C'est la fin des frères Xhekaj à Montréal

C'est la fin des frères Xhekaj à Montréal

Par David Garel le 2025-12-03

Le Canadien de Montréal laisse filtrer son plan sans même le vouloir.

En quelques minutes, grâce aux informations de Renaud Lavoie, l’illusion a volé en éclats : le séjour des frères Xhekaj à Montréal n’est plus un projet, c’est un compte à rebours.

Non seulement Florian Xhekaj sera etiré de la formation face aux Jets de Winnipeg, mais tout pointe vers un retour imminent à Laval, comme une pièce qu’on replace au fond du tiroir après s’être convaincu qu’elle ne servait pas encore  et peut-être jamais.

La nouvelle a frappé fort, pas parce qu’elle surprend, mais parce qu’elle confirme ce que tout le monde voit, ce que tout le monde murmure, ce que les entraîneurs eux-mêmes ne prennent plus la peine de cacher : Florian Xhekaj n’est pas un joueur de la LNH.

Il ne l’est pas encore, et il ne le sera peut-être pas au rythme où le Canadien évolue. Oui, la foule a aimé son entrée. Oui, il a offert un moment viral avec son combat contre Dakota Mermis, un soir où Montréal avait besoin d’un peu de chaos.

Mais quand la poussière retombe, il reste la réalité glaciale : Florian a joué 7 minutes 43mardi soir, et il a été invisible, inutile, débordé, au point où Martin St-Louis a passé plus de temps à lui crier dessus qu’à l’utiliser. (tout le monde a vu le coach élever la voix sur le pauvre Florian qui a réchauffé le banc durant toute la 3e période).

Quand il a quitté le vestiaire, l’expression disait tout : perdu, vidé, dépassé par la complexité de la LNH, comme un joueur parachuté dans une ligue trop rapide, trop exigeante, trop organisée pour lui.

Il n’a jamais trouvé son rythme, jamais trouvé son homme, jamais trouvé sa place. Montréal n’a pas de minutes à gaspiller, pas dans une saison où chaque match importe, pas quand six recrues sont déjà en uniforme, pas quand les vétérans eux-mêmes manquent de constance. Florian devient un luxe que l’équipe ne peut plus se permettre.

Et le timing n’est pas anodin : Samuel Blais flotte au-dessus du Rocket comme un rapace prêt à fondre sur la moindre ouverture.

Blais va remonter, ce n’est qu’une question de temps. Et quand il remontera, quelqu’un devra descendre. L’équation est brutale, mais indiscutable : ce sera Florian ou Jared Davidson... ou les deux...

Pendant que le petit frère glisse lentement vers Laval, l’aîné, Arber, vit un drame encore plus spectaculaire, une chute qui s’étale publiquement et qui n’en finit plus de révéler ses fissures.

On pensait que le match contre Ottawa serait son moment de rédemption; il est devenu sa condamnation. Dans une rencontre où son équipe s’écroulait défensivement, où les erreurs pleuvaient, où le vestiaire avait besoin d’un signal fort, Arber Xhekaj a refusé de se battre contre Kurtis MacDermid, le goon le plus effrayant de la division.

t ce refus-là, dans ce contexte-là, a eu l’effet d’une détonation. La vague de réactions a été immédiate, violente, disproportionnée peut-être, mais parfaitement révélatrice du malaise général.

Sur BPM Sports, Gilbert Delorme a été cinglant, il n’a pas cherché à arrondir les angles, il n’a pas tenté de protéger un jeune qui avait peur :

« C’est la fin de sa carrière à Montréal celui-là. »

Et Delorme est loin d'être le seul. Tous les médias savent que son avenir n'est pas à Montréal.

Cette réalité tourne partout dans le ventre du Québec sportif. Le “Shérif” ne fait plus peur. Le “Shérif” ne protège plus personne. Le “Shérif” refuse les duels. Le “Shérif” n’est plus le shérif et quand ton image, ton branding, ton statut, tes pubs et ta carrière reposent précisément là-dessus, tu n’as plus de filet de sécurité.

On a tous vu la scène. MacDermid s’approche. Le Centre Bell retient son souffle. Et Arber, pour la première fois depuis son arrivée dans la ligue, regarde ailleurs. Il ne mord pas, ne répond pas, ne s’impose pas.

Pendant ce temps, son équipe est en train de couler, son gardien est abandonné, sa défensive est en feu, et lui… refuse.

C’est là que les choses deviennent limpides : s’il joue ce soir contre les Jets, ce n’est pas une preuve de confiance; c’est une preuve qu’on le met dans la vitrine.

Avec le retour de Kaiden Guhle imminent, avec Jayden Struble préféré par Martin St-Louis, avec Adam Engström en attente d’une autre chance, avec Owen Protz qui explose dans le junior comme un futur shérif beaucoup plus discipliné et beaucoup plus complet : comment Arber pourrait-il rester?

La congestion à gauche est devenue irrespirable. Le Canadien n’a ni la place, ni le rôle, ni la patience pour garder un défenseur unidimensionnel qui ne se bat plus, qui ne fait plus peur, qui prend trop de pénalités et qui ne progresse plus.

Les équipes déjà intéressées ne manquent pas. On continue d’entendre les mêmes noms : St. Louis, Nashville, les Bruins, les Flyers, les Islanders, et même les Canucks, qui négocient avec le CH pour Kiefer Sherwood.

À Montréal, personne ne le dira officiellement, mais tout le monde sait ce qui se passe : Kent Hughes teste le marché.

Et ce n’est pas un hasard si Arber joue un deuxième match de suite, même après avoir offert une prestation catastrophique. Ce n’est pas une récompense. Ce n’est pas un vote de confiance. C’est un message adressé aux 31 autres équipes :

« Regardez-le. Analysez-le. Évaluez-le. Faites vos offres. »

C'est la preuve que c'est lui qui est sur le marché des transactions... et non Adam Engström...

La réalité est cruel : Montréal n’a plus besoin des frères Xhekaj. Montréal a dépassé les Xhekaj. Montréal s’est reconstruite trop vite, trop fort, trop talentueusement pour eux.

Florian va descendre.

Arber va partir.

Les deux trajectoires se séparent du grand club au même moment.

Et dans deux ans, quand on repensera à cette période, il restera un constat final : l’histoire des frères Xhekaj à Montréal n’aura pas été un empire, mais un éclair. Une histoire bruyante, colorée, virale… mais brève.

Et ce mercredi marque le début de la fin.