Brendan Gallagher ne connaît pas une saison facile ; le vétéran n’a qu’un seul but en 24 matchs et, au fil des rencontres, l’évidence s’impose comme la fin d'une histoire: il n’avance plus, il ne crée plus, il disparaît silencieusement sous le poids d’un corps qui refuse de suivre.
On ne parle pas ici d’un simple passage à vide, mais d’un effondrement progressif et sans pitié, visible à l’œil nu, qui transforme chaque retour au jeu, chaque sprint, chaque patin en une épreuve presque trop lourde pour un homme qui, jusqu’à tout récemment, incarnait encore la courage et la combattivité, l’identité même du chandail bleu-blanc-rouge.
On l’a toujours vu en première ligne, plonger devant un tir, se jeter dans l’enclave, se relever malgré la douleur, serrer les dents quand les côtes craquent, jouer malgré l’usure... un soldat fidèle jusqu’au bout.
Mais cette saison, les muscles tremblent, les appuis manquent, le souffle se perd, et même quand le CH l’expose en avantage numérique, c’est un gâchis tragique .
Ce qui s’est passé au Colorado, samedi soir, a servi de preuve comme quoi Gally n'est plus capable de suivre le rythme de la LNH.
Dans un match où l’Avalanche jouait sur un tempo d'une équipe championne de la Coupe Stanley, Gallagher ne suivait pas seulement difficilement : il n’y participait plus.
On avait l’impression qu’il regardait le jeu comme un spectateur, incapable d’accélérer, incapable de se repositionner, incapable de contribuer autrement qu’en survivant aux séquences.
Chaque fois que Colorado prenait de la vitesse en zone neutre, Gallagher semblait figé dans une autre époque, celle où ses jambes répondaient encore à ce que son cerveau commandait.
Aujourd’hui, il est deux secondes trop tard partout, et dans la LNH moderne, deux secondes, c’est une éternité.
Il y a eu un moment, au milieu de la deuxième période, où même les commentateurs de l’Avalanche semblaient gênés pour lui .
Quand un joueur finit à moins‑2 en seulement 11 minutes de jeu, et qu'on le voir rentrer au banc plié en deux tellement il ne peut plus respirer convenablement... ça fait pitié...
La question à 6,5 millions de dollars:: a‑t‑il encore la dignité de décider lui-même quand sa carrière doit se terminer?
Le Canadien, par respect pour le guerrier qu’il a été, ne veut pas le racheter. L’organisation est trop noble pour lui imposer une sortie forcée.
Les coéquipiers l’aiment trop pour le pousser dehors. Mais la réalité, elle, ne lui laissera pas d’échappatoire éternellement.
Continuer à forcer le club à assumer un contrat trop lourd, continuer à s’accrocher à un rôle qu’il ne peut plus remplir, continuer à être exposé au ridicule sportif et au malaise public, cela aussi, c’est une forme de trahison envers ce qu’il a été.
La dignité, parfois, c’est de choisir sa sortie avant que la sortie nous choisisse. Gallagher pourrait, par fierté, par amour du logo qu’il a servi jusqu’à l’épuisement, prendre lui-même la décision que toute la LNH voit venir : se retirer au terme de cette saison, permettre au CH de respirer, se tourner vers un rôle au développement, ou tout simplement vivre en paix avec un corps qui a déjà trop donné.
Parce que rester ainsi, à s’accrocher coûte que coûte, c’est prolonger une souffrance que personne ne mérite, ni lui, ni l’organisation, ni les partisans. Une grande carrière ne s’éteint jamais vraiment… mais elle doit savoir quand se conclure.
Les médias commencent à le dire tout haut. Non pas par cruauté, non pas par rancune, mais parce que la vérité ne ment pas : il n’y a plus de jus dans le tank, plus de lumière, plus rien...
Gallagher n’est plus en mesure de suivre le rythme infernal de la LNH moderne, que les back-to-back le mangent physiquement, que son impact est devenu négatif, qu’il traîne non seulement son corps meurtri, mais un contrat trop lourd pour ce qu’il offre désormais.
C’est dans ce décor sombre que certains commentateurs, comme Éric Bélanger et Tony Marinaro, osent poser la question que personne au CH ne veut entendre : faut-il imposer à Gallagher un rôle allégé ?
Limiter ses présences, le protéger des excès, lui refuser le droit de jouer deux soirs de suite sur la route. Ce n’est plus seulement un choix sportif : c’est une intervention humanitaire. Parce qu’il ne s’agit plus d’un simple joueur, il s’agit d’un homme usé, d’un corps brisé, d’un symbole ancré dans le passé.
À 6,5 millions $ par saison, il représente une des lourdes pierres d’un édifice que le Canadien tente de reconstruire. Et le club, dans un de ces silences qui en disent long, semble hésiter : ni rachat l'été prochain, ni retraite, ni soutien. Juste un silence qui pèse plus que tout.
Mais le respect pour l’histoire, pour l’effort, pour les loyalistes ne justifie plus l’aveuglement. Si le CH veut encore espérer bâtir, il devra accepter une réalité cruelle : Gallagher est fini... à la corde...
Alors quoi ? Le voir s’user jusqu’à la corde, s’effondrer sur la glace, finir sur la liste des blessés à long terme, disparaître lentement dans l’oubli des codes vestiaires et des effectifs?
Ou le laisser partir dignement, l’honorer une dernière fois, lui offrir un rôle de mentor, de coach, d’image, mais l’épargner du combat physique qu’il ne peut plus livrer?
Le dilemme est amer, mais la décision devrait être simple. Parce que le respect n’est pas un cache‑misère, c’est un point final. Et aujourd’hui, le bon respect pour Gallagher, c’est de lui rendre sa dignité, avant que la glace ne la lui arrache à jamais.
