Le ciel tombe sur la tête d'Arber Xhekaj

Le ciel tombe sur la tête d'Arber Xhekaj

Par David Garel le 2025-11-06

ll fut un temps, pas si lointain, où Arber Xhekaj incarnait la peur, la force et l’intimidation. Un défenseur sans repêchage, devenu symbole de courage et de robustesse, capable de faire taire une patinoire entière d’un seul coup de poing.

On parlait de lui comme du nouveau shérif de la LNH, celui qui allait imposer la loi du respect physique, celui qui donnerait à Montréal son titre de "House of Pain". Ce temps-là... est déjà terminé...

Car depuis quelques jours, tout s’effondre autour du numéro 72 du Canadien. D’abord, Cogeco a largué une véritable bombe en affirmant que le CH ne lui faisait plus confiance, que Xhekaj n’était « pas un défenseur régulier de la LNH », qu’il ne pouvait pas « manger des minutes en désavantage numérique » et qu’il devenait même « nuisible » pour la progression de l’équipe.

Ce verdict brutal n’a pas tardé à trouver écho dans le vestiaire et chez les observateurs. Et voilà maintenant que TVA Sports enfonce le clou : Xhekaj n’est même plus considéré comme un bagarreur d’élite dans la ligue.

Mardi soir, devant un Centre Bell médusé, Nicolas Deslauriers a détruit le mythe du shérif. Une bagarre inutile, déclenchée alors que le Canadien menait 4-3.

Le genre de moment où le défenseur n'aurit pas dû donner le momentum à D-LO.

Mais Xhekaj, fidèle à son instinct de boxeur, a levé les poings contre l’un des vétérans les plus respectés de la ligue. Mauvaise idée.

Deslauriers l’a secoué. Littéralement. Un, deux, trois coups francs. Xhekaj a plié les genoux, visiblement ébranlé.

La scène, diffusée à répétition sur les réseaux sociaux, a fait le tour du monde du hockey. Quelques secondes plus tard, les Flyers ont créé l’égalité, profitant d’un CH déstabilisé par la perte de momentum. Le Canadien a finalement perdu 5-4 en fusillade, mais l’image qui restera, c’est celle du Shérif à genoux, dominé, dépassé.

Renaud Lavoie l’a résumé avec justesse sur les ondes de TVA Sports : 

« Arber Xhekaj est un pugiliste en devenir, mais pour être numéro un, il faut battre Nicolas Deslauriers. Et pour devenir le meilleur, il faut battre Mathieu Olivier. »

Et c’est bien là tout le problème : il a déjà perdu contre les deux.

Même TVA Sports le rabaisse : il n’est plus dans l’élite.

Dans le segment de JiC, Renaud Lavoie a mis des mots sur une réalité que plusieurs voyaient venir : 

« Xhekaj fait partie du top 5, mais il n’est pas le meilleur. Il n’est plus le shérif. » 

À ses yeux, la nouvelle référence du combat dans la LNH s’appelle Mathieu Olivier, un joueur plus petit (6 pi 1), mais plus intelligent, plus technique, plus calculateur. 

« Sa technique me fait penser à Georges St-Pierre », a ajouté Lavoie, soulignant que le hockey moderne récompense les bagarreurs capables de réfléchir avant de frapper.

« Est-ce que c’était le plus gros, le plus grand, celui qui avait l’air le plus méchant dans un ring? Absolument pas. Avez-vous vu sa technique?»

«Quand je regarde Mathieu Olivier, sa technique est tellement développée. Je ne vois pas comment il pourrait un jour se faire passer le K.-O. ou qu’il va mal paraître dans un combat.»

Alors que Xhekaj semblait un enfant qui se fait corriger par le plus fort de la cour d'école contre Deslauriers. 

Et tout le monde se souvient de sa cinglante défaite contre Olivier:

Xhekaj est encore jeune par rapport aux meilleurs bagarreurs, qui ont généralement autour de la trentaine. L’Ontarien a déjà 24 combats en saison régulière à son actif, et il ne deviendra que meilleur avec ses poings.

Mais dans ce monde-là, Xhekaj semble coincé entre deux époques : trop lent mentalement pour la vitesse actuelle de la LNH, trop prudent pour être utile physiquement car il ne veut pas se faire punir par Martin St-Louis, trop imprévisible pour qu’un entraîneur comme Martin St-Louis lui fasse confiance. Il est devenu une pièce instable dans une machine bien huilée.

La perte de confiance est complète à Montréal.

