Retour des Nordiques à Québec: André Tourigny s'échappe

Retour des Nordiques à Québec: André Tourigny s'échappe

Par David Garel le 2025-11-08

André Tourigny provoque encore et toujouts : après Xhekaj et St-Louis, il rallume le feu Montréal-Québec.

Aïe aïe aïe… le coach du Mammoth a encore réussi à faire parler de lui à Montréal ! L’entraîneur-chef du Mammoth de l’Utah, en visite au Centre Bell samedi, a offert une conférence de presse qui a fait grincer bien des dents chez les partisans du Canadien.

Déjà soupçonné d’avoir lancé quelques flèches bien placées à Martin St-Louis en vantant publiquement Arber Xhekaj, Tourigny en a remis une couche cette fois-ci, et pas à moitié !

Invité à commenter le fait de retrouver le Centre Bell pour affronter le Canadien un samedi soir, Tourigny a dégainé une réplique qui a immédiatement fait le tour des réseaux sociaux :

« Vous me parlez de ça tous les ans, moi j’étais un Nordique, il faudrait jouer à Québec. »

Une simple blague ? Peut-être. Mais venant d’un entraîneur québécois, lancé en plein cœur du temple montréalais du hockey, la phrase avait tout d'une provocation baveuse.

Ce clin d’œil à ses racines « nordiques » ravive instantanément une vieille plaie au Québec : celle du rêve brisé de voir renaître les Nordiques de Québec, ces éternels rivaux du CH.

Tourigny sait parfaitement ce qu’il fait. Après avoir, la veille, encensé Arber Xhekaj:

« Quand ils rentrent Xhekaj dans la formation à Montréal, la ville vire de bout en bout », avait-il déclaré , voilà qu’il ravive maintenant la rivalité Montréal-Québec.

« Je trouve qu’il y a de la robustesse en séries et je pense que ça fait partie du hockey. Ça fait partie de ce que les gens aiment. »

Deux coups bien calculés. D’abord, un message de soutien indirect au joueur robuste que St-Louis garde au banc. Ensuite, un rappel bien senti que son cœur n’a jamais cessé de battre du côté de la vieille capitale.

Et le contexte n’aide pas. On se souvient que les Coyotes de l’Arizona, l’ancienne équipe de Tourigny, étaient à deux doigts de devenir les Nordiques avant que la LNH n’opte pour un déménagement en Utah.

Une décision qui, encore aujourd’hui, irrite plusieurs acteurs du hockey québécois, Luc Poirier en tête, lui qui avait publiquement révélé ses démarches pour racheter les Coyotes et les ramener à Québec.

Pourtant, derrière les flèches, il reste fidèle à lui-même : jovial, fier, et profondément attaché à ses racines. Il a tenu à le redire, un peu plus tard dans le point de presse :

« Mon gars, ma fille et ma femme vont être ici. Mes chums de Rouyn sont descendus, c’est sûr que c’est spécial de jouer chez vous. »

Puis, plus posé :

« Je suis sorti du Québec, mais le Québec n’est pas sorti de moi. Je suis très fier d’être Canadien, très fier d’être Québécois. Je suis fier de représenter Salt Lake City et l’Utah, mais je n’oublierai jamais d’où je viens. »

Difficile de ne pas y voir une double lecture. D’un côté, le coach reconnaissant qui parle avec émotion de ses origines. De l’autre, le coach désormais établi aux États-Unis, qui glisse subtilement que sa loyauté sportive appartient aux anciens ennemis de Montréal.

Ce n’est pas la première fois que Tourigny joue avec les nerfs montréalais. Déjà, cette semaine, il s’était attiré l’attention des médias québécois en évoquant son admiration pour la robustesse de Xhekaj, visant la philosophie plus analytique et prudente de Martin St-Louis.

« C’est difficile de demander à des joueurs comme Xhekaj … d’être disciplinés, de ne pas prendre de punitions, mais d’amener de l’émotion, de déranger l’adversaire, de finir les mises en échec. Mais ne pas prendre de punitions à un moment donné, ça ne fait pas trop de sens ! »  

Beaucoup y avaient vu un message codé : à Montréal, vous étouffez vos guerriers ; ailleurs, on les célèbre.

Et voilà qu’il récidive, cette fois sur un terrain encore plus glissant : celui de la rivalité historique entre Montréal et Québec.

Affirmer, en plein Centre Bell, qu’« il faudrait jouer à Québec », c’est rallumer une mèche qui n’avait besoin que d’une étincelle pour faire toiut péter.

La phrase de Tourigny prend d’autant plus de poids qu’elle s’inscrit dans une période où le débat sur le retour des Nordiques refait surface.

Les succès financiers du Mammoth de l'Utah, les difficultés de TVA Sports parce que les Nordiques ne sont jamais revenus, les ambitions de Luc Poirier, tout cela remet la discussion sur la table.

Et quand un coach québécois, aujourd’hui figure respectée dans la LNH, rappelle son attachement à Québec, c’est plus qu’un souvenir : c’est une revendication.

« Avoir la chance de jouer un samedi soir au Centre Bell avec l’atmosphère, ça va être le fun. Mais moi, ma vie va être dans le bout de la rivière Nicolet, c’est sûr. »

Une phrase qui résume parfaitement le personnage : humble, fier, mais jamais tout à fait neutre. En disant qu’il « vivra dans le bout de Nicolet », Tourigny renforce son image d’homme de région, celui qui ne s’est jamais laissé avaler par la grosse machine montréalaise.

Si la LNH avait accepté le projet de Luc Poirier, André Tourigny serait aujourd’hui… l’entraîneur des Nordiques de Québec. 

L’homme dirige maintenant l’équipe qui aurait pu porter l’uniforme bleu poudre. Et chaque fois qu’il revient au Centre Bell, il semble en mesurer le "joke".

Entre les lignes, son discours sonne comme une revanche. Il a l’air de dire : 

« Regardez, j’ai le club que vous auriez pu avoir. Et si Xhekaj veut venir, moi je lui ouvre la porte. »

André Tourigny demeure un des personnages les plus aimés de la LNH, mais aussi l’un des plus habiles pour manier les mots.

Avec humour et un accent de sincérité, il réussit à dire des vérités qui dérangent. En moins de deux jours, il aura réussi à critiquer subtilement la gestion de Martin St-Louis, à relancer la rivalité Montréal-Québec et à rappeler à tout le monde qu’il aurait voulu voir son "sport-nation" exister ailleurs qu’au Centre Bell.

Sous ses airs bon enfant, Tourigny vient de raviver une vieille flamme. Et à Montréal, on le sait : dès qu’on reparle des Nordiques, la température monte.

Et quand on parle d'Arber Xhekaj... ça explose...