Appel téléphonique avec Martin St-Louis: David Reinbacher voit rouge

Appel téléphonique avec Martin St-Louis: David Reinbacher voit rouge

Par David Garel le 2025-08-25

Le Canadien de Montréal est peut-être en train de devenir une puissance défensive, comme l’a affirmé Martin St-Louis, mais derrière cette affirmation triomphale se cache un oubli brutal. Un silence assourdissant. Un nom que l’entraîneur n’a pas prononcé. Un téléphone qui n’a pas sonné.

David Reinbacher n’a pas été appelé.

Pas un texto. Pas un FaceTime. Rien.

Alors que Martin St-Louis a personnellement contacté ses sept défenseurs pour leur dire qu’il les préférait à n’importe quel groupe dans la Ligue nationale, le 5e choix au total du repêchage 2023 a été ignoré.

Délibérément. Et ce n’est pas un oubli innoncent. C’est une gifle symbolique. Un message codé. Un réveil brutal.

C’est Jayden Struble, sans le vouloir, qui a vendu la mèche. En entrevue avec TVA Sports, il a confirmé que Martin St-Louis avait appelé ses... 7 défenseurs... :

« Il lançait aux gars : “Je prendrais notre groupe de sept défenseurs avant n’importe quel autre dans la ligue.” »

Ces sept défenseurs? Ils sont identifiés. Kaiden Guhle, Noah Dobson, Lane Hutson, Mike Matheson, Alexandre Carrier, Arber Xhekaj et Jayden Struble.

Le message est clair. Le noyau est formé. Les appels sont faits. Le rideau est tombé.

Mais pas d’appel pour David Reinbacher. Pas même une conversation. Pas une promesse. Rien.

Rappelons-le : Reinbacher est un choix de 1re ronde, 5e au total. Le genre d’investissement qu’une organisation protège, traite aux petits oignons, valorise. Pas un projet obscur de 7e ronde qu’on développe dans l’ombre.

Kent Hughes lui-même avait dit, il n’y a pas si longtemps :

« Nous savons que David est un défenseur de la LNH. »

Cette phrase sonnait comme un certificat de naissance NHL. Une validation sans appel. Reinbacher était “dans le plan”.

Et pourtant, Martin St-Louis n’a pas jugé bon de l’inclure dans son cercle fermé de sept défenseurs d’élite. Il n’a pas daigné lui faire sentir qu’il faisait partie de l’élite qu’il célèbre. Il n’a pas eu la décence de lui accorder un coup de fil.

Certains diront :

« Ce n’est pas grave. Reinbacher ne doit pas passer par le ballottage. On peut l’envoyer à Laval sans risque. »

Pas de balotage, pas d’urgence… pas de respect?

Justement. C’est peut-être ça le problème. Parce qu’il est facile à tasser, on le tasse. Parce qu’il ne fera pas de vague, on l’ignore. Parce qu’il est jeune et poli, on le relègue au second plan.

Mais ce qu’on oublie, c’est que ces gestes comptent. À 19 ou 20 ans, ce que tu ne dis pas à un joueur peut le marquer plus profondément que ce que tu lui dis.

St-Louis a lancé une déclaration de guerre à la LNH en affirmant que sa brigade défensive est la meilleure du circuit. Il a nommé ses soldats. Il a exclu Reinbacher. Le message est sans pitié : tu n’es pas encore des nôtres.

Est-ce une stratégie pour piquer l’orgueil du jeune Autrichien? Une méthode à la Tortorella pour le réveiller, le motiver, le pousser à se battre?

Peut-être.

Mais dans un vestiaire où des les gars ont la ligne directe avec le coach… ça commence à sentir le déséquilibre.

La hiérarchie est trouble. Et David Reinbacher, qui devait être un pilier, se retrouve dans l’ombre.

La chaise qu’on lui a promise… disparaît...

Ce qui rend l’histoire encore plus cruelle, c’est que le spot de Reinbacher était identifié, verrouillé, presque réservé.

Noah Dobson prend la première paire à droite avec Kaiden Guhle.

Alexandre Carrier assure la troisième avec Mike Matheson.

Et sur la deuxième? C’était censé être Reinbacher et Lane Hutson pour les dix prochaines années.

Un rôle parfait : complément de Lane Hutson, gros gabarit, jeu simple, première passe rapide. Tout concordait.

Mais voilà que Martin St-Louis choisit d’en parler… sans lui. Il nomme ses sept. Reinbacher n’y est pas. Sa chaise, promise, est maintenant flottante.

On commence à comprendre le fonctionnement de St-Louis.

Il aime les soldats. Les chiens de guerre. Les joueurs qui le regardent dans les yeux et sautent dans la mêlée.

Jayden Struble? Il a du chien. Il a mordu à la fin de la saison. Il a même défendu Lane Hutson dans les coins. Il a livré sa carte de visite. Et il a été récompensé : appelé, nommé, célébré.

Arber Xhekaj? Toujours une présence physique. Inconstant, mais intimidant. Il fait parler. Il divise. Mais il est dans le groupe.

David Reinbacher, lui? Il est discret. Intelligent. Travailleur. Mais pas spectaculaire. Pas rugueux. Pas “St-Louis style”?

Ne pas appeler David Reinbacher, ce n’est pas juste oublier un joueur. C’est poser un acte. C’est exclure un symbole.

C’est dire à un jeune défenseur qu’il devra reprendre à zéro. Qu’il devra regagner ce qu’on lui avait déjà promis.

Et plus encore : c’est l’éloigner du vestiaire. L’empêcher d’entrer dans la culture gagnante que St-Louis tente d’imposer.

Parce que si tu n’es pas dans le groupe de 7, tu n’es pas sur la photo. Tu n’es pas dans la bataille. Tu es en périphérie.

Reinbacher débutera-t-il la saison à Laval? Probablement.

Mais dans quel état d’esprit?

Il aurait pu arriver au camp avec confiance, renforcé par un appel de son coach, par un message clair. Il aurait pu jouer avec la tête haute, se sentir soutenu, important.

Il arrive maintenant avec le poids du doute. Le goût amer du rejet. La pression de devoir prouver ce qui, hier encore, semblait acquis.

C’est un test. Et un test cruel.

David Reinbacher est-il fait du bois des grands? Est-il du genre à transformer un affront en moteur?

On l’espère. Car ce genre d’épisode peut briser une confiance. Surtout à cet âge.

Mais s’il réussit à transformer ce silence en carburant, à faire taire les doutes, à forcer Martin St-Louis à l’appeler en urgence… alors oui, il sera prêt pour Montréal. Pour de bon.

Ce qui aurait pu être un été normal de préparation pour un jeune défenseur s’est transformé en un signal d’alarme.

Le Canadien affiche ses ambitions. Martin St-Louis clame que sa brigade défensive est la meilleure de la ligue. Il appelle ses soldats. Il crée un noyau. Une famille.

Mais David Reinbacher n’est pas invité.

Et ça, c’est peut-être la plus grande bombe du camp d’entraînement à venir.