Décidément, Martin St-Louis ne respectera jamais Arber Xhekaj.
Le match d'hier soir contre les Bruins restera gravé dans la mémoire collective parce qu’il révèle quelque chose de profond, humain, de plus brutal aussi.
Arber Xhekaj a risqué sa santé pour son coach hier en jetant les gants contre les géant Nikita Zadorov.
On a vu un joueur qu’on a tenté de casser, qu’on a puni, isolé, humilié parfois, mais qui refuse obstinément de disparaître.
On l’a enterré vivant depuis des semaines, on a commenté sa chute, ses envois dans les gradins, son conflit ouvert avec Martin St-Louis.
On a analysé ses combats perdus, ses corrections où il s'est fait tabasser devant tout le monde, son rôle toxique, et pourtant, hier soir, dans un contexte où tout indiquait qu’il aurait pu se protéger, rester discret, faire le strict minimum pour survivre à la soirée, Xhekaj a choisi l’option la plus dure : il a affronté un monstre de 6 pieds 7 et 255 livres, sans détour, sans recul, sans peur apparente, et il a tenu debout.
La combat a mal commencé et aurait pu se terminer dans le drame. Mas Xhekaj a survécu et a même connecté quelques coups de poings au visage du Russe.
On a vu un gars qui accepte la réalité de ce qu’il est, de ce qu’on attend de lui, même quand on ne lui donne presque rien en retour.
Mais là, le malaise devient impossible à ignorer : sept minutes quarante-deux secondes de temps de jeu.
7:42 pour un défenseur qui se bat contre un colosse, qui met son corps, sa tête, sa santé sur la ligne, qui assume le rôle le plus ingrat et le plus dangereux de ce sport, dans une ligue où les carrières se terminent parfois en seul coup de poing.
C’est presque obscène. Ce n’est pas une gestion prudente. Ce n’est pas un ajustement tactique. C’est un message.
Si Xhekaj joue 7:42 dans un match aussi physique, contre les rivaux de Boston, à quoi sert-il?
Le message de Martin St-Louis dit tout : tu peux te battre, tu peux saigner, tu peux faire ce que tu veux, mais ta place ne changera pas.
Le plus triste, c’est que Xhekaj n’a jamais cessé de chercher une seule chose : l’approbation de son entraîneur. Juste un regard pour lui dire qu'il est encore désiré, encore utile, encore respecté.
Mais Martin ne respecte pas Arber.
Et c’est là que le cœur du problème éclate au grand jour, parce qu’on ne parle plus seulement de hockey, on parle de valeur humaine, de reconnaissance, de ce qu’un entraîneur est prêt à prendre d’un joueur sans jamais vraiment lui redonner.
Sur les réseaux sociaux, la réaction n’a rien d’une controverse artificielle : elle est lourde, triste, presque résignée.
Les gens ne célèbrent pas un combat spectaculaire, ils compatissent avec un gars qui donne tout et reçoit des miettes.
On ne voit pas un défenseur marginal, on voit un guerrier fatigué, un joueur qui se bat littéralement pour sa survie professionnelle pendant que son avenir s’effondre à Montréal minute par minute.
Parce que oui, Xhekaj devient agent libre avec compensation, et oui, tout indique que son avenir n’est plus avec le CH.
Clairement, il va recevoir une offre hostile. Surtout, il va vouloir aller jouer pour un coach qui ne le méprise pas et dans une ville qui va le traiter comme un défenseur top 6 et non comme de la chair à canon.
Peu importe ce qu’il fait, Martin St-Louis l'enterre vivant.
Ce qui donne des frissons, ce n’est pas seulement le combat contre Zadorov, c’est la mentalité derrière ce geste.
Xhekaj aurait pu se coucher. Il aurait pu éviter le duel, jouer petit, traverser la rencontre en mode survie, surtout après tout ce qu’il a encaissé cette saison. Il ne l’a pas fait. Il a choisi d’être fidèle à lui-même, même si cette fidélité semble désormais incompatible avec la vision de son entraîneur.
Et c’est là que 2025, qui se termine dans une atmosphère de pause, de bilans et de réflexions, force une question inconfortable : jusqu’où est-on prêt à laisser un joueur risquer sa santé, son avenir, sa réputation, pour ensuite le reléguer à un rôle honteux et humiliant?
On peut défendre Martin St-Louistant qu’on veut, parler de structure, de discipline, de développement à long terme, mais il y a une ligne fine entre encadrer un joueur et l’user jusqu’à l’os.
Xhekaj n’est pas un enfant. Il comprend ce qui se passe. Il comprend que sa trajectoire à Montréal est en train de se refermer, non pas parce qu’il manque de courage ou d’engagement, mais parce qu’il n’entre plus dans le moule idéologique de celui qui décide. Et malgré ça, il continue de se battre. Littéralement.
C’est pour ça que ce match-là glace le sang. Parce qu’il montre un gars qui n’abandonne pas, même quand tout indique qu’il devrait penser à lui, à sa famille, à sa carrière future.
Imaginez sa mère et son père quand ils voient leur fils tout sacrifier pour plaire au coach... et qui se fait enfoncer devant tout le monde.
C’est la preuve qu’on peut encore demander le maximum à Arber Xhekaj… sans jamais lui offrir le minimum en retour.
Et à Montréal, en cette fin d’année 2025, c’est une réalité qui fait mal à regarder. Cette relation humaine brisée qui n’a jamais été réparée.
Martin St-Louis a non seulement retiré à Arber Xhekaj son rôle, il lui a retiré son identité. Il lui a dit publiquement de ne plus être « le shérif », il a minimisé ce qui faisait de lui un joueur à part, il a laissé entendre que sa popularité, son image, ses activités marketing prenaient trop de place, comme si se faire aimer du public était une faute, comme si connecter avec les partisans était un défaut à corriger.
À force de vouloir le transformer, Martin St-Louis a oublié de l’aimer pour ce qu’il était: un joueur imparfait, mais profondément authentique, qui voulait simplement appartenir à cette équipe et à cette ville
On prie pour qu’Arber Xhekaj quitte Montréal. Il mérite bien mieux.
