Arber Xhekaj à New York ou Philadelphie: commotion à Montréal

Arber Xhekaj à New York ou Philadelphie: commotion à Montréal

Par Marc-André Dubois le 2025-04-23

C’est fini. Arber Xhekaj ne fait plus partie des plans du Canadien de Montréal. Il n’est pas blessé. Il n’est pas suspendu. Il n’est pas au repos.

Il est dans les gradins. Rayé de l’alignement par choix, soir après soir, en pleine série éliminatoire contre une équipe bâtie pour frapper et imposer la terreur : les Capitals de Washington. C’est une gifle. C’est un désaveu. C’est la fin.

Et Martin St-Louis n’a pas cherché à le cacher.

« Je ne pense pas que la présence de Xhekaj changerait quoi que ce soit au style de jeu de Tom Wilson », a-t-il lancé, froidement, comme s’il parlait d’un joueur des mineures.

Cette phrase-là a fait le tour du vestiaire, du Centre Bell, de la province. Elle résume à elle seule le fossé entre le coach et le Shérif.

Alors que tout le monde s’attendait à voir Xhekaj en uniforme pour le match numéro deux – après que le CH se soit fait brasser solide dans le premier duel – rien n’a changé.

À l’entraînement du matin, Xhekaj patinait avec les réservistes. Frustré, enragé même, il a fracassé son bâton sur la bande.

Il avait le regard noir, les mâchoires serrées. Il ne comprenait pas. Personne ne comprenait. Sauf Martin St-Louis.

Et pendant ce temps-là, les Capitals rient.

Arber Xhekaj, c’est un joueur qui a gagné son chemin jusqu’à la LNH à coups de poings, à coups de mise en échec, à coups de fierté.

Un défenseur intimidant, respecté, qui a fait lever le Centre Bell à chacune de ses batailles. Un gars de 24 ans qui a défié Matt Rempe, qui ne recule devant personne.

Un gars qui a pris sous son aile Lane Hutson. Un gars qui a pris soin d’Ivan Demidov dès son arrivée. Et pourtant, c’est lui qu’on sacrifie.

Pourquoi? Parce qu’il est trop intense? Parce qu’il ne cadre pas dans le moule parfait de Martin St-Louis? Parce que son franc-parler dérange?

Non, c’est plus profond que ça. Xhekaj n’est pas seulement rayé de l’alignement. Il est devenu un symbole. Le symbole du joueur que St-Louis ne veut pas.

Celui qui lui échappe. Celui qu’il n’arrive pas à façonner à son image. Et dans l’univers de St-Louis, il n’y a pas de place pour les joueurs incontrôlables.

Mardi, c’est Alex Newhook qui a lancé la bombe, en pleine mêlée de presse. Interrogé sur la dureté du match numéro un, il a répondu :

« Il a cette présence, les adversaires savent qu’ils devront répondre de leurs actes… »

Puis il a bifurqué, comme pour se rattraper. Mais le mal était fait. Son regard, son ton, en disaient long. Il n’est pas le seul. Plusieurs joueurs dans ce vestiaire savent que l’absence de Xhekaj les rend vulnérables.

Cole Caufield lui-même semblait effrayé lors du premier match. Il évitait les coins de patinoire. Lane Hutson s’est fait bousculer, frapper, insulter. Il a tenu bon.

Mais il aurait été bien content d’avoir son ami Arber pour lui couvrir le dos. Demidov? Même chose. Le kid russe sait qu’il est ciblé. Et ce soir, le match numéro deux promet d’être encore plus physique.

Pendant que Montréal abandonne son soldat, d’autres équipes observent. Les Flyers de Philadelphie, entre autres. Daniel Brière est un admirateur de longue date d’Arber Xhekaj.

Et à Philadelphie, on prépare déjà un virage costaud. John Tortorella a été congédié. Ian Laperrière, ex-dur à cuire, est favori pour le remplacer.

Une équipe jeune, en reconstruction, mais qui cherche à retrouver son identité. Et cette identité passe par un joueur comme Xhekaj.

À New York, c’est un autre dossier. Patrick Roy est à la croisée des chemins. Il pourrait perdre son poste. Mais s’il reste, il veut des gars à son image : intenses, impliqués, robustes.

Et Roy adore Xhekaj. Il ne s’en est jamais caché. Les Islanders manquent cruellement de robustesse à la ligne bleue. Un défenseur comme Xhekaj pourrait parfaitement compléter Romanov dans la catégorie "robustesse".

