Arber Xhekaj: c'est la fin du Shérif

Arber Xhekaj: c'est la fin du Shérif

Par David Garel le 2025-02-28

C’est la fin du Shérif.

Hier soir, on s’attendait à voir un Arber Xhekaj révolté, furieux, avec le couteau entre les dents, prêt à prouver qu’il n’accepterait pas d’être traité comme un figurant.

Mais non.

Ce qu’on a vu, c’est un joueur docile, soumis, résigné, qui a accepté son sort sans broncher, sans la moindre étincelle de frustration dans le regard. Le Shérif est mort. Place maintenant au porteur d’eau.

Après avoir été cloué au banc pendant toute la troisième période, on aurait pu s’attendre à quelques signes d’agacement, à un minimum de frustration.

Après tout, Xhekaj a toujours été perçu comme un joueur intense, émotif, incapable de cacher ce qu’il ressent.

Mais devant les médias, il n’a offert rien d’autre qu’un discours de perdant et soumis.

« Tu ne peux pas jouer 82 matchs parfaits. C’est une ligue difficile. Avec l’objectif que nous poursuivons en ce moment, chaque gars doit être proche de la perfection. »

Où est le feu ? Où est la rage de prouver qu’il mérite mieux ?

Au lieu de montrer du caractère, Xhekaj a accepté son sort avec une docilité déconcertante.

« Je me suis assis et j’ai encouragé mon équipe. Je me suis assuré que tout le monde jouait avec énergie et que nous allions l’emporter. »

Vraiment ?

Là où on attendait un combattant, on a eu un spectateur enthousiaste, un joueur de soutien qui applaudit ses coéquipiers au lieu de se battre pour être sur la glace.

Un traitement humiliant, mais accepté sans broncher.

Martin St-Louis n’a jamais eu confiance en Xhekaj. Et hier soir l’a prouvé une fois de plus.

St-Louis a préféré faire jouer Lane Hutson et Michael Matheson jusqu’à l’épuisement plutôt que de redonner une seule présence à Xhekaj.

Le coach s’est même permis d’admettre après coup qu’il n’avait pas prévu l’exclure complètement, mais qu’il a finalement oublié de le remettre sur la glace.

« Il est arrivé un point où je me suis dit que Xhekaj avait compris le message, mais les bons duels ne se sont pas présentés. Ensuite, nous avons profité de deux jeux de puissance consécutifs.

Il restait sept minutes à la période et ça faisait trop longtemps qu’il était assis. J’ai raté cette fenêtre, mais l’envoyer dans la mêlée l’aurait voué à l’échec. »

Traduction ? Il n’avait plus aucune utilité. Et pourtant, aucune réaction de Xhekaj.

Il n’a même pas cherché à se battre pour reprendre sa place. Un surnom qui ne tient plus la route

Pendant longtemps, “Le Shérif” représentait un joueur craint, un homme fort qui imposait le respect, une figure incontournable du Canadien.

Mais après hier ?

Après avoir passé la troisième période à regarder le match sans broncher, en encourageant ses coéquipiers comme un simple joueur de soutien, il est clair que ce surnom ne tient plus la route.

Le Shérif, c’est fini.

Un joueur remplaçable, interchangeable, un figurant de l’alignement qui accepte son rôle sans se battre pour plus.

Et c’est peut-être ça le plus gênant dans toute cette histoire.

Xhekaj peut bien dire que “c’est un nouveau jour, un nouveau match”, mais la vérité est cruelle : il est en train de disparaître.

Il n’est plus un joueur important dans la rotation défensive.

Son entraîneur ne le considère même plus comme une option viable en fin de match.

Et maintenant, il montre un visage soumis et résigné.

Il reste une année à son contrat. Après ça, le Canadien devra se poser de sérieuses questions. Parce qu’avec une attitude aussi passive, son avenir à Montréal est de plus en plus compromis.

Et une chose est sûre : on ne parlera plus jamais de lui comme du “Shérif”.

Le combat est terminé. Martin St-Louis a gagné.

L’entraîneur du Canadien a mené une guerre psychologique contre Arber Xhekaj, et il en est sorti victorieux. Le défenseur, qui se voyait comme un homme fort, un imposant justicier sur la glace, n’est plus que l’ombre de lui-même.

