Andrei Markov revient à la maison : une ovation monstre secoue le Centre Bell

Andrei Markov revient à la maison : une ovation monstre secoue le Centre Bell

Par André Soueidan le 2025-12-03

Le Centre Bell a déjà vibré fort. Il a déjà rugi. Il a déjà explosé… mais rarement comme ça.

Ce soir, Montréal a arrêté de respirer pendant trente secondes.

Le temps que Andrei Markov, timide comme une chuchotement depuis vingt-cinq ans, se place au centre de la glace avec sa femme Sonia, ses deux enfants, Vasilisa et Alexander, et qu’il prenne une grande respiration pour dire le plus simple, le plus beau, le plus Montréalais des mots :

« Bonsoir Montréal… je vous aime. »

À partir de là, c’est devenu incontrôlable.

Une vague. Un tremblement. Une ovation qui est montée des gradins comme si la ville entière essayait de rattraper neuf ans d’émotions refoulées depuis le départ brouillon du Général.

Markov, rouge d’émotion, a littéralement figé en voyant les 21 173 personnes debout, en hurlant son nom comme si elles avaient attendu ce moment toute leur vie.

Et peut-être que oui, au fond. Peut-être que Montréal avait besoin de refermer ce chapitre avec quelque chose qui ressemblait enfin à la vérité : Markov n’est pas juste un ancien joueur.

C’est une part de l’ADN de cette ville.

Une sincérité brute qui a renversé le Centre Bell

Quand Markov raconte qu’il est nerveux, on le croit. Quand il remercie Geoff Molson « pour avoir ramené sa famille à la maison », on le croit encore plus.

Mais quand il dit que Montréal l’a accueilli il y a 25 ans sans qu’il sache quoi attendre… on comprend soudain pourquoi l’aréna tremble.

Ce gars-là n’a jamais été un grand orateur.

Il ne s’est jamais épanché, ni devant les journalistes, ni devant les caméras.

Il a préféré parler avec sa posture, ses lectures de jeu, sa précision chirurgicale du haut de la ligne bleue.

Et pourtant, ce soir, il s’est ouvert… comme jamais.

Il a remercié ses coéquipiers. Ses entraîneurs. Son entourage. Les fans.

Il a même lancé un clin d’œil à PK Subban — « Je sais que tu es là à quelque part, je t'aime buddy »  qui a fait éclater le vieux fantôme du duo dans le cœur de tout le monde.

Il a rappelé que Montréal « est la meilleure ville au monde pour jouer au hockey ».

Et il a assuré, presque comme une promesse douce, qu’il croit « profondément » en l’avenir des jeunes du Canadien.

Ce n’était pas un discours.

C’était une lettre d’amour écrite en public.

Avant même la cérémonie, Markov avait rencontré les médias dans un petit point de presse sans prétention.

Et déjà là, on avait senti quelque chose : une maturité, une distance, une paix.

Il parlait de son fils qui commence à jouer au hockey, et qu’il a amené dans le vestiaire « pour lui montrer comment ça sent, comment ça respire ».

Il parlait des blessures qui ont failli briser sa carrière, surtout les deux opérations au genou, la deuxième plus difficile encore que la première :

« Je ne savais pas si j’allais revenir… mais les bonnes personnes autour de moi y croyaient. »

Il parlait du fait qu’il n’a plus de regrets quant au plateau des 1000 matchs, même si on voyait très bien dans ses yeux que, longtemps, ça l’a hanté.

Il parlait enfin du Canadien actuel, avec un calme et une conviction que même Martin St-Louis pourrait envier :

« C’est un bon groupe de jeunes. Ils vont être très bons dans le futur. »

La vérité?

Cette entrevue était déjà touchante.

Mais ce n’était rien comparé à ce qui allait suivre.

Le départ de Markov en 2017 a laissé un goût amer.

Un divorce froid, sans câlins, sans dernière poignée de main.

Marc Bergevin, inflexible d’un côté.

Markov, inflexible de l’autre.

Un choc de deux têtes dures.

Ce soir, Montréal a enfin guéri quelque chose.

Le Canadien, avec ce geste, a corrigé un oubli historique.

Markov a eu sa réconciliation.

Et les fans ont eu leur moment.

La ville s’est permis de se souvenir, de ressentir, d’honorer ce que ce joueur représentait réellement :

pas un gars de citation

pas un capitaine officiel

pas un marchand d’émotions.

Un pilier silencieux.

Un général tranquille.

Un défenseur qui rendait tous ses partenaires meilleurs — et le Canadien plus crédible.

La glace s’est ouverte sous l’émotion

Lorsque Markov a conclu avec un simple :

« Merci beaucoup… je vous aime Montréal. »

Le Centre Bell a explosé.

Des frissons jusque dans les poutrelles du toit.

Un tonnerre d’applaudissements qui a ressemblé à une confession collective.

Parce qu’au fond, Montréal aussi l’aimait.

Elle avait juste oublié de lui dire.

AMEN