Après TVA Sports, LCN s'écroule: une odeur de fin du monde

Après TVA Sports, LCN s'écroule: une odeur de fin du monde

Par David Garel le 2024-08-01

La télévision traditionnelle francophone est confrontée à une crise profonde qui touche toutes les chaînes spécialisées, sans exception. TVA Sports et Pierre-Karl Péladeau sont loin d'être seuls au fond du trou.

La chute des abonnements au câble, couplée à la migration des annonceurs vers des plateformes numériques plus dynamiques et mieux ciblées, a plongé l'industrie dans une spirale descendante.

Ce déclin n'est plus seulement l'affaire de TVA Sports, qui accumule les déficits depuis des années (242 millions depuis 2012), mais s'étend désormais à des acteurs historiques comme ICI RDI et LCN.

La situation financière des chaînes d'information est particulièrement préoccupante. ICI RDI, la chaîne d’information en continu de Radio-Canada, a enregistré des pertes de 12 millions de dollars avant impôts pour l'exercice 2022-2023, soit une augmentation de 31 % par rapport à l'année précédente.

Cette situation, rapportée par le CRTC en juin, reflète une baisse constante des revenus publicitaires et des abonnements.

Malgré les explications de Radio-Canada, qui mentionne des coûts institutionnels partagés et la complexité des frais opérationnels, le constat est clair : les chaînes d'information peinent à rester à flot dans un marché en pleine mutation.

RDI, autrefois incontournable pour les téléspectateurs québécois, voit ses revenus passer de 54,5 millions à 41,2 millions en seulement sept ans.

Ce déclin s'explique par plusieurs facteurs, dont la fin de l'inclusion automatique de RDI dans les forfaits des câblodistributeurs depuis 2016, mais surtout par une érosion structurelle du modèle économique de la télévision traditionnelle.

Le public, de plus en plus jeune, se détourne du câble au profit des services de streaming, et les revenus publicitaires suivent la tendance.

LCN, la chaîne de nouvelles de Québecor, longtemps considérée comme une exception dans ce panorama sombre, n'échappe plus à la réalité. Pauvre Péladeau. Décidément, l'homme d'affaire n'a pas de pause mentale.

Après des années de croissance, la chaîne a vu ses revenus diminuer pour la première fois depuis 2017. Bien qu'elle reste profitable avec un bénéfice avant impôts de 5,7 millions de dollars, cette baisse de 30 % par rapport à l'année précédente marque un tournant.

La situation est aggravée par les pertes persistantes de TVA Sports, qui s'élèvent à 18 millions de dollars avant impôts pour 2022-2023.

Ces résultats décevants poussent Québecor à plaider pour un soutien accru du gouvernement, comparable à celui offert à la presse écrite.

Bell Média, propriétaire de plusieurs chaînes spécialisées autrefois prospères, traverse également une période difficile.

Des chaînes comme Canal Vie et Canal D, jadis florissantes, ont vu leurs revenus s'effondrer de moitié, voire davantage, entre 2016 et 2023.

La fermeture de Vrak, chaîne jadis prisée par les adolescents, illustre la gravité de la situation. Quant à RDS, la chaîne sportive du groupe, elle doit composer avec des coûts exorbitants pour les droits de diffusion des grandes ligues (Canadiens, NFL, NBA), ce qui a conduit à des pertes avant impôts de 22,4 millions de dollars.

Face à cette situation critique, l'industrie de la télévision traditionnelle semble à la croisée des chemins. Le modèle économique qui a soutenu ces chaînes pendant des décennies est en train de s'effondrer.

Les services de streaming et les plateformes numériques, avec leurs contenus personnalisés et leur accessibilité accrue, captivent de plus en plus d'audiences, laissant les chaînes câblées se battre pour leur survie.

Les appels à l'aide se multiplient. Québecor et d'autres acteurs du secteur réclament une extension des crédits d'impôt pour soutenir non seulement la presse écrite, mais aussi les salles de nouvelles télévisuelles.

Ils soulignent l'importance d'une couverture médiatique diversifiée et indépendante pour la santé démocratique de la société.

Mais à un moment donné, il faut regarder la réalité en face. Péladeau et Bell ne peuvent plus continuer à jouer aux mendiants.

L'avenir de la télévision traditionnelle francophone est incertain. Les chaînes doivent s'adapter rapidement à un paysage médiatique en constante évolution, marqué par la domination croissante des géants du numérique.

La question reste de savoir si elles pourront trouver un modèle économique viable à long terme ou si elles seront condamnées à une marginalisation progressive...jusqu'à leur ocmplète dispairtion.

L'odeur de la fin du monde plane sur cette industrie, autrefois florissante. Les défis sont nombreux, et les solutions encore floues.

Ce qui est certain, c'est que le visage de la télévision francophone sera méconnaissable dans les années à venir, marqué par une transformation profonde et, peut-être, irréversible.

Pas pour rien que Geoff Molson veut lancer Habs TV en 2026. Il fait trop bien que RDS et TVA Sports vont disparaître. Autant diffuser les matchs du CH lui-même...et "CASH IN" directement...