Martin St-Louis reçoit-il des ordres d'en-haut pour construire son alignement?
Poser la question, c'est y répondre.
À Montréal, il faut arrêter de regarder uniquement la colonne « transactions complétées » pour comprendre ce qui se passe réellement.
Parce que même sans échange officialisé, le marché bouge. Et surtout, il bouge à travers les décisions d’alignement de Martin St-Louis, qui, ces jours-ci, ressemblent de moins en moins à de simples choix hockey et de plus en plus à des messages codés envoyés directement au reste de la LNH.
La décision de conserver Adam Engström dans l’alignement pour le match contre New York, de réinsérer Arber Xhekaj tout en punissant Jayden Struble, n’est pas un simple détail.
Ce n’est pas une rotation normale. Ce n’est pas une gestion de fatigue. C’est une hiérarchisation claire. Engström reste. Xhekaj revient. Struble sort. Et dans une ligue où chaque recruteur sait lire entre les lignes, ce genre de séquence veut tout dire.
Adam Engström, à ce stade-ci, n’est plus un point d’interrogation. Il est un choix. Un choix assumé. Un choix incarné par Martin St-Louis.
Il joue comme St-Louis veut que ses défenseurs jouent : simple sous pression, propre sur les sorties de zone, capable de garder la rondelle en mouvement sans chercher le jeu spectaculaire inutile.
C’est un défenseur qui sécurise et qui excite en même temps, et c’est exactement ce que l’état-major du Canadien valorise dans le contexte actuel.
Ceux qui croient encore qu’Engström est « dans la vitrine » se trompent de lecture : un joueur qu’on veut échanger, on le protège moins; un joueur qu’on veut garder, on le teste dans des contextes significatifs. Engström appartient clairement à la deuxième catégorie.
Et si Engström reste, la logique est sans pitié : la vitrine se situe ailleurs. Elle se situe du côté d’Arber Xhekaj et de Jayden Struble, deux profils semblables, mais deux défenseurs gauchers qui répondent à des besoins précis pour des équipes bien identifiées.
On ne les alterne pas par hasard. On les expose. On les compare. On laisse les recruteurs décider lequel correspond le mieux à leur projet.
Nashville est là. Calgary est là. Et ce n’est pas un secret pour personne. Les Predators continuent de scruter le Canadien dans l’optique d’un dossier Ryan O’Reilly qui refuse de mourir.
Nashville continue de demander le choix de 1re ronde du CH (protégé) avec un espoir A. Struble ou Xhekaj ne sont pas des espoirs A. Mais si le CH rajoute un bonbon avec l'un de ces deux défenseurs, tout est possible.
Surtout que Nashville aimerait un jeune centre two-way dans le "deal". (Owen Beck?)
Les Flames, eux, restent attentifs dans une possible construction autour de Nazem Kadri. Dans les deux cas, le message est le même : un choix de première ronde et un jeune défenseur gaucher font partie de la discussion, avec parfois l’ajout d’un centre droitier capable de jouer des deux côtés de la patinoire et d'autres éléments. Et c’est là que tout devient logique.
La réintégration de Jake Evans, après son absence pour raisons personnelles, aurait pu clore le débat au centre. Elle l’a plutôt enrichi. Evans revient, oui, mais Owen Beck reste dans l’alignement.
Ce détail est crucial. Beck aurait très bien pu être retourné en bas ou dans les gradins, sans vague, sans controverse.
On a choisi de le garder. De le montrer. De l’exposer dans un contexte NHL réel, avec des responsabilités de premier plan.
Beck n’est pas là par défaut. Il est là parce que son profil attire. Centre droitier, responsable défensivement, intelligent sans la rondelle, capable de suivre un rythme professionnel sans se faire manger vivant : exactement le genre de joueur que plusieurs équipes recherchent pour compléter un échange d’envergure.
Ce n’est pas un hasard si son nom circule aussi du côté de Los Angeles. Les Kings cherchent un centre droitier dans la transaction pour Phil Danault.
Ils observent Evans. Ils observent Beck. Ils regardent les deux dans le même alignement. Ce n’est pas une coïncidence, c’est une démonstration.
Et pendant ce temps-là, Jared Davidson sort de la formation, ce qui clarifie encore plus la lecture : ce sont Beck et Evans qui sont évalués par l’extérieur, pas Davidson... que personne ne veut sur le marché...
Ce qui rend la situation encore plus fascinante, c’est la frontière de plus en plus floue entre les décisions de Martin St-Louis et celles de Kent Hughes.
Officiellement, St-Louis gère son alignement. Officieusement, il devient impossible de croire que ces choix ne sont pas alignés avec une stratégie de marché plus large.
Quand tu sais que Nashville, Calgary et même Los Angeles ont des recruteurs dans les gradins, tu ne fais pas jouer certains gars par accident. Tu choisis qui tu montres. Et surtout, qui tu protèges.
Dans cette optique, le signal est clair : Engström est protégé. Xhekaj et Struble sont évalués. Beck est observé. Evans est repositionné sur le marché des transactions.
Et le Canadien, sans annoncer quoi que ce soit, fait exactement ce qu’une organisation intelligente fait avant une transaction majeure : elle contrôle le narratif par l’alignement.
Kent Hughes n’a pas besoin de parler. Il laisse St-Louis parler pour lui avec ses décisions. Et le message envoyé à la ligue est clair : Montréal est actif, Montréal est ouvert, Montréal a des pièces, mais Montréal sait exactement lesquelles il est prêt à sacrifier et lesquelles il refuse catégoriquement de toucher.
Ça ne veut pas dire qu’une transaction est imminente demain matin. Ça veut dire que le terrain est préparé. Que les discussions sont avancées. Et que, quand le moment viendra, personne ne pourra dire que le Canadien a improvisé.
En attendant, le gel des transactions pour Noël commence le 20 décembre. Kent Hughes a moins d'une semaine pour bouger.
Excitant...