Les chiffres ne mentent pas. Contre les Flyers, il a joué seulement 10 minutes. Des peanuts.

Depuis plusieurs matchs, Xhekaj stagne au bas du classement des temps de glace, loin derrière des défenseurs plus stables comme Jayden Struble ou Alexandre Carrier.

Jean-François Chaumont a confirmé sur les ondes de BPM Sports que le Canadien était désormais à la recherche d’un défenseur de profondeur pour occuper ce rôle de sixième ou septième arrière.

Le nom de Mario Ferraro, défenseur gaucher des Sharks de San José, revient avec insistance. À 27 ans, 5 pieds 11, 200 livres, il représente tout ce que le Canadien veut : un joueur fiable, constant, capable de jouer 20 minutes sans commettre l’irréparable. 

Ferraro gagne 3,25 millions par année et sera agent libre l’été prochain. Son profil est exactement celui d’un défenseur de troisième paire, le contraire parfait d’un Xhekaj trop souvent imprévisible.

Et si le nom de Ferraro fait rêver Kent Hughes, d’autres scénarios circulent déjà dans les coulisses.

Selon plusieurs sources, dont Jean-Charles Lajoie, Xhekaj pourrait faire partie d’un package deal avec les Prédateurs de Nashville pour Ryan O’Reilly ou Nazem Kadri.

Ce serait un scénario logique : Nashville et Calgary veulent se rajeunir, Montréal veut un vrai centre.

Évidemment, Xhekaj serait un throw-in et non la pièce principale. Mais sa valeur est toujours aussi élevée sur le marché des transactions. 

Et si on parle de marchés réels, les Bruins de Boston, même si Pierre LeBrun continue d'affirmer que Pavel Zacha n'est pas sur le marché, adoreraient avoir un joueur comme Xhekaj dans leur effectif.

Même chose à Chicago, où il protégerait Connor Bedard et Frank Nazar, et à Philadelphie, où Daniel Brière rêve d’ajouter un policier à sa défensive.

Patrick Roy, à Long Island, n’a jamais caché qu’il voulait un joueur capable de protéger ses jeunes, notamment Matthew Schaefer, rudoyé récemment par Nikita Zadorov dans une bagarre pratiquement générale entre les Islanders et les Bruins.

Bref, si Kent Hughes décidait de le mettre sur le marché, il y aurait des acheteurs. Beaucoup d’acheteurs.

Mais à quel prix ? C’est là que la situation devient plus complexe. L’an dernier, Xhekaj valait un choix de première ronde tardif. Aujourd’hui, selon plusieurs recruteurs, sa valeur demeure intéressante, mais elle a baissé.

Pourquoi une telle dégringolade ? Parce que le Xhekaj d’aujourd’hui n’inspire plus la peur. Il n’est plus ce joueur capable de dicter le ton d’un match. Il frappe moins, se bat mal, et coûte des buts. Il n’est plus un atout. Il est devenu une énigme.

Ce qui tue le plus Xhekaj, c’est qu’il ne sait plus ce qu’il doit être. On lui a demandé de calmer son jeu, d’être plus stable, plus discipliné, plus “coach friendly”. Résultat : il ne frappe plus, il ne s’impose plus, il ne se distingue plus.

Martin St-Louis a déjà prouvé qu’il n’hésitait pas à sacrifier un joueur qui ne cadrait plus dans sa vision, et tout indique que Xhekaj est le prochain sur la liste.

À court terme, une transaction semble inévitable. San Jose représente une option logique : peu de pression, beaucoup de minutes, une équipe en reconstruction où Xhekaj pourrait retrouver son identité. 

Mais le symbole serait cruel : le Shérif exilé dans le Far West...

Le ciel est véritablement tombé sur la tête d’Arber Xhekaj. En quelques semaines, il a perdu son rôle, sa confiance, son aura et même sa ceinture symbolique.

Ce n’est plus le shérif de la LNH, ce n’est plus le défenseur indestructible qu’on craignait à ses débuts. Il est devenu un joueur de fond de rotation, fragilisé, dépassé, à la merci du marché.

Renaud Lavoie l’a dit : pour être le meilleur, il faut battre les meilleurs. Et Xhekaj n’y arrive plus. Il a perdu contre Olivier, contre Deslauriers, et maintenant contre lui-même.

À Montréal, le message est clair : on tourne la page.

Le Shérif n’a plus d’étoile sur sa poitrine. Seulement un point d’interrogation sur son avenir.