coups. Il a protégé ses joueurs. Il a dirigé avec transparence. G

Guilbault, elle, s’est cachée et a éteint toute crédibilité d’un gouvernement déjà sur la défensive. Elle doit démissionner.

Et pas en disant qu’elle a « ramassé le merdier ».

Mais en admettant qu’elle l’a déclenché.