Départ d'Arber Xhekaj: le scénario se précise

Départ d'Arber Xhekaj: le scénario se précise

Par David Garel le 2025-11-27

Il y a des victoires qui rassurent une équipe, qui stabilisent un vestiaire, qui mettent un baume sur une mauvaise séquence.

Et il y a des victoires qui, malgré un score positif, devient un cauchemar pour un certain joueur, et changent la hiérarchie interne d’une organisation.

Celle du Canadien hier à Utah appartient à la deuxième catégorie. Parce qu’au-delà du 4-3 arraché dans une soirée de montagnes russes, deux joueurs ont vu leur avenir prendre une direction dangereuse : Arber Xhekaj et Samuel Montembeault.

Il faut le dire sans détour : cette soirée a été un désastre invisible pour ces deux joueurs, alors qu’elle a, au contraire, révélé des certitudes nouvelles chez d'autres. Ce n’est pas Martin St-Louis qui l’a dit. Ce n’est pas Kent Hughes. C’est le match lui-même qui l’a crié.

Tout a commencé avec une décision qui semblait banale, tellement le Suédois est plus talentueux que le Shérif : Xhekaj laissé de côté... Adam Engström inséré dans la formation.

Sauf que ce qu’Engström a livré en 10 minutes 42 n’a pas seulement été correct. Ça a été exactement ce que le Canadien rêve qu’un jeune défenseur offre lorsqu’on lui donne sa chance : simplicité, efficacité, sang-froid, zéro panique, zéro chaos.

Engström n’a pas été sur la glace pour un seul but, ni pour ni contre, mais il a incarné ce que Xhekaj peine à offrir depuis un an : la fiabilité.

Et le plus troublant, c’est qu’il l’a fait dans un premier match dans la LNH, dans un contexte hostile, sur la route, alors que l’équipe tremblait en deuxième période.

La différence entre les deux joueurs est brutale.  Pendant qu’Engström avançait, Xhekaj reculait, immobile, invisible, dans les estrades, en voyant un joueur passer devant lui dans l’organigramme en quelques quarts de présence.

Ce match n’était pas un simple soir de rotation. C’était un test. Un examen. Et Engström l’a réussi sans hésitation. Pour Xhekaj, c’était le pire scénario possible. Parce qu’en plus de voir un jeune surpasser ses capacités défensives habituelles, il devait également composer avec la performance de son propre frère.

Florian, malgré un temps de glace limité en troisième période, a fait exactement ce qu’on attend d’un bottom-six moderne : pression, constance, robustesse contrôlée, utilisation intelligente de ses minutes.

Son trio avec Anderson et Evans est devenu le 4e trio officiel du Canadien de Montréal. Ce que Florian a fait en deux matchs dans la LNH (comnbat gagné, mises en échec, sacrifice du corps, fiabilité) est précisément ce qu’Arber n’offre plus.

Et c’est ce décalage-là qui commence à faire très mal. La perception interne n’est plus la même : Florian, le projet brut sorti de la AHL, joue comme un pro. Arber, lui, joue comme joueur avec la peur au ventreé

Mais le second perdant de la soirée porte des jambières, et son cas est encore plus cruel. Pendant que le Canadien se battait contre une deuxième période catastrophique, Jakub Dobes, sans être parfait, a offert le genre de présence tranquille devant le filet que Montembeault ne parvient plus à imposer.

Dobes n’a pas volé la soirée, mais il a fait quelque chose de beaucoup plus précieux : il a calmé son équipe. Il a donné du répit. Il a donné du contrôle quand le CH était en panique.

Imaginez si Montembeault avait été devant le filet. Combien de buts aurait-il accordé sur les 34 tirs?  

Avec Sam devant le filet, le CH se faisait manger tout rond hier. Dobes a offert ce que Samuel Montembeault ne donne plus : un sentiment de sécurité.

Souvenons-nous que samedi, le Tchèque avait déjà signé un match solide. Et hier, il a enchaîné. Deux victoires, deux prestations matures, deux soirées qui réécrivent la hiérarchie des gardiens.

