La fin du shérif: Arber Xhekaj a tout perdu à cause de Matt Rempe

La fin du shérif: Arber Xhekaj a tout perdu à cause de Matt Rempe

Par David Garel le 2025-11-22

Arber Xhekaj a vraiment tout perdu... par ego...

Il était perçu comme le joueur le plus intimidant du Canadien de Montréal, un défenseur pourri echniquement mais essentiel à l’ADN de l’équipe, un "Shérif" qui dissuadait physiquement les équipes adverses de s'en prendre à ses coéquipiers, un personnage devenu culte au point de voir sa popularité éclater sur les réseaux sociaux.

Aujourd’hui, il est devenu l’ombre de lui-même. Dans un match pourtant parfait pour redéfinir son rôle, un coup vicieux de Tom Wilson contre Jake Evans et un doucle-échec sur Ivan Demidov, un Centre Bell outré, une humiliation collective, Xhekaj n’a non seulement pas jeté les gants, mais il n’a même pas distribué une seule mise en échec.

Une absence de réaction qui tranche avec l’image qui l’avait propulsé au somme des boxeurs de la LNHt, et qui a déclenché une tempête sociale et médiatique que personne n’aurait imaginée il y a un an.

Sur Instagram, il a dû effacer des dizaines de commentaires hostiles. On l’accuse de lâcheté, d’abandon, de trahison envers ses coéquipiers. Le narratif est violent, irrationnel, mais réel : la lune de miel est terminée. Xhekaj est devenu une cible.

Ce qui rend cette situation encore plus troublante, c’est qu’elle s’inscrit dans un contexte que très peu de partisans connaissent publiquement : Xhekaj était autrefois entraîné par Georges Laraque, au moment précis où il était au sommet de sa réputation de bagarreur dans la LNH.

C’est cette période où il frappait, intimidait, et où il semblait porter naturellement le rôle de shérif. Mais tout s’est brisé au moment où Laraque a commencé à entraîner un autre homme fort, Matt Rempe.

Xhekaj ne l’a pas accepté et la relation s’est coupée net. Depuis, Xhekaj n’a jamais retrouvé la même technique, ni la même assurance. Et selon les propos même de Laraque, il ne l’a pas rappelé, par orgueil, par fierté mal placée, par refus de cohabiter avec le développement d’un autre dur de la ligue.

C’est dans ce contexte que les propos de Laraque sont explosifs. Il ne se contente pas de commenter une performance ordinaire, il fracasse directement l’identité du joueur, avec des mots qui portent le poids d’une déception personnelle.

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Arber a-t-il perdu son facteur X? 🥊🔥

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« Hier, Arber,  tu n’as pas fait la job. Hier, c’était même honteux. Non seulement t’as aucune mise en échec dans le match, le gars Wilson assomme Evans qui ne finit pas le match, en plus il assène un double-échec à Demidov. Qu’est-ce que tu fais ? Rien. Tu n’as même pas sauté dessus, tu n’as même pas frappé personne. »

Là où certains excusent Xhekaj parce qu'il suivrait les ordes de Martin St-Louis, Laraque balaie tout :

« Je suis désolé, mais si Arber Xhekaj n’intimide pas, ne frappe pas l’adversaire, il ne sert à rien. S’il n’y a plus de facteur X avec le Canadien de Montréal, pourquoi il est dans le lineup ? »

Ce passage est le cœur du malaise, parce qu’il frappe exactement là où Xhekaj était le plus admiré : sa raison d’exister au sein du club.

L’autre volet du propos de Laraque vise directement l’encadrement actuel du joueur. Il dénonce son apprentissage, sa technique de combat, sa transformation défensive, et il sous-entend que l’entraîneur actuel de combat (PJ Stock) est responsable de son affaiblissement.

« Je ne sais pas qui lui a montré à se battre de même, mais cette personne-là, vous avez tué sa confiance. »

On y voit l’ombre du petit Stock, qui a été mandaté par l’organisation après la rupture Xhekaj-Laraque. Et Laraque pousse plus loin :

« Peut-être que lui, il s’est dit : je ne veux pas aller le voir parce que je n’ai pas confiance si je me bats avec (Wilson). »

Derrière cette phrase, il y a une accusation simple : Xhekaj refuse de se battre parce qu'il reçoit des volées après volées. d’être coaché par le meilleur bagarreur de l'histoire de la LNH parce qu’il n’a pas accepté que Georges  entraîne aussi quelqu’un d’autre. Ce n’est plus seulement une question technique, mais une question d’ego.

Ce passage se combine à un reproche encore plus lourd : l’absence de leadership derrière le banc. Laraque utilise Patrick Roy comme contre-exemple direct :

« Quand Romanov s’est fait frapper à Dallas, il a sauté les gonds, il a gueulé, il a réagi. »

Puis il compare :

« Si tu avais réagi comme ça, peut-être que s’il y a un de ces trois-là qui dort, il aurait fait de quoi. »

Et l’attaque finale tombe, sans pitié :

« S’il n’y a personne qui fait rien, tu le pognes par le collet, tu lui dis : on retourne sur la glace, punition, suspension, mais fais quelque chose. » Dans la bouche d’un ancien guerrier respecté, ce n’est pas une analyse : c’est un verdict.

La chute du shérif n’est pas physique, elle est psychologique, mais surtout, elle est arrivée car Xhekaj s'est fait avoir... par son orgueil..

Au final, c'est Matt Rempe, indirectement, qui l'a détruit. Xhekaj ne sait plus quel est son rôle, ne sait plus qui suivre, ne sait plus qui écouter, ne sait plus s’il doit se protéger ou protéger les autres. Il a perdu sa technique, il a perdu son statut, et il a perdu sa ville.

Et tant que son ego empêchera un rapprochement avec celui qui l’a façonné, tant qu’il restera prisonnier d’un système qui valorise son calme au lieu de sa brutalité, tant qu’il ne frappera plus, il ne retrouvera jamais sa place.

Laraque, le coeur sur le main, lui envoie un message qui touche droit au coeur:

« Arber, appelle-moi. Je suis là. Tu veux apprendre à te battre, tu veux retrouver ta confiance? Appelle-moi. Qu’est-ce que t’attends? »

« Et le Canadien aussi, vous pouvez m’appeler. Si vous voulez que votre gars redevienne un shérif, je suis disponible n’importe quand. »

Et si la solution était simple, désagréable, mais nécessaire : avaler sa fierté, rappeler Laraque, redevenir dangereux.

Car si Xhekaj n’est pas intimidant, il n’a plus de raison d’être. Et Montréal n’a plus de shérif.