Les rumeurs parlent même d’un « package deal » : Xhekaj et un jeune espoir pour mettre la main sur Mathew Barzal.

Ou alors, en retour de Noah Dobson, un défenseur droitier dont le nom revient avec insistance dans les couloirs du CH. Certains insiders croient même que le Canadien pourrait sacrifier Juraj Slafkovsky pour obtenir Dobson. C’est dire la valeur de ce dernier.

Et puis il y a Philadelphie. S’il y a une organisation qui rêve depuis des mois d’avoir Arber Xhekaj dans son alignement, c’est bien celle des Flyers.

Et ce n’est pas une rumeur dans le vide : c’est Ian Laperrière lui-même, coach des Phantoms de Lehigh Valley et grand favori pour remplacer John Tortorella derrière le banc, qui est le plus grand défenseur de Xhekaj.

Laperrière a affirmé à plusieurs reprises, en privé comme en coulisses, qu’un joueur comme Xhekaj incarne parfaitement ce qu’il veut bâtir à Philadelphie : une équipe tough, engagée, qui ne se laisse pas marcher sur les pieds.

Lui, l’ancien guerrier, voit en Xhekaj un backer naturel. Un gars capable de protéger ses coéquipiers, de changer le ton d’un match, d’envoyer un message sans dire un mot.

Si Daniel Brière nomme Laperrière entraîneur-chef – et tout indique qu’il le fera selon le journaliste Maxime Truman – il n’y a aucun doute que le nom de Xhekaj va revenir dans les discussions. Et cette fois, ce ne sera pas pour rire.

Dans tous les scénarios, le nom d’Arber Xhekaj revient. Parce qu’il a de la valeur. Parce qu’il est respecté. Parce qu’il est craint.

Pas à Montréal. Mais ailleurs.

Ce qui fait mal, c’est de voir un joueur aussi apprécié être humilié publiquement. Ne pas l’avoir inséré dans le match numéro un, soit. Mais après une telle raclée physique, maintenir la même formation? C’est un manque de respect. Et c’est cruel.

Georges Laraque l’a dit sans détour : « C’est fini pour Xhekaj à Montréal. »

Et Laraque n’est pas du genre à lancer des paroles en l’air. Il a été son mentor. Il connaît les coulisses. Il sait que lorsque l’amour est rompu entre un joueur et un entraîneur, il n’y a pas de retour possible.

Et cœur de tout ça, il y a l’ego de Martin St-Louis. L’homme qui croit à la méritocratie, mais qui a des chouchous. L’homme qui prône l’unité, mais qui ostracise un joueur sans jamais expliquer pourquoi. L’homme qui dit que Xhekaj est une « carte », mais qui ne l’utilise jamais.

Les journalistes ont bien vu ce matin-là. Lorsque St-Louis a tenté de justifier son choix, il n’avait pas de conviction. Il cherchait ses mots. Il répétait :

« On a sept défenseurs. Il faut prendre une décision. »

Mais c’était vide. Sans substance. Il ne voulait pas parler de Xhekaj. Il voulait éviter la question.

Et pourtant, tout le monde la posait.

Le match numéro deux se joue ce soir. Xhekaj ne sera pas là. C’est une certitude. S’il ne joue pas ce soir, il ne jouera plus. Ni contre les Capitals. Ni au Centre Bell. Ni avec le CH. Il est déjà ailleurs, dans sa tête. Et son clan aussi.

Kent Hughes devra trancher cet été. Et il sait que garder Xhekaj pour le regarder moisir dans les gradins n’a aucun sens. Ce serait gaspiller un actif. Il vaut mieux le transiger pendant qu’il a encore de la valeur.

Le Québec, lui, a déjà choisi son camp. Il est du côté d’Arber Xhekaj. Il est du côté du Shérif. Pas parce qu’il est parfait. Pas parce qu’il est toujours bon. Mais parce qu’il représente quelque chose. Une fierté. Une force. Un protecteur.

Martin St-Louis, lui, a choisi un autre chemin. Celui de la finesse. Du système. Du contrôle.

Mais en séries éliminatoires, quand ça brasse, quand ça cogne, quand chaque présence est une guerre, ce n’est pas toujours le chemin de la logique qui mène à la victoire.

Parfois, il faut un shérif. Et à Montréal, le shérif est dans les gradins. À regarder son équipe se faire malmener.