C’est un coup de massue pour Kent Hughes. Une claque que même les plus loyaux partisans du directeur général du Canadien de Montréal n’arrivent pas à rationaliser.
Le nom de JJ Peterka circulait depuis des mois dans les cercles internes du Tricolore. L’Allemand était identifié comme une cible parfaite : jeune, rapide, talentueux, capable de marquer 25 à 30 buts par année. Un ailier gauche idéal pour accompagner Ivan Demidov et Kirby Dach si le CH n'arrive pas à trouver un 2e centre cet été.
On connaît la suite. Le CH a encore regardé le train passer.
Pendant que Montréal dormait, l’Utah s’est levée. Et a volé la banque.
La transaction est maintenant officielle : Josh Doan et Michael Kesselring prennent la route de Buffalo, en retour de JJ Peterka.
C’est tout. Doan, un espoir encore flou qui a navigué entre la LNH et la Ligue américaine toute la saison. Kesselring, un défenseur de troisième paire, peut-etre un défenseur de soutien de 2e paire, tout au plus, solide mais sans éclat. Et en retour, les Sabres cèdent un attaquant de premier plan, un marqueur établi de 27 à 28 buts, en pleine ascension.
Dans les coulisses, c’est la consternation. Comment Kent Hughes a-t-il pu manquer une si belle opportunité? Pourquoi n’a-t-il pas offert mieux que l’Utah? Le CH avait pourtant les atouts : Logan Mailloux, Owen Beck, ses choix de premier tour.
Mais Buffalo voyait en Doan un attaquant établi de la LNH et Kesselring un 4e défenseur droitier, une denrée rare dans la LNH.
Kent Hughes se retrouve encore perdant sur le marché des transactions.
Peterka, c’est l’incarnation de ce qui manque cruellement au Canadien. Un ailier qui produit année après année, et dont la progression est linéaire... comme un métronome.
À sa première saison complète (2022-2023), il récolte 12 buts et 32 points. L’année suivante, il bondit à 28 buts et 50 points. Puis en 2024-2025, il explose : 27 buts, 41 passes, 68 points en 77 matchs. Un total qui l’aurait classé dans les meilleurs marqueurs du Canadien cette saison.
Et au lieu de jouer au Centre Bell, il signe un contrat de cinq ans avec le Mammoth de l’Utah. 7,7 millions de dollars par saison.
Un total de 38,5 millions. C’est un vol de plus dans l’histoire du CH, un rappel brutal des occasions ratées de l’ère Hughes.
Surtout, on parle d'un coup de circuit... pour Ivan Demidov...
L’attaquant russe, considéré comme l’un des plus grands espoirs offensifs du Canadien, voit son avenir contractuel redéfini du jour au lendemain.
Avec un comparatif aussi percutant que Peterka, Kent Hughes devra jouer serré. Peterka, c’est trois saisons solides, deux avec plus de 25 buts, et une pointe de 68 points. S’il vaut 7,7 millions sur cinq ans, que vaut un Demidov après une saison de 50 points s'il obtient ce genre de statistiques la saison prochaine?
Mais tout le monde pense que Demidov va exploser et aura une saison bien supérieure à 50 points la saison prochaine.
Et que vaut-il si, comme prévu, le plafond salarial explose?
Kent Hughes voudrait faire signer Demidov en bas de 8 millions dès qu’il serait éligible à une prolongation (à l'été 2026). Mais avec le contrat de Peterka comme point d’ancrage, cette ambition s'est déjà effondré. Car même si Peterka devient UFA en 2030, le Mammoth a sécurisé ses années de productivité à bas prix.
Pour Kent Hughes, cette transaction avortée fait mal. Très mal. Non seulement parce que Peterka aurait été un atout parfait pour un CH en quête d’un ailier stable, cela lui aurait permis de le signer moins cher que Nick Suzuki et garder sa hiérarchie salariale à l'attaque.
Mais cela affaiblit sa position dans d’autres négociations.
En premier lieu, dans celle de Lane Hutson.
Car comment peut-il plaider la rigueur salariale, le contrôle budgétaire, quand une équipe comme l’Utah arrache Peterka pour des miettes et lui accorde un contrat de 7,7 M$ par année.
Comment peut-il convaincre Hutson, son agent Sean Coffey, Ivan Demidov et son agent Dan Milstein, qu’ils doivent accepter 8 ans à 8,5 millions alors que Peterka, avec des statistiques moindres, touche près de 8 M$?
Et justement, parlons de Lane Hutson. Récent gagnant du trophée Calder, 66 points en 82 matchs, unprodige offensif rare.
L’agent Sean Coffey voit les chiffres de Peterka et sourit. Car si un ailier comme Peterka obtient 7,7 M$, que vaut un défenseur de 21 ans qui défie les records?
TVA Sports affirme qu’un contrat de 12,5 M$ par saison est sur la table. 137 M$ sur 8 ans. Du jamais vu à Montréal.
Mais la réalité est que Coffey veut suivre le modèle Auston Matthews. Contrat court, valeur maximale. Et si on veut une entente de 8 ans, il faudra payer le prix du marché. Voir plus.
La transaction de Peterka est une double claque pour Kent Hughes. Non seulement il rate un joueur parfait pour son top 6, mais il envoie aussi un signal très dangereux : celui d’un DG qui hésite, qui attend trop, qui calcule trop longtemps.
Utah n’a pas hésité. Ils ont payé un prix minime pour un joueur prêt à produire aujourd’hui. Et pendant ce temps, Hughes jongle avec des projections de Demidov en 2026, des espoirs encore flous qui finalement ne valent pas grand-chose (Mailloux), et des négociations déjà empoisonnées.
Avec Peterka, l’Utah vient de montrer ce qu’est un "move" de DG agressif, intelligent et orienté vers la victoire. Avec Demidov, Hughes devra éviter la panique. Il ne peut pas perdre deux fois : d’abord l’échange, ensuite le contrat.
Mais la vérité, c’est que le momentum n'est pas du côté du Centre Bell.
Et dans les bureaux du CH, l’erreur Peterka laissera des traces.