Bagarre contre un monstre: les frères Xhekaj en danger

Bagarre contre un monstre: les frères Xhekaj en danger

Par David Garel le 2025-12-02

Ce soir, l’enjeu dépasse complètement la simple notion de victoire ou de défaite,

Pour la famille Xhekaj, le hockey cesse d’être un sport pour redevenir ce qu’il a été jadis : un champ de bataille, un endroit où certains doivent se lever et s’exposer pour protéger les autres, où le courage se mesure à la capacité de rester debout quand tout le monde autour de toi sait que tu risques de tomber.

Ce soir au Centre Bell, le simple fait de voir Kurtis MacDermid inséré dans l’alignement des Sénateurs d’Ottawa transforme cette rencontre en une soirée suffocante, une soirée que la famille Xhekaj, encore une fois, doit vivre avec l’estomac noué et la gorge serrée.

Parce que MacDermid, ce n’est pas un joueur de hockey ordinaire. C’est un monstre de 6 pieds 5, 233 livres, un homme de guerre envoyé sur une glace pour régler des comptes, un bagarreur pur qui ne se cache jamais derrière un système ou une structure.

C’est un gars qui, contrairement à bien des goons de fin de carrière, est capable de véritablement blesser quelqu’un. Il n’est pas dans la formation par hasard. Ottawa n’a même pas cherché à maquiller l’intention : MacDermid est là pour Arber Xhekaj. (Nick Cousins est envoyé dans les gradins)

On peut rire de ses 2 minutes et 4 secondes de jeu au Centre Bell la dernière fois. On peut ridiculiser son inutilité offensive, sa lenteur, son rôle de figurant désuet dans une Ligue qui évolue plus vite que lui. Mais une seule chose demeure vraie : dans un combat, il est terrifiant.

Chez la mère, le père et la soeur des Xhekaj, on ne rit plus. On serre les dents. On regarde l’heure. On rafraîchit les nouvelles. On relit les lineups. On prie pour un scratch de dernière minute. On espère une pénalité stupide qui retarde le moment. On s’accroche à tout ce qui peut faire en sorte que l’inévitable soit repoussé.

Parce que ce soir, l’inévitable, tout le monde le connaît.

La mère Xhekaj, celle qui a vu ses deux fils se cogner dans la rue, se battre pour devenir ce qu’ils sont, celle qui connaît la douleur réelle derrière les vidéos virales, la mère qui a déjà vu Arber se faire pincer par Nicolas Deslauriers, Mathieu Olivier et Tanner Jeannot, sait mieux que quiconque ce que représente Kurtis MacDermid : un choc dangereux que même les plus braves redoutent.

Elle sait qu’une seule droite bien placée peut laisser des traces invisibles mais permanentes. Elle sait que les commotions, ce n’est pas du spectacle. C’est la vie après le hockey. C’est l’avenir. C’est la mémoire. C'est les risques de démence.

Son père, fier, solide, mais inquiet, tente probablement de maintenir l’apparence d’un calme paternel. Mais ce rôle-là, dans des soirées comme celle-ci, est presque inhumain.

Comment prétendre être rassurant quand tu sais que ton fils va peut-être affronter un homme qui est littéralement bâti pour détruire?

Comment prétendre que tout ira bien quand tu réalises que cette fois, Arber n’affrontera pas un vétéran qui ralentit, mais une montagne de muscles en pleine force de l’âge?

Et Florian, son frère, celui qui a lui-même encaissé les coups, qui sait ce que c’est d’avoir peur dans un combat où tu n’es pas certain d’en sortir indemne, celui qui a récemment vécu l’adrénaline d’un duel intense au Centre Bell contre les Maple Leafs de Toronto, regarde cette situation avec un mélange de respect et de panique intérieure. 

Kurtis MacDermid n'est pas Dakota Mermis. Et si Florian jette les gans contre le montre des Sénateurs avec la même technique de combat, il va se faire ouvrir. 

Et c’est là que tout devient encore plus cruel pour la famille Xhekaj, parce que dans cette spirale de violence où Arber attire les monstres de la ligue comme des aimants, Florian, avec son cœur trop grand et son instinct de petit frère qui veut protéger, n’aura qu’un seul réflexe si les choses tournent mal : sauter dans la mêlée pour défendre Arber, pour prouver qu’il est fait du même acier, qu’il peut encaisser, qu’il peut répondre, qu’il peut être un shérif lui aussi…

Attention. Florian, avec sa technique faible, encore fragile, encore trop ouverte, tomberait face à un gars comme MacDermid comme un kid qu’on envoie à l’abattoir, et ce n’est pas seulement un KO qui le guette, mais un traumatisme sérieux, un choc qui peut briser une carrière et une vie, un coup qui peut laisser une famille en pleurs dans les gradins.

Parce que dans cette histoire tordue, le petit veut protéger le grand, le grand veut protéger le petit, et les deux, aveuglés par leur amour et leur instinct de survie, pourraient finir par s’exposer à des dangers qu’aucune vidéo virale du Centre Bell ne pourra réparer.

Selon Geogres Laraque, Florian se bat “open”, le visage exposé comme un buffet, le grip mal placé, la main dominante trop basse, le menton offert aux dieux de la boxe sur glace, et dans la LNH, ce genre d’erreur technique ne pardonne jamais.

Ça mène directement au KO, au noir total, à la lumière qui s’éteint d’un seul coup, parce que oui, il a gagné son combat, mais comme l’a dit Laraque lui-même, “il a mangé trop de coups”, il a été “pincé comme il faut”, il aurait pu tomber à n’importe quel moment, et le pire, c’est que le petit frère n’a même pas conscience du danger dans lequel il vient d’entrer.

Florian n’est pas seulement vulnérable… il est une cible ambulante, et le prochain combat pourrait être celui qui change sa vie à jamais.

Les experts le savent. Les anciens bagarreurs le disent. Georges Laraque l’a répété cent fois : le vrai combat ne commence pas quand les gants tombent. Il commence le matin même, quand tu sais que ton adversaire est dans l’hôtel d’en face.

Il commence dans la douche, quand tu te demandes si tu vas sortir de ce match avec une vision double ou un vertige qui te suivra pendant trois semaines.

Il commence sur la route vers l’aréna, quand les mains se crispent sur le volant sans que tu t’en rendes compte. Il commence sur le banc, quand tu sens que l’autre t’attend, patiemment, dangereusement, sans dire un mot.

Et ce soir, Ottawa n’a pas installé MacDermid dans la formation pour faire joli.

Ils l’ont installé pour envoyer un message :

“Voici le vrai shérif. Viens le chercher si tu es vraiment ce que tu prétends être.”

Le pire dans tout ça? MacDermid a joué la carte psychologique avec un calme glaçant, déclarant devant les médias :

« Bien sûr qu'Arber Xhekaj est l'un des meilleurs bagarreurs de la LNH. Il n'aurait pas eu autant de reconnaissance sans cet aspect de son jeu. »

Ce que MacDermid fait en disant ça, ce n’est pas parler à la presse.

Il parle à Xhekaj.

Il veut le toucher là où ça fait mal : l’ego, la fierté, le devoir.

Il sait que ce genre d’éloge déclenche, chez les hommes forts, une obligation silencieuse. Une obligation de répondre et d’assumer.

Et c’est exactement ce que craint la famille Xhekaj : qu’Arber ne se sente obligé d’y aller, même si tout, absolument tout, indique que le risque physique est immense.

Ou que Florian veuille protéger son grand frère... d'une humiliation nationale..