Désormais, il ne reste plus rien du “Shérif”. Il est devenu un simple porteur d’eau.

St-Louis n’a jamais aimé Xhekaj. Et il l’a brisé.

Dès le départ, on savait que St-Louis n’aimait pas le concept du “Shérif”. Il ne voulait pas d’un bagarreur qui se voit comme un héros. Il voulait un défenseur capable de jouer à haut niveau, pas un justicier qui cherche à s’imposer par la force.

Et hier soir, il a réussi son coup.

En l’excluant complètement de la troisième période, en lui retirant tout pouvoir, tout rôle sur la glace, il lui a fait comprendre une chose : son ère est révolue.

Il a pris le Shérif. Il l’a dépossédé de son rôle. Il l’a fait douter. Il l’a rendu inoffensif.

Et maintenant, il s’est débarrassé de lui.

Face à cette attaque psychologique, on aurait pu s’attendre à un Xhekaj furieux, prêt à montrer qu’il mérite mieux.

Mais au lieu de ça, il a accepté son sort. Il a baissé la tête. Il s’est couché. Voilà la seule chose qu’il a trouvée à dire. Aucune rage. Aucun désir de prouver qu’il vaut plus que ça.

Le message est passé : il est dompté. Le Shérif est mort. Vive le Waterboy.

C’est fini.

Il n’y a plus de “force intimidante. Il y a juste un joueur perdu, un homme brisé, qui a compris qu’il n’a plus de place dans ce Canadien.

Martin St-Louis a gagné la guerre.

Arber Xhekaj...couché pour de bon...

Mais à quel prix ?

Martin St-Louis a peut-être gagné la bataille contre Arber Xhekaj, mais il a envoyé un message troublant à l’ensemble du vestiaire. 

Si un joueur aussi imposant et combatif qu’Xhekaj peut être écrasé, broyé, effacé de l’alignement sans la moindre résistance, qu’est-ce que cela signifie pour les autres ?

Si l’un des rares défenseurs du Canadien capable d’intimider physiquement l’adversaire se retrouve réduit à un rôle de figurant, qui osera encore s’imposer ?

Les autres joueurs voient bien ce qui se passe. Ils comprennent que sous St-Louis, il n’y a pas de place pour l’émotion brute, pour la révolte, pour ceux qui osent défier un certain statu quo. Ils comprennent que la moindre erreur peut être impardonnable… mais seulement pour certains.

Parce que pendant que Xhekaj chauffe le banc, d’autres ont droit à des secondes chances. D’autres peuvent enchaîner les erreurs sans conséquence.

Mike Matheson peut se perdre dans ses relances et offrir des revirements gratuits. Il peut se faire manger vivant dans son territoire. Mais lui, il reste sur la glace.

La différence ? Ils correspondent à la vision de St-Louis. Une vision où le jeu physique et l’intimidation n’ont plus leur place.

Une vision où les joueurs doivent avant tout être des techniciens, des patineurs rapides, des relanceurs dynamiques.

Dans cette philosophie, Xhekaj n’est pas un joueur à développer. Il est une anomalie à éliminer.

Et il l’a compris.

Hier soir, il a cessé de se battre. Il a abandonné.

Et ce n’est pas seulement lui qui a perdu quelque chose. C’est l’identité du Canadien qui s’effrite un peu plus.

Les rumeurs commencent déjà à circuler. Certains joueurs ne comprennent pas la gestion de St-Louis. Plusieurs vétérans respectaient Xhekaj, non seulement pour son jeu, mais pour l’esprit de camaraderie et de protection qu’il apportait au groupe.

Ce n’est pas la première fois que l’entraîneur se montre inflexible. Mais en s’acharnant sur Xhekaj, il pourrait bien avoir franchi une ligne. Un entraîneur doit envoyer des messages clairs. Mais il doit aussi savoir quand relâcher la pression.

L’affront public de Xhekaj était-elle nécessaire ? Devait-il être réduit à l’état de spectateur impuissant pendant une période entière ?

Dans les coulisses, on commence à se poser la question.

Xhekaj a encore une année à son contrat. Mais restera-t-il à Montréal jusque-là ? Peut-on croire qu’il voudra signer à long terme avec une organisation qui l’a laissé se faire écraser comme ça ?

Poser la question, c'est y répondre.