Martin St-Louis est tanné...
À force d’entendre les mêmes questions sur Arber Xhekaj depuis un mois, l’entraîneur-chef du Canadien a littéralement craqué.
Une impatience froide et sans pitié... et un discours qui ne convainc plus personne. Le masque est tombé : St-Louis ne veut plus parler de Xhekaj, parce qu’il ne croit plus en Xhekaj.
Et La Presse n’a pas pris de détour pour le confirmer dans son analyse : l’avenir d’Arber Xhekaj à Montréal est désormais “difficile à imaginer”. Quand un média traditionnel reconnu pour sa retenue en vient à prononcer une phrase aussi lourde, c’est que le feu n’est plus hypothétique. Il brûle.
Car tout, absolument tout, va dans la même direction.
Depuis le début de la saison, Xhekaj vit la plus violente régression de sa jeune carrière. Les chiffres publiés par La Presse sont accablants.
Il jouait 14 minutes 37 secondes par match la saison dernière. Cette année, il plafonne à 11 minutes 40 secondes, l’un des plus faibles temps de glace de la LNH parmi les défenseurs ayant disputé au moins dix matchs. Une perte sèche de trois minutes complètes, soit près de 20 % de ses responsabilités envolées.
Et ce n’est pas comme s’il affrontait Connor McDavid tous les soirs. Au contraire. Pour une troisième saison consécutive, les données de PuckIQ démontrent qu’il est systématiquement opposé aux trios les plus faibles des équipes adverses.
Autrement dit : on le protège, on le cache, et malgré ça… son temps de glace continue de chuter. Aucune autre donnée n’expose aussi brutalement la rupture de confiance.
Quand on lui a demandé à Vegas pourquoi un défenseur de 24 ans régressait de cette façon, Martin St-Louis a tenté ce qu’il tente toujours : repousser, détourner, minimiser.
« Ce n’est pas nécessairement qu’on n’aime pas son développement. C’est la chaise où il est en ce moment », a-t-il déclaré, comme si la chaise était tombée du ciel.
Comme si ce n’était pas lui qui l’y asseyait. Comme si ce n’était pas lui qui coupait son banc dès que le match devenait sérieux. Le problème, c’est que ce discours contredit tout ce que l’on voit soir après soir.
Lorsqu’un entraîneur parle de “chaise”, mais que la même chaise ne bouge jamais, toujours la plus basse, toujours la moins importante, ce n’est plus une décision stratégique. C’est un verdict.
Et ce verdict a pris des accents encore plus humiliants mercredi, lorsque St-Louis a rayé Xhekaj de l’alignement pour faire une place à… Adam Engström.
Un jeune de 21 ans qui n’avait jamais joué une seule seconde dans la LNH. Un défenseur que personne n’attendait, qu’on voyait encore comme un espoir en formation progressive, et qui s’est retrouvé, du jour au lendemain, dans le rôle que Xhekaj croyait sien.
Le résultat a été brutal pour le Shérif. Engström a joué 10 min 42 s. Pas une erreur. Pas une panique. Pas un but contre. Un match propre, calme, parfaitement géré. Exactement le genre de performance qui met un clou supplémentaire dans le cercueil d’un défenseur déjà en perte de vitesse.
À Montréal, le jeune Suédois a gagné un match.
À Montréal, Xhekaj a perdu sa place.
Et La Presse l’a écrit noir sur blanc : lorsqu’est venu le temps de récompenser Engström, « c’est Xhekaj qui a écopé ».
Une phrase qui dit tout. Une phrase qui tranche. Une phrase qui devient un constat : Xhekaj n’est même plus le premier choix de rechange. Il est devenu le défenseur que l’on sort avant tous les autres, celui dont les entraîneurs peuvent se passer sans réfléchir.
Mais le moment où Martin St-Louis a définitivement perdu patience, c’est lorsqu’on lui a demandé pourquoi, en deux ans, son utilisation diminuait au lieu d’augmenter.
Son explication? « La profondeur devant lui. » Une conclusion qui pourrait tenir… si Struble n’avait pas dépassé Xhekaj dans la hiérarchie. Si Engström n’avait pas pris sa place sans même avoir prouvé quoi que ce soit. Si Kaiden Guhle n’était pas sur le point de revenir jouer 22 minutes par match.
Et c’est là où La Presse frappe le plus fort : au moment même où l’on se demande où Xhekaj en est dans sa progression, la réponse évidente semble être… nulle part.
Le texte du quotidien montre un joueur laissé de côté à répétition (12 fois l’an dernier, encore cette saison), protégé à outrance, relégué aux adversaires les plus faibles, coincé à 11 minutes 40 par match, incapable de déloger qui que ce soit… et désormais dépassé par un jeune qui sort tout juste de Laval.
La Presse l’a résumé en une phrase qui résonne comme une condamnation :
« Dans le présent, il ressemble de plus en plus à un défenseur marginal… et à une menace pour personne. »
Quand tu en arrives là dans les médias montréalais, ton avenir n’est plus une question sportive.
C’est devenu une question administrative.
Et pendant que St-Louis s’impatiente, que les journalistes insistent et que la direction coupe dans son rôle, une rumeur prend de l’ampleur : Adam Engström pourrait être jumelé à Lane Hutson. Jayden Struble pourrait monter avec Alexandre Carrier. Les discussions internes vont même jusqu’à évaluer Engström pour le désavantage numérique.
Pendant ce temps, Xhekaj, lui, s’accroche à une chaise qui disparaît sous ses pieds.
Il ne mène plus.
Il ne progresse plus.
Il n’inspire plus confiance.
Et Martin St-Louis n’a plus envie d’en parler.
La rupture n’est plus silencieuse.
Elle est visible.
Mesurable.
Confirmée dans les chiffres.
Et quand une organisation commence à préparer sa défense sans toi, à réorganiser sa hiérarchie sans toi, à développer un système où tu n’existes plus… c’est que ton avenir n’est déjà plus là.
À Montréal, l’ère Arber Xhekaj n’est pas en train de se terminer.
Elle est déjà terminée.
