Le combat d'Arber Xhekaj ne s'est pas seulement gagné par les poings.
Ce soir, le shérif a joué pour sa dignité, pour son nom, pour sa famille et pour sa survie professionnelle. Arber a répondu par la bouche de ses canons en s’attaquant au capitaine des Jets de Winnipeg, Adam Lowry, un colosse de 6 pieds 5 et 210 livres, un vrai dur de dur et surtout un client qui ne recule jamais.
Et pourtant, Xhekaj l’a affronté, alors qu'il se faisait traiter de peureux partout au Québec, lui qui avait refusé de se battre contre Kurtis MacDermid hier soir et qui avait perdu ses 4 derniers combars.
Le moment était crucial. Le Canadien était sur le fil du rasoir et le club avait besoin d’un électrochoc. Quelqu’un devait se lever, casser la dynamique, casser la peur.
Et le gars qui portait cette peur sur son dos depuis des semaines... c’est lui qui s’est levé.
Il n’a pas seulement gagné un combat. Il a gagné un combat contre lui-même.
Et lorsqu’il est arrivé devant les journalistes après la rencontre, les yeux cernés, la voix tremblante mais fière, le regard brûlant d’un gars qui a traversé quelque chose de plus grand que ce qui s’est passé sur la glace, Arber Xhekaj a parlé comme il ne l’avait jamais fait auparavant.
Pour la première fois depuis longtemps, il a ouvert la porte. Il a laissé sortir ce que tout le monde savait, ce que tout le monde pressentait, mais que lui n’avait jamais voulu dire publiquement :
il a mal. Il doute. Et il est tanné de se faire traiter de “shérif déchu”.
Son entrevue nous a donné des frissons dans le dos:
« Quand tu perds quelques combats, tu commences à trop penser… tu te demandes : est-ce que je l’ai perdu? Qu’est-ce qui se passe avec moi? »
Même si Xhekaj jure qu'il ne lit rien sur ce qu'on dit sur lui, tout le monde sait qu'il lit tout. Il a vu les messages qui le traitaient de lâche, d’imposteur, d’ancien shérif, de joueur dépassé.
« Je n’écoute pas trop ce qui se dit… mais oui, après quelques combats perdus, tu commences à trop penser. »
Il a senti que son nom était devenu synonyme de malaise dans le vestiaire, dans les estrades, sur les réseaux sociaux.
Il sait que son frère Florian vient d’être envoyé à Laval. Mais on le sentait quand même soulagé.
« C’était un gros match pour l’équipe. Mais c’était un gros match pour moi aussi. »
« Je suis très fort mentalement, mais disons que je voulais un résultat comme celui-ci.»
On l’oublie souvent, mais Xhekaj est sur la corde raide. Il n’est plus intouchable. Il n’est plus le fan favorite protégé par le Centre Bell. Son coach l’a benché, l’a remis en question, l’a dénaturé.
Mais ce soir, Xhekaj ne s'est pas seulement racheté envers son coach. Il s’est racheté devant les recruteurs… et Dieu sait qu’ils étaient nombreux
Dans les gradins? C’était un congrès des Jeux olympiques :
Bill Guerin (USA).
Kyle Dubas (PIT, Canada adjoint).
Julien BriseBois (TBL, Canada adjoint).
Peter Chiarelli (VP des Blues) et Tim Taylor (DG adjoint des Blues).
Deux dépisteurs des Ducks, alors que Nashville et Vancouver étaient encore représentés.
Mais ce sont les Blues de St-Louis qui sont sur toutes les lèvres, car c'est avec St-Louis que Kent Hughes négocie depuis des mois.
Chiarelli et le DG adjoint des Blues avaient des yeux braqués sur Arber toute la soirée.
Le défenseur du CH a envoyé un message à Martin St-Louis... mais aussi à la ville de St-Louis.
Après avoir dominé Lowry, Arber a sauté sur la glace comme un gars qui vient d’enlever un an de douleurs de ses épaules.
Quand il a crié vers le banc et il a réveillé le Centre Bell, tout le monde a eu la chair de poule.
Ce n’est pas la fin de Xhekaj. C’est peut-être le début d’autre chose... ailleurs qu'à Montréal...
Il y a encore des rumeurs. Nashville, St-Louis, Vancouver... et maintenant Anaheim qui veut remplacer Radko Gudas comme policier, lui qui devient agent libre l'été prochain.
Ce soir, ils ont vu un homme se lever. Arber n’a pas sauvé sa carrière ce soir. Il l’a rallumée.
Et il a envoyé un message clair à toute la ligue, à son coach, à ses coéquipiers, aux recruteurs, et même aux partisans qui l’avaient enterré trop vite :
Je suis encore là.
Je ne suis pas fini.
Je m’appelle Xhekaj, et je ne vais nulle part tant que vous ne m’aurez pas sorti de la glace par la force.
Ce soir, Montréal n’a pas gagné qu’un simple match. Elle a retrouvé son shérif.
Jusqu'à sa transaction....
