Jeudi soir, au Centre Vidéotron, il y a eu plus que des bagarres. Il y a eu des messages envoyés. Des postes perdus. Des carrières fragilisées.
Dans le chaos d’un match préparatoire entre le Canadien et les Sénateurs, certains joueurs ont confirmé leur importance, alors que d’autres ont vu leurs limites exposées au grand jour.
Les frères Xhekaj ont pris toute la place. Arber, déjà reconnu comme l’un des hommes forts les plus redoutés de la LNH, a dominé Zack MacEwen dans un combat qui restera longtemps dans les mémoires. Son jeune frère Florian, lui, n’a pas hésité à jeter les gants pour montrer qu’il est taillé dans le même moule.
Deux frères, deux combats, deux victoires morales qui ont envoyé un message clair : à Montréal, on ne manque pas de robustesse.
Ce combat perdu par MacEwen n’a pas seulement fait mal sur le coup. Il a marqué la fin de son aventure à Ottawa. Dès le lendemain, les Sénateurs l’ont sacrifié, l’envoyant au New Jersey en retour de Kurtis MacDermid, un bagarreur d’expérience reconnu à travers la ligue.
Quand une seule séquence change la perception d’un joueur, ça prouve à quel point la ligne est mince pour ceux qui portent le rôle de policier.
Et ce n’est pas tout. Ottawa a aussi vidé une partie de son surplus d’hommes forts en envoyant huit joueurs à Belleville, dans la Ligue américaine. Tyler Boucher, Xavier Bourgault, Oskar Pettersson, Scott Harrington et plusieurs autres ont pris le chemin de l’AHL.
Le message est limpide : l’organisation ne garde que ce qui est utile, ce qui peut vraiment tenir tête dans une division où l’intimidation est encore une monnaie d’échange.
C’est là que MacDermid entre en scène. À 29 ans, avec près de 400 minutes de punition au compteur en carrière, il est considéré comme un des top hommes forts de la LNH. Contrairement à MacEwen, qui pouvait se faire dominer contre les meilleurs, MacDermid est craint et respecté.
Son arrivée, c’est une réponse directe à ce qu’Arber Xhekaj a imposé sur la glace jeudi soir. Ottawa n’avait plus le choix. Il fallait trouver quelqu’un capable de rivaliser.
Ce n’est pas la première fois que la rivalité entre le Canadien et les Sénateurs se nourrit de cette guerre de robustesse. On n’a qu’à penser aux séries de 2013, quand Chris Neil et les siens avaient multiplié les coups vicieux contre Montréal.
Dix ans plus tard, l’histoire se répète. Dès que Xhekaj a été expulsé jeudi, et que Florian l’a suivi, Ottawa a repris les coups salauds. Comme si la simple présence des frères suffisait à calmer les ardeurs. Preuve que, même en 2025, les Canadiens ne peuvent pas se passer de leurs hommes forts pour protéger leurs vedettes.
C’est le paradoxe de cette rivalité : elle est à la fois un terrain d’évaluation pour les jeunes joueurs et un champ de bataille où la robustesse détermine qui reste et qui descend.
Pour MacEwen, le combat perdu a scellé son sort. Pour MacDermid, c’est une nouvelle mission qui commence. Et pour Ottawa, c’est un rappel qu’on ne peut pas entrer au Centre Bell sans être prêt à se salir les mains.
Samedi, les deux équipes se retrouvent. Et cette fois, ce ne sera pas seulement un match préparatoire. Ce sera le premier chapitre d’une nouvelle phase de la rivalité.
Une chose est certaine : la rivalité Canadiens–Sénateurs n’a jamais été aussi vivante.
Et elle continue de dicter l’avenir de joueurs dont la carrière se joue parfois en un seul combat.