Une drôle de sensation plane depuis la sélection au premier rang du repêchage de 2022 de Juraj Slafkovsky.
Le public le critique encore pour sa constance.
Les commentateurs le ramènent toujours à son étiquette de premier choix « pas encore dominant ».
Les réseaux sociaux le dissèquent au moindre match tranquille. Bref, l’opinion populaire s’est cristallisée depuis longtemps : Slaf ne serait pas capable d’enchaîner les performances avec maturité et régularité.
Puis arrive Anthony Martineau.
L’homme qu’on accuse depuis des lunes de défendre le Canadien comme un relationniste déguisé.
Celui qui, habituellement, trouve une manière de peindre en rose ce qui, en réalité, tire sur le gris pâle.
Sauf que cette fois, quelque chose force la rupture du cycle.
Slafkovský l’oblige à dire la vérité.
Et quand Martineau lâche le cirage, que reste-t-il? Des chiffres. Des comparables. Des constats que même les plus cyniques ont du mal à contester.
Le segment est passé presque inaperçu à TVA Sports.
Pourtant, les données qu’il présente ont l’effet d’un électrochoc pour quiconque suit la carrière de Slafkovský de près.
L’attaquant de 21 ans est en voie d’atteindre la barre des 28 buts et 151 mises en échec. Un combo rarissime dans la LNH moderne.
Martineau l’illustre avec une clarté brutale : seulement trois joueurs ont réussi cette prouesse au cours de la dernière saison.
Tom Wilson. Brady Tkachuk. Filip Forsberg. Trois vétérans dans la force de l’âge. Trente et un ans. Vingt-six ans. Trente et un ans.
Slafkovský? Vingt et un.
Chaque fois qu’un partisan pointe sa constance, l’arithmétique répond calmement : il est déjà dans le club des puissants.
Pas des prometteurs. Pas des peut-être. Pas des « si tout va bien ».
Et c’est cette réalité-là qui oblige Martineau à sortir de son rôle habituel et à dire ce qu’il n’a jamais formulé avec cette force : Slafkovsky est en train de devenir un facteur déterminant, tout en basculant dans un profil statistique qui appartient normalement à des attaquants établis depuis huit, dix ou douze ans dans la ligue.
Ce qui rend tout ça encore plus fascinant, c’est le contexte.
Montréal traverse une séquence instable. Le système de Martin St-Louis est remis en question.
Les vétérans n’arrivent pas à stabiliser le jeu global. La constance collective s’évapore, match après match.
Pendant ce temps, le joueur qu’on traite précisément d’inconstant… trouve la sienne.
Martineau refuse même de résumer la progression de Slafkovsky à un simple « il joue mieux ».
Ce serait réduire un phénomène beaucoup plus complexe.
Dans son segment, il explique entre autres que peu importe le trio sur lequel il a été placé, les résultats suivent.
Les chiffres collent. La production se maintient. Le profil physique s’impose.
Et c’est là que l’opinion populaire se heurte enfin à quelque chose de concret : oui, Slafkovský a été irrégulier à ses débuts.
Oui, les attentes ont été démesurées. Mais pour la première fois, les données démontrent une tendance lourde, constante, durable.
En d’autres termes, le narratif s’effondre.
Ce renversement est encore plus savoureux quand on se rappelle ce qui s’est passé la dernière fois qu’Hockey30 a mis Martineau dans un titre.
L’homme s’est fâché sur les réseaux sociaux, convaincu qu’on l’écorchait alors même que l’article… le défendait.
Cette fois-ci, ironie totale, c’est lui-même qui fournit la matière la plus explosive pour démontrer que Slafkovsky force désormais le respect, les analystes, et même les sceptiques à réécrire leur copie.
Quand un joueur pousse un journaliste à dire ce qu’il n’ose jamais dire, c’est qu’il se passe quelque chose de rare.
Slafkovsky est en train d’échapper au narratif qu’on lui a collé depuis deux ans.
Et Anthony Martineau vient d’être le premier à l’admettre.
Montréal cherche désespérément des certitudes dans un environnement où tout semble glisser entre les doigts.
Sans grande déclaration, sans campagne médiatique, Slafkovsky vient peut-être d’en offrir une.
Et quand même un journaliste reconnu pour son optimisme naturel envers l’organisation commence à appuyer son analyse avec des chiffres impossibles à contester, ça change la conversation.
Martineau ne “défend” plus Slafkovsky : il démontre, calmement, que le narratif populaire ne tient plus la route.
AMEN
