On va se le dire tout de suite : quand tu entends qu’un espoir du Canadien de Montréal sort du programme de l’Université du Michigan, t’as deux réactions possibles.
La première, c’est un sourire en coin en pensant à tous ces gars qui, là-bas, ont appris à patiner comme des démons, à jouer des matchs de haut niveau à 19 ans contre des adultes, et qui ont ensuite bondi directement dans la LNH comme si c’était un simple changement de ligne.
La deuxième, c’est une retenue prudente ... parce que, oui, pour chaque Dylan Larkin, t’as aussi une liste d’anciens Wolverines qui ont fini dans les limbes de la LAH à se demander où tout avait dérapé.
Mais là, Michael Hage, c’est pas du tout le profil du gars qui va disparaître après deux camps d’entraînement.
Physiquement, statistiquement et dans sa façon d’aborder le jeu, on est en train de voir se dessiner quelque chose qui ressemble foutrement à ce que Larkin est devenu pour les Red Wings de Détroit.
Et là, on ne parle pas juste du maillot bleu et jaune de Michigan qui leur va bien à tous les deux.
On parle de chiffres, de gabarit, de style de jeu.
Larkin, à 6 pieds 1 et environ 198-199 livres depuis qu’il est entré dans la Ligue, c’est la définition du centre moderne : assez robuste pour encaisser un contact et en donner, assez rapide pour brûler un défenseur sur l’aile, assez intelligent pour être toujours dans le bon espace au bon moment.
Michael Hage, aujourd’hui, affiche 200 livres sur la balance ... ce qui, soit dit en passant, est 13 livres de plus qu’au dernier camp de perfectionnement du CH.
Et on ne parle pas ici de « poids gonflé » un soir de tournoi de bière, mais de muscle pur, accumulé dans le gym du Michigan au printemps dernier après l’élimination de son équipe de la NCAA.
Larkin, lui, a fait sa saison universitaire en 2014-2015 avec un rythme de 47 points en 35 matchs.
Pas besoin de traduction : c’était un carnage offensif dans une ligue où produire à plus d’un point par match, c’est signe que tu peux passer à la vitesse supérieure.
Hage, en 2024-2025, vient de sortir un 34 points en 33 matchs ... difficile de comparer les époques ... mais tout cela, en débarquant comme recrue, en apprenant à gérer des adversaires qui ont parfois trois ou quatre ans de plus que lui.
Tu ajoutes à ça le fait qu’il a déjà été nommé recrue de l’année de la Big Ten, et ça commence à sentir le haut de gamme.
Et puis, y’a cette ressemblance dans l’attitude sur la glace.
Larkin, depuis qu’il est capitaine des Wings, c’est pas juste un compteur de points, c’est un centre qui joue sur 200 pieds, qui recule en zone défensive sans que son entraîneur ait à lui crier dessus, qui regagne la rondelle avec une hargne qui te fait comprendre que la séquence n’est pas finie tant qu’il n’a pas récupéré le disque.
Martin Lapointe, du côté du CH, a déjà mis la barre à cet endroit pour Hage : 95 % du temps, tu joues sans la rondelle, et si tu veux devenir le deuxième centre du Canadien, tu vas devoir être un chien de garde autant qu’un artiste.
À la vitrine estivale du Championnat mondial junior, Hage a commencé à montrer qu’il avait compris le message.
Pas parfait, mais beaucoup plus actif dans le forecheck, plus solide en batailles, et moins du genre à s’éclipser quand ça devient physique.
Et là, on va régler tout de suite l’histoire du poids, parce que dans la Ligue, tu as deux types de 200 livres.
Le premier, c’est le gars qui traîne un surplus qui ralentit sa relance et l’empêche de tourner sur un 10 cents.
Le deuxième, c’est le gars qui porte ce poids dans ses jambes, dans son tronc, et qui en fait une arme pour rester sur ses patins, pour pousser au filet et pour survivre à des mises en échec qui décapent la peinture des bandes.
Larkin est de la deuxième catégorie. Hage, pour l’instant, aussi. Et c’est pour ça qu’on se permet la comparaison.
Parce que Larkin, depuis qu’il est en LNH, c’est 734 matchs, 576 points, avec trois saisons de plus de 30 buts, dont une en 2024-2025 bien propre dans un club à Détroit qui se bat chaque année pour sortir du purgatoire.
Pas juste un joueur productif, un joueur qui donne un visage à une franchise.
Imaginez ce que ce genre de profil ferait au centre de la deuxième ligne du Canadien dans trois ans, derrière un Nick Suzuki déjà bien installé.
Et c’est là où les amateurs du CH devraient être excités ... et prudents.
Excités, parce qu’Hage a les outils pour devenir ce type de joueur complet qui, chaque soir, oblige l’adversaire à revoir son plan de match.
Prudents, parce qu’entre les promesses NCAA et la réalité LNH, il y a un canyon.
Larkin a sauté direct dans la Ligue après un an.
Hage, lui, va probablement faire au moins une autre saison au Michigan.
La clé sera de ne pas stagner, de continuer à faire gonfler son influence sur la glace, et surtout de ne pas se contenter de ce qu’il est aujourd’hui.
Parce que dans cette Ligue, tu recules si tu n’avances pas.
Mais en attendant, avouez que c’est rare d’avoir un parallèle aussi propre.
Même taille, même poids, même école, même rôle potentiel.
Ce n’est pas un copier-coller, mais c’est une belle feuille de route.
Et si Michael Hage suit cette route avec la même intensité que Larkin, alors, oui, on pourra dire que l’alerte au Michigan était justifiée.
Et si tout ça vous semble exagéré, souvenez-vous que Dylan Larkin, avant de devenir le cœur battant des Red Wings, était juste un gamin de Michigan avec un coup de patin propre et un dossier NCAA flatteur… exactement comme Michael Hage aujourd’hui.
La différence, c’est que Larkin n’avait pas tout Montréal qui le guettait comme un vautour prêt à sauter sur le moindre faux pas ou à s’extasier sur le moindre coup d’éclat.
Hage, lui, va devoir porter ce poids invisible sur ses épaules ... 200 livres officiels sur la balance, mais probablement bien plus quand tu comptes la pression d’un marché qui dévore ses jeunes avant même qu’ils aient eu le temps de se raser tous les jours.
Alors, profitez bien de Michael Hage pendant qu’il forge encore ses armes au Michigan, parce que le jour où il débarquera à Montréal, la comparaison avec Dylan Larkin ne sera plus un simple fantasme de partisans en manque d’espoir… elle deviendra un point de référence qu’on servira à chaque pause publicitaire.
Et si Hage décide vraiment de suivre le même chemin que le capitaine des Red Wings, ce ne sera pas juste une bonne nouvelle pour le Canadien : ce sera peut-être le début d’une ère où, pour une fois, le centre numéro deux ne sera plus un problème à régler, mais une arme pour faire trembler le reste de la LNH.
AMEN