À ne pas inviter au même party: Matvei Michkov s'en prend à Ivan Demidov

À ne pas inviter au même party: Matvei Michkov s'en prend à Ivan Demidov

Par Marc-André Dubois le 2025-07-17

L’histoire du trophée Calder en 2025-2026 ne sera pas celle d’une simple saison.

Ce ne sera pas qu’un enjeu de statistiques, de puissance offensive ou de positionnement sur l’avantage numérique.

Ce sera une guerre. Une guerre psychologique, émotionnelle, géopolitique presque. Une guerre froide de hockey entre deux jeunes Russes au talent aussi grand que leurs egos sont bouillants : Ivan Demidov, nouvelle coqueluche montréalaise, et Matvei Michkov, l’enfant terrible de Philadelphie.

Il ne fait aucun doute que ces deux prodiges seront au cœur de la saison à venir. Et pourtant, à entendre Michkov en entrevue avec les médias russes, on croirait qu’il tente de minimiser l’importance de son rival :

Pour lui, Demidov n’est pas le favori pour le Calder. Il fait partie des candidats, comme d’autres. 

Un commentaire glacial. Calculé. Mesquin, même. Une manière de dire : Ne vous emballez pas trop pour le nouveau venu. 

Parce qu’au fond, Michkov a encore une plaie ouverte. Il avait le Calder dans la mire l’an dernier. C’était SON année.

Mais voilà que Lane Hutson, un défenseur prodigieux avec une vision exceptionnelle, lui a soufflé le trophée sous le nez. Une trahison? Peut-être. Une humiliation? Clairement.

Et le fait que ce soit un joueur du CH qui l’ait privé de ce rêve a laissé des traces. Il ne pardonne pas. Et il ne veut surtout pas qu’un deuxième Montréalais lui vole la vedette.

Demidov, lui, ne répond pas par des mots. Il répond par sa présence. Par sa proximité avec les fans. Par sa capacité à rallier, à séduire, à incarner ce que Montréal attend depuis des décennies : un joueur étoile charismatique, humble, mais tranchant.

Alors que Michkov a fui en Russie après une belle saison offensive, mais une saison en dents de scie au niveau de son comportement, Ivan Demidov a tout fait pour s’ancrer dans le paysage québécois. 

Cours de français, événements caritatifs, participation au camp à Boisbriand, sourires, poignées de main, autographes, et surtout… buts.

Lors de la compétition estivale à Boisbriand, Demidov a été accueilli comme une rockstar. Il a enchaîné les feintes spectaculaires, les buts d’une main, les passes dans le dos.

Il a fait vibrer la foule, pris le micro, et surtout, il est resté sur la patinoire longtemps après la fin du spectacle pour parler aux jeunes, aux familles, aux partisans. Du jamais vu.

Pendant ce temps, Michkov est resté invisible. Pas un mot pour le public américain. Aucune apparition publique. Rien.

Son été, on l’a vu, s’est surtout résumé à un scandale de passeport confisqué à Dubaï, à bord d’une BMW M5 impliquée dans un accident. 

Extorsion, menaces, silence de l’organisation. Pendant que Demidov montait dans une Audi RS6 à Montréal, Michkov se battait contre la justice de Dubaï. L’un bâtissait. L’autre se défendait.

Et quand vient le temps de parler des favoris pour le trophée Calder? Michkov regarde ailleurs. Il évoque Alexander Nikishin, le défenseur des Hurricanes. Il parle de Ryan Leonard à Washington. Mais pas un mot de trop sur Demidov. Ce n’est pas un oubli. C’est un refus.

Et pourtant, Ivan Demidov est bel et bien le favori des preneurs aux livres, des analystes et des partisans. Il évoluera probablement sur le premier trio du Canadien avec Cole Caufield et Nick Suzuki s'il arrive à tasser Juraj Slafkovsky.

Sinon, il jouera avec Kirby Dach et Zach Bolduc, mais la place sur la première unité d'avantage numérique lui est réservée.

Surtout, il a déjà démontré une maturité et une discipline de vétéran.

Voici un survol de ceux que Michkov considère comme des « candidats sérieux », dans cette lutte au Calder où il espère secrètement ne pas voir un autre Montréalais gagner :

Ivan Demidov (Montréal) : Habitué à la pression, déjà adapté au système nord-américain, ultra-proche des fans. Il a l’étoffe d’une superstar.

Ryan Leonard (Washington) : Tireur d’élite, joueur complet, il pourrait s’épanouir aux côtés d’Ovechkin. Mais il devra apprendre vite.

Alexander Nikishin (Caroline) : Défenseur russe de 23 ans, expérimenté dans la KHL, il possède le profil d’un homme de confiance, mais pas d’un phénomène offensif.

Jimmy Snuggerud (St. Louis) : Gros gabarit, bon tir, mais la production ne sera pas aussi spectaculaire que celle d’un Demidov ou Michkov.

Isaac Howard (Edmonton) : Jouer avec McDavid ou Draisaitl? Jackpot potentiel. Encore faut-il qu’il fasse l’équipe.

Yaroslav Askarov (San Jose) : Gardiens et Calder, ça fait rarement bon ménage, sauf explosion statistique.

Zayne Parekh (Calgary) : Défenseur offensif spectaculaire, mais la transition junior-LNH est toujours périlleuse.

Zeev Buium (Minnesota) et Matthew Schaefer (Islanders) : Talent indéniable, mais devront convaincre très rapidement pour jouer un rôle central.

Bref, personne n’a le profil complet d’un Demidov. Sauf peut-être… Michkov lui-même.

Mais c’est là toute la tragédie de cette histoire. Michkov s’auto-sabote. Il refuse le contact. Il fuit la proximité. Il est dans une logique de vengeance.

ll veut battre Demidov, mais il ne comprend pas que le combat se joue aussi hors de la glace. Dans la perception. Dans l’adhésion du public. Dans la gestion de l’image.

Pendant que Demidov distribue des rondelles aux enfants à Laval, Michkov calcule combien de matchs il jouera sans médias.

Pendant que Demidov commence à répondre aux questions en français, Michkov se réfugie dans le russe dès que les micros se tendent.

Et pourtant, ils sont si semblables. Même âge. Même pays. Même pression. Même ambition. Mais des chemins diamétralement opposés.

La lutte entre les deux s’annonce passionnante. D’un côté, Michkov le bad boy, le génie incompris, le franc-tireur. De l’autre, Demidov le prince charmant du hockey, le conquérant silencieux.

Ce qui est sûr, c’est que les projecteurs seront braqués sur eux. Et que pour une rare fois, le trophée Calder aura des airs de championnat du monde... sans Michkov qui a perdu sa bagarre contre Lane Hutson.

Oubliez les points. Oubliez les mentions d’aide. Ce qui se joue ici, c’est une lutte d’héritage.

Qui sera le premier Russe à vraiment conquérir la LNH dans l’ère post-Ovechkin?

Qui fera la fierté d’une génération?

Qui deviendra l’image de la Russie du hockey en Amérique?

Ivan Demidov ou Matvei Michkov?

On pensait que le hockey était un jeu. Ces deux-là nous rappellent que c’est aussi un duel de caractères.

Et à ce jeu, celui qui se rapproche du peuple gagne toujours une longueur d’avance.