La destination de Jonathan Marchessault est choisie. Et non, ce n’est pas Montréal.
Le message est maintenant limpide, et il ne vient pas d’un blog obscur ni d’un compte anonyme sur X.
Il vient de Pierre LeBrun, une des rares voix qui ne parle jamais pour ne rien dire.
Quand LeBrun explique que Marchessault accepterait de lever sa clause de non-mouvement pour aller à Toronto, parce qu’on lui offrirait un rôle clair dans un top-6, ça ferme pratiquement le livre sur Montréal.
Parce qu’à Montréal, justement, ce rôle-là n’existe pas.
Pas dans la réalité actuelle du Canadiens de Montréal, et encore moins dans celle qui s’en vient.
Le top-6 est déjà en train de se définir autrement, avec Nick Suzuki et Cole Caufield comme noyau, avec Juraj Slafkovský qui prend de plus en plus de place, avec Ivan Demidov qui domine déjà à 19 ans, et avec le retour imminent d’Alex Newhook, de Kirby Dach, de Jake Evans et de Patrik Laine.
De la congestion, il va y en avoir.
Du patchage de vétéran en fin de parcours? Moyen comme idée...
Marchessault, à 34 ans, ne sera jamais meilleur qu’il ne l’a déjà été.
Et cette saison le rappelle brutalement.
Sept buts. Trois passes. Dix points en 28 matchs.
Ce n’est pas une mauvaise séquence, c’est une alarme.
On parle d’un joueur qui ralentit, qui n’est plus un moteur, mais un complément.
À Toronto, on peut encore lui vendre l’illusion d’un dernier sprint dans un top-6 en manque d’options.
À Montréal, ce serait un faux espoir.
Parce que si Marchessault débarquait ici, ce ne serait pas pour jouer à côté de Suzuki et Caufield.
Pas avec ce qu’il reste dans le réservoir.
Ce serait pour gruger des minutes ailleurs, ralentir le développement de gars plus jeunes, et compliquer inutilement une équation déjà fragile.
Montréal n’a pas besoin d’un vétéran qui « peut encore aider ».
Montréal a besoin de solutions durables, pas d’un nom rassurant pour calmer la galerie.
Toronto, de son côté, est dans une autre dynamique.
Le top-6 des Maple Leafs de Toronto est plein de trous temporaires, de paris moyens, de joueurs qui glissent plus qu’ils n’avancent.
Quand Auston Matthews joue avec Boby McMann et Max Domi... ça faite dure!
Là-bas, Marchessault peut se convaincre qu’il reste quelque chose à prouver.
À Montréal, il deviendrait rapidement ce qu’on essaie justement d’éviter : un symbole d’immobilisme.
Le retour imminent des blessés va forcer le Canadien à se regarder dans le miroir.
Le Canadien ne peut tout simplement pas se permettre d’ajouter un autre dossier du type Jonathan Marchessault, parce qu’il en a déjà un sur les bras.
Patrik Laine fait déjà partie de cette équation-là.
Un joueur imprévisible, polarisant, difficile à projeter, mais encore capable de changer un match sur une présence.
Tant que Laine est sous contrat, Montréal n’a aucun intérêt à empiler une autre solution temporaire vieillissante par-dessus un problème déjà existant.
On parle d’un club qui sait très bien qu’une congestion s’en vient avec le retour des blessés, pas d’une équipe en quête d’un pansement de plus.
Et tant qu’à gérer ce dossier-là jusqu’au bout, aussi bien le faire intelligemment.
Laine ne veut pas quitter Montréal.
Il n’a jamais joué avec Suzuki et Caufield. Jamais.
Pas une seule vraie tentative.
À 27 ans, malgré les blessures, malgré les doutes, malgré une réhabilitation longue et exigeante, il reste un joueur capable de marquer, capable de surprendre, capable de produire… ou de disparaître complètement.
Mais au moins, cette carte-là appartient déjà au Canadien.
Elle est déjà payée. Elle est déjà là.
Avant d’aller chercher un autre symbole d’immobilisme ailleurs, aussi bien voir si cette histoire-là peut se terminer autrement que dans le bruit sourd d’un abandon silencieux.
Tout le monde est prêt à jeter son contrat aux poubelles, comme si le joueur n’existait plus.
Pourtant, ce contrat-là se termine à la fin de la saison.
Il ne bloque rien à long terme. Et surtout, Laine n’a jamais été essayé aux côtés de Suzuki et Caufield.
Jamais.
Pas une seule vraie séquence.
La conclusion s’impose d’elle-même.
Montréal n’est pas une option, parce que Montréal n’a plus à l’être.
Le Canadien n’est plus dans une phase où l’on accumule des vétérans pour faire semblant de progresser.
Le club est en train de se bâtir une identité, avec des joueurs qui montent, pas qui déclinent.
Et pendant que certains rêvent encore à des noms du passé, la réalité avance.
Sans Jonathan Marchessault.
Et c’est probablement une excellente nouvelle.