Et pendant que Dobes consolidait son rôle comme numéro un, la publicité de McDonald’s mettant en vedette Montembeault et Mike de Rona tournait en boucle.

Ouch. Une honte violente entre l’image marketing et la réalité sur la glace... ou plutôt sur le banc. Le timing était cruel. Les performances récentes de Montembeault ne justifient plus son statut. Dobes, lui, gagne du terrain chaque match. Et le bureau du CH voit tout ça.

Ce match-là, malgré la victoire, a révélé une tendance profonde : Martin St-Louis a coupé son banc, sans remords, sans détour.

Fini, l’expérimentation. Fini, la patience. La troisième période a été confiée exclusivement aux locomotives : Matheson, Dobson, Suzuki et compagnie. Même Gallagher, vu sa fiabilité, a mangé les minutes et s'est promené de trio en trio.

St-Louis a envoyé un message clair : "certains joueurs gagnent leur temps de glace. D’autres le perdent". Engström a vu son temps réduit à cause du contexte, mais il n’a jamais été dans le trouble. Xhekaj, lui, n’était même pas une option.

Il faut le dire : Arber Xhekaj n’a plus de rôle clair dans cette équipe. Il ne fait plus peur à personne.  Et depuis qu'il n’est plus un intimidateur automatique. Il n’est plus un joueur indispensable.

On dirait même qu'il est devenu nuisible. Hier, il a perdu du terrain partout : sur le plan du développement, sur le plan de la confiance, sur le plan de la perception.

Et c’est là que l’hypothèse que personne n’osait mentionner commence à devenir logique : un échange combiné Xhekaj–Montembeault n’a jamais été aussi plausible.

Deux joueurs qui reculent. Deux joueurs qui perdent leur rôle. Deux joueurs avec une valeur qui risque de diminuer encore davantage s’ils restent.

Deux joueurs dont la courbe se dirige vers la sortie. Ce n’est pas une prédiction. C’est une lecture froide du match d’hier.

Dire que Xhekaj valait un choix de première ronde la saison dernière. Les Flyers et les Blackhawks de Chicago étaient prêts à sacrifier l'un de leurs choix tardifs pour le shérif des pauvres.

Dire que Montembeault valait un choix de première ronde ausis, alors que les Oilers étaient prêts à sacrifier leur sélection de 2027 la saison dernière. 

Kent Hughes a attendu... et perdu...

La victoire du Canadien à Utah ne sera pas retenue pour le but gagnant de Demidov ou les exploits de Suzuki. Elle sera retenue comme le soir où une organisation a compris que le départ de Xhekaj était inévitable via transaction.

Même s'il vaut bien moins que la saison dernière, c'est lui qui doit faire ses valises.

Imaginez, il est déjà dans les gradins, alors que Kaiden Guhle n'est même pas encore de retour.

La congestion à gauche a parlé. L'agent de Xhekaj n'acceptera jamais que son client, joueur autonome avec compensation cet été, signe un contrat avec une équipe qui le voit comme un 8e défenseur.

Il faudra faire attention è l'offre hostile, alors que les Flyers, les Blackhawks, les Blues, les Predators et les Islanders adorent son profil. 

Kent Hughes le sait. Il faudra l'échanger... avant de le perdre pour rien. 

Pour ce qui est de Montembeault, le train est passé sur le marché des transactions. Mais comme Jacob Fowler est déjà NHL-ready... le départ du Québécois est aussi inévitable, bien avant la fin de son contrat en 2027.

Passé l'été 2026, Montembeault ne sera plus un gardien du Canadien de Montréal.

Il faudra l'échanger pour des peanuts... ou le placer au ballottage en priant qu'il se fasse réclamer. Sinon, il passera sa dernière année à Laval...

Engström a avancé. Dobes a avancé. Florian a avancé. Et deux joueurs qui semblaient indélogeables il y a un an ont pris un pas vers la sortie.

Ce match-là n’a pas seulement offert deux points au Canadien.

Il a offert la triste réalité: bye bye le Shérif, bye bye Sam et sa poutine au poulet ranch...