Si on était Arber Xhekaj ou Jayden Struble, on irait aussi patiner à Brossard. Même le dimanche matin. Même quand il pleut. Même quand les autres sont en vacances.
Parce que cette fois, ce n’est pas une simple compétition. Ce n’est pas une évaluation amicale de pré-saison. C’est une déclaration de guerre.
Et dans cette guerre, la ligne bleue du Canadien est devenue un champ de bataille sans pitié.
À écouter les murmures à l’interne et à observer la dynamique sur la glace à Brossard, la hiérarchie se dessine comme un mur de béton armé :
Kaiden Guhle et Noah Dobson : première paire, incontestable.
Lane Hutson et David Reinbacher : le duo du futur… qui pourrait commencer déjà à dominer le présent.
Mike Matheson et Alexandre Carrier : expérience et stabilité pour le bas de la rotation.
Faites le calcul. Ça fait six. Et c’est justement là que la tension atteint son paroxysme.
Xhekaj et Struble, deux places pour un siège éjectable en vue du futur.
Il reste un seul "spot". Un septième défenseur. Un rôle d’appoint. Une place fragile, qui peut s’évaporer à tout moment. Et les deux gladiateurs qui se battent pour cette position ne sont pas des enfants de chœur :
Arber Xhekaj et Jayden Struble.
Deux défenseurs gauchers. Deux joueurs physiques. Deux gars qui refusent de disparaître sans se battre. Et pourtant, l’un des deux devra probablement quitter Montréal, tôt ou tard.
Il n’y a plus de place.
Depuis plusieurs jours, les partisans notent les absents à l’entraînement estival.
Dont Jayden Struble... et Arber Xhekaj...
Pendant ce temps, ceux qui sont là, eux, ils ne se contentent pas de patiner. Ils envoient un message clair.
Le message le plus bruyant, cependant, est venu d'Ivan Demidov et David Reinbacher.
Lors d’une séance d’entraînement qui semblait d’abord de routine, les deux jeunes étoiles ont décidé de rester sur la glace après que les autres aient quitté. Ensemble, ils ont enchaîné les one-timers, à répétition, dans une synchronisation presque chorégraphiée.
Un tireur d’élite russe au potentiel électrisant. Un défenseur droitier à la relance efficace. Une chimie naturelle. Une chimie qui crève les yeux.
Les partisans ont tout de suite compris : c’est un aperçu de l’avenir. Et pour les futurs indésirabes, c’est un coup de tonnerre.
Demidov et Reinbacher ne viennent pas attendre leur tour. Ils viennent le prendre. Maintenant.
Pendant ce temps, Arber Xhekaj est devenu un mystère. Absent à Brossard, il n’est plus ce symbole intouchable qu’il était devenu à ses débuts.
Martin St-Louis, dans la série La Reconstruction sur Crave, a lancé un message troublant. Un discours brut, sans pitié, livré les yeux pleins d’émotion :
« Y’a des jours où je croyais que je ne rejouerais plus jamais un match dans cette ligue. Y’a des jours où je pensais que je ne marquerais plus jamais un but. Comme coach, et je suis émotif parce que je suis vrai, je n’ai pas peur d’être émotif… comme coach, cette ligue-là est dure. Y’a des jours où tu te dis que tu gagneras plus jamais un match. »
« Mais je vous le dis : le jeu, la vie, parfois c’est injuste. Faut juste que tu continues à avancer. »
Ce message n’est pas détail. Il est pour Arber Xhekaj.
C’est un avertissement.
Parce qu’en ce moment, Xhekaj ne gagne plus ses batailles. Il a perdu sa place dans l’alignement régulier avant même que la saison ne commence.
Il a été rétrogradé. Il a été blessé. Il a perdu la confiance de son entraîneur. Et il est en train de perdre sa place à Montréal.
Et pourtant, échanger Xhekaj ne se fait pas d’un claquement de doigts. Parce que son cas dépasse le hockey.
C’est ce qu’a rappelé le journaliste Brian Wilde :
« Le Canadien est bien conscient qu’il a un joueur spécial entre les mains. Et dans les faits, aller chercher un autre choix de deuxième ronde (surtout avec un noyau qui arrive à maturité), ça n’intéresse pas vraiment le Canadien. »
Si tu veux Xhekaj, prépare un choix de première ronde. Sinon, passe ton tour.
Et même là, l’équipe hésitera. Parce qu’à Montréal, Xhekaj est un mythe vivant.
Mais le cœur des partisans ne pèse pas dans la masse salariale. Et Kent Hughes n’est pas payé pour flatter les légendes. Il est payé pour bâtir une équipe championne.
Dans ce casse-tête, Lane Hutson est la pièce qui fait tout exploser.
Parce qu’il est déjà dans le top 20 des défenseurs de la LNH, selon plusieurs analystes. Parce qu’il a remporté le trophée Calder. Parce qu’il est un prodige. Parce qu’il est déjà trop bon pour la Ligue américaine.
Et surtout, parce qu’il joue à gauche. Là où Guhle, Struble, Xhekaj, Matheson et Engström évoluent aussi.
Trop de gauchers. Trop de talent. Pas assez de chaises.
La transaction inévitable?
La logique est sans pitié.
Guhle est un "stud".
Hutson est une vedette.
Matheson est le mentor et bouclier du jeune noyau.
Engström est jugé “intouchable”, même s'il doit attendre un peu à Laval.
Struble est fiable et économique. Et joue dans le moule de Martin St-Louis.
Carrier est "Monsieur Fiable" à droite.
Alors qui saute?
Tous les regards se tournent vers Xhekaj.
Et selon plusieurs sources, le CH commence à écouter les offres. Mais uniquement si une équipe est prête à payer le gros prix. Un choix de première ronde. Rien de moins.
Pendant ce temps, Jayden Struble joue ses cartes à la perfection.
Dans une entrevue accordée à TVA Sports lors du festival M.A.D. à Montréal, il a révélé un détail fascinant :
« Martin St-Louis a appelé plusieurs gars cet été pour leur dire : “Je prendrais notre groupe de sept défenseurs avant n’importe quel autre dans la ligue.” Et tu sais quoi? Je suis d’accord avec lui. »
Un compliment? Oui. Mais aussi une pression. Parce que s’il y a sept places… et que Struble en fait partie… il doit maintenant prouver qu’il les mérite.
Et c’est exactement ce qu’il fait. Il patine. Il travaille. Il parle dans les médias. Il est là, visible. Présent.
La situation du CH en défensive est donc paradoxale : la richesse est en train de virer à la crise.
On a trop de bons défenseurs. Trop de gauchers. Trop de jeunes prêts. Et pas assez de vétérans (Matheson) qu’on ne peut pas larguer.
La seule solution?
Une transaction. Et possiblement une douloureuse.
Si Xhekaj part, ce sera un choc. Mais si Struble part, ce sera une erreur. Et si Engström est sacrifié, ce sera un désaveu du plan à long terme.
La ligne bleue du Canadien n’est plus une zone de développement. C’est une arène. Une bataille sans merci où la moindre erreur se paie au prix fort.
Et dans cette guerre, seuls les plus affamés survivront.
Alors Xhekaj ou Struble?
Ceux-là doivent se battre. Maintenant. Tous les jours. Même en août. Même à Brossard.
Parce que dans quelques semaines, les dés seront jetés. Et il n’y aura plus de place pour les histoires de courage ou les souvenirs du passé.
Il n’y aura que les meilleurs. Ceux qui le méritent. Ceux qui l’auront prouvé.