Alexandre Carrier expose les failles du système de Martin St-Louis

Alexandre Carrier expose les failles du système de Martin St-Louis

Par André Soueidan le 2025-12-06

Impossible de sortir du Centre Bell sans repenser à cette fameuse deuxième période où le Canadien s’effondre trop souvent.

Le problème traîne depuis deux saisons, mais personne n’osait réellement le définir.

Puis Alexandre Carrier a ouvert la porte : la zone grise n’est pas juste une image, c’est une conséquence directe du système et du contexte physique de la deuxième période.

Le défenseur a résumé d’une clarté implacable ce que tout le monde voit sans l’exprimer :

« On veut s’assurer que tu n’as aucun questionnement quand tu es sur la glace, que tu sais exactement ce que tu veux faire. »

Sur papier, ça sonne parfait.

Sur la glace, en deuxième période, ce concept vole en éclats.

Pas parce que les joueurs ne comprennent pas le plan.

Pas parce qu’ils manquent d’engagement.

Non. Parce que la deuxième période impose un désavantage structurel : le banc est trop loin de ta zone, et dans un système homme-à-homme, ce détail devient un gouffre.

Carrier le dit avec une honnêteté rafraîchissante : dès que la distance augmente, l’hésitation augmente aussi.

Tu restes coincé plus longtemps, tu te fatigues plus vite, tu changes mal, tu changes tard.

Le fameux « noir ou blanc » que Martin Saint-Louis réclame se transforme alors en un gris collant.

Un gris qui durait autrefois quinze secondes… et qui, cette saison, peut s’étirer jusque dans le rouge.

Martin St-Louis tente évidemment de défendre son système.

Le coach veut que ses joueurs soient « alertes » et qu’ils ne laissent « aucun questionnement ».

Mais la réalité défensive ne fonctionne pas comme un tableau blanc.

La fatigue ne suit pas la théorie.

Le rythme ne respecte pas la géométrie.

Dès que le Canadien reste enlisé dans son territoire, l’homme-à-homme devient un piège cardio.

Carrier l’explique très clairement :

« Quand ils ont du temps et de l’espace, c’est un contre un…Tu dois toujours aider ton ami, mais tu dois aussi toujours chercher ton gars. »

C’est là que tout casse : aider sans perdre ton homme, mais perdre ton homme parce que tu aides. Le fameux cercle vicieux.

Ce que personne n’osait dire, Carrier l’a exprimé.

Non pas en critiquant son entraîneur, mais en décrivant le système tel qu’il est : exigeant au point où la deuxième période devient objectivement un désavantage.

Et c’est là que la réflexion devient intéressante.

Le système homme-à-homme n’est pas mauvais en soi, mais il est impitoyable.

Il exige un niveau de forme physique extrême, des transitions parfaites et une confiance totale.

Dès qu’un élément craque ... énergie, repères, distance du banc ... c’est tout l’édifice qui s’incline.

St-Louis, de son côté, ne dévie pas du cadre.

« Quand c’est noir et blanc, c’est clair », dit-il.

Sauf que cette clarté théorique ne tient jamais vraiment lorsqu’une équipe passe 40 secondes dans sa zone, incapable de changer, incapable de respirer.

Le coach peut répéter que les joueurs doivent réduire la zone grise.

Carrier vient d’expliquer pourquoi cette zone grise revient malgré toutes les bonnes intentions : la deuxième période écrase le système, pas les joueurs.

Et voilà la vraie question.

Le système protège-t-il réellement les joueurs… ou les expose-t-il dans les moments les plus exigeants d’un match?

On répète que l’hésitation tue le hockey moderne.

Carrier vient d’en donner la démonstration physique : l’hésitation n’est pas un défaut décisionnel, c’est une conséquence du modèle.

L’homme-à-homme est courageux, mais il est exténuant. Et le Canadien, malgré tous les discours sur la clarté, joue constamment à contre-courant de sa propre physiologie.

Si quelqu’un devait enfin nommer ce paradoxe, Alexandre Carrier l’a fait.

Et quand un joueur fraîchement arrivé dans l’organigramme du CH décrit mieux la mécanique de l’effondrement que tout ce qu’on a entendu depuis deux ans, ça veut dire une chose : la vérité n’avait jamais été exprimée aussi nettement.

Montreal peut continuer de parler de noir et de blanc. Carrier vient d’expliquer pourquoi, cette saison, la deuxième période reste d’un gris beaucoup trop profond.

Misère...