C’est un coup de circuit, un vrai.
Kent Hughes vient choquer le marché des transactions en ramenant Phillip Danault à Montréal contre un seul choix de deuxième ronde, sans sacrifier Jake Evans, ni Owen Beck, sans hypothéquer l’avenir, et surtout sans plier devant les exigences initiales irréalistes des Kings de Los Angeles.
Pendant des jours, on nous a répété que Danault ne partirait pas à rabais. Qu’il faudrait un centre établi. Que Jake Evansétait la cible. Que Owen Beck était « dans la vitrine ». Que Montréal allait devoir payer le prix fort pour rapatrier un joueur de 33 ans en chute offensive.
Tout ça s’est effondré. La réalité a fini par rattraper le discours. Et cette réalité, c’est que Phillip Danault ne valait plus ce que les Kings prétendaient, ni ce que certains insiders tentaient de vendre.
Son contrat. Son âge. Sa production. Sa relation tendue avec son entraîneur. Son désir clair de partir. À force de tirer sur l’élastique, Los Angeles s’est retrouvé devant un choix simple : accepter une compensation modeste maintenant, ou traîner un joueur malheureux jusqu’après le gel, dans un vestiaire déjà fragile.
Kent Hughes a attendu. Il a résisté. Il a refusé de paniquer. Et au moment exact où la pression a changé de camp, il a frappé.
Pour le Canadien de Montréal, c’est un gain immédiat.. Danault ne revient pas pour être un sauveur offensif. Personne ne lui demande ça. Il revient pour stabiliser la ligne de centre, pour absorber des minutes difficiles, pour alléger Nick Suzuki, pour solidifier le désavantage numérique, pour ramener une forme de structure défensive que cette équipe cherche depuis des semaines.
Un seul joueur. Trois besoins comblés. Le seul problème est son salaire de 5,5 M$ jusqu'en 2027 car il n'y a aucun salaire retenu par les Kings.
Mais symboliquement, le retour est puissant. Danault, c’est le dernier grand centre « shutdown » de l’ère précédente. Celui qui a mangé les meilleurs joueurs adverses pendant le parcours de 2021 jusqu’en finale de la Coupe Stanley, celui qui faisait le sale boulot sans se plaindre, celui que Marc Bergevin a laissé partir pour une question d’argent et d’ego.
Le revoir débarquer à Montréal, sous une nouvelle administration, dans un contexte complètement différent, c’est une boucle qui se referme.
Et pendant ce temps-là, Owen Beck vit un cauchemar. Parce que oui, ça a dû être lourd. Être rappelé. Être observé. Être murmuré dans les coulisses. Être associé à toutes les rumeurs. Savoir que ton nom circule, que ton avenir pourrait basculer d’une minute à l’autre.
Sûrement que Beck se disait qu'au moins, il aurait une vraie chanche à Los Angeles. Beck aurait peut-être préféré partir. Peut-être même que, dans un monde parallèle, Los Angeles aurait été une opportunité réelle pour lui.
Mais la transaction finale dit autre chose : Phil Danault débarque... et Owen Beck prendra le chemin de Laval...
C’est là que la lecture devient encore plus intéressante. Si Danault ne vaut qu’un choix de deuxième ronde aujourd’hui, c’est parce que le marché a parlé.
Parce que les équipes intéressées Montréal en tête,n’étaient pas prêtes à surpayer. Parce que la LNH d’aujourd’hui est cruelle avec les joueurs de soutien vieillissants, surtout quand ils sont sous contrat. Et parce que Kent Hughes a compris une chose essentielle : le timing est tout.
Il n’a pas gagné cette transaction en négociant plus fort. Il l’a gagnée en attendant plus longtemps.
Aujourd’hui, le Canadien est meilleur. Plus équilibré. Plus crédible. Et il l’est sans avoir sacrifié un seul morceau important de son avenir.
Danault revient à la maison. Evans reste. Kapanen reste. Beck reste. Et un simple choix de deuxième ronde, aussi utile soit-il, n’empêchera jamais une organisation de dormir la nuit.
C’est exactement ce qu’on appelle un coup de circuit silencieux. Pas spectaculaire sur le moment. Pas clinquant. Mais terriblement efficace.
Et quand on regardera cette saison dans quelques mois, quand les matchs deviendront plus serrés, plus lourds, plus adultes, on se rappellera que tout a commencé ici : le jour où Kent Hughes a ramené Phillip Danault à Montréal… à prix d’aubaine.
