Rodger Brulotte nous a profondément touchés en évoquant la décision de son ami de longue date, Claude Lavoie, de recourir à l'aide médicale à mourir.
Claude Lavoie, une figure légendaire du sport québécois et un passionné de baseball, a choisi de mettre fin à ses souffrances causées par un cancer généralisé.
"Dimanche dernier, je l’ai joint au téléphone. Je venais d’apprendre à son insu que sa demande à l’aide médicale à mourir avait été acceptée. Il me répétait sans cesse qu'il était serein avec sa décision de partir, le 30 mai prochain, et que son cancer généralisé le faisait trop souffrir." (crédit: TVA Sports)
Claude et Rodger partagent une amitié de plus de 60 ans. Passionné de baseball, Claude a travaillé avec les Royaux de Montréal et a cofondé le Club des amis du baseball.
Il a joué au baseball junior d’élite, a été propriétaire de l’équipe de Ville-Marie et a mené une carrière de policier pendant 21 ans avec la Sûreté du Québec.
L'engagement de Claude dans le monde du sport ne s'arrête pas là. En 2018, il a été intronisé au Temple de la renommée Baseball Québec en tant que bâtisseur. Il a côtoyé des légendes du baseball et du hockey, et a été responsable du vestiaire des visiteurs des Expos, de leurs débuts au parc Jarry en 1971 jusqu'au Stade olympique en 1993.
Lors de leur dernière conversation, un moment des plus émotifs gravé dans le temps à jamais, Claude a partagé avec Rodger ses sentiments de sérénité face à sa décision.
Ils ont évoqué de nombreux souvenirs, notamment des moments passés avec le journaliste Serge Touchette, qui est également un grand ami de Claude.
Malgré sa maladie, Claude est resté chez lui jusqu'à récemment, avant de se préparer à entrer dans un centre de soins palliatifs avec sa fille Danielle.
"Je pensais qu'il était hospitalisé, mais à ma grande surprise, j'ai appris lundi qu'il était toujours à la maison lorsque je l'ai rejoint. Il s’apprêtait à quitter la maison avec sa fille Danielle pour se diriger vers un centre de soins palliatifs.
J'étais étonné de voir mon ami quitter sa maison en laissant derrière lui les souvenirs de sa vie sans verser une seule larme. Il était en paix avec sa décision."
Claude a également confié à Rodger les circonstances douloureuses de son congédiement par les Expos, lié à un incident lors du décès de Don Drysdale. Malgré le soutien des joueurs, cette expérience a été une épreuve difficile pour Claude. Voici son témoignage qui donne des frissons dans le dos.
«Mon congédiement par les Expos est plus difficile que de demander l'aide médicale à mourir»
«C’est simple, une des raisons de mon congédiement est liée à mon comportement lors du décès de l’ancien joueur des Royaux de Montréal et des Dodgers Don Drysdale, qui a été aussi le commentateur aux matchs des Dodgers. Le grand droitier est décédé subitement à la suite d’un arrêt cardiaque à Montréal"
"La famille de Drysdale et l’organisation des Dodgers m'ont demandé de faire le lien avec un salon funéraire afin que le corps de Don soit rapatrié à Los Angeles en toute sécurité. À la suite de mes démarches, j’ai été convoqué au bureau des Expos."
"Un des dirigeants, que je ne tiens pas à nommer, a exigé que je paye la facture des appels téléphoniques que j’ai faits du vestiaire des joueurs. Je n’avais pas d’autre choix que d’aviser l’organisation des Dodgers du sort que les Expos me faisaient subir."
"Le président de la formation californienne était furieux. Quelques jours plus tard, les Dodgers m’ont remboursé l’argent que je devais payer. C'était le début de mon destin, qui allait me conduire à mon congédiement. Après avoir été congédié en février 1994, l'homme qui a mis fin à ma carrière m'a proposé un autre emploi. Il voulait que je m'occupe de l’entretien du vestiaire des Expos sans avoir aucun contact avec les joueurs. Sans hésitation, j’ai refusé son offre.»
«Aussi, quelques semaines après mon congédiement, certains joueurs ont uni leurs forces pour me donner une importante somme d'argent afin de me remercier de ce que j’avais fait pour eux.»
Claude Lavoie ne s'en est jamais remis. Imaginez. Il est à veille de s'en aller au ciel et il pleure à chaudes larmes...en se souvenant de son congédiement.
Une longue pause a suivi, car Claude pleurait à chaudes larmes, il était tellement attristé. Il n'a pas pu s'arrêter de pleurer quand il m'a dit: «Les Expos, c’était ma famille. Je ne méritais pas ce qu'ils m'ont fait. Les Expos m’ont fait vivre un calvaire plus triste et déchirant que d’avoir accepté l’aide médicale à mourir. Merci à tous mes amis et j’espère qu’un jour vous vivrez le retour des Expos.»
En plus de sa carrière sportive, Claude a vécu des moments historiques en tant que policier, notamment lors de la crise d'Octobre de 1970.
Son rôle en tant que relationniste médiatique pendant cette période et son implication dans des événements tragiques témoignent de sa résilience et de son dévouement.
Claude a laissé une empreinte pour l'éternité dans le monde du baseball en débutant comme préposé au bâton avec les Royaux de Montréal en 1955.
Il a travaillé avec de nombreuses légendes du sport et a été responsable de l’équipement pour plus de 100 membres du Temple de la renommée.
Son amitié avec des joueurs comme Gary Carter et Claude Raymond est un témoignage de l'impact profond qu'il a eu sur leurs vies.
Il est serein à l'idée de quitter cette vie. Et il aspire à réunir au ciel une équipe de joueurs légendaires. Il est le plus sérieux du monde quand il affirme qu'il veut former cette équipe une fois au paradis.
Son héritage est celui d'un homme passionné dévoué et sensible, dont les contributions au sport et à la communauté resteront gravées dans les mémoires.
Bravo à Rodger Brulotte de nous avoir fair découvrir cet homme. Nous avons pleuré à chaudes larmes. N'oubliez pas de dire à vos proches que vous les aimez.
La vie est si courte...et si fragile...