Est-ce la fin de la carrière d'Arber Xhekaj à Montréal?
Hier soir, le shérif déchu a vu sa carrière basculer.
Hier soir, au Centre Bell, Arber Xhekaj n’a pas seulement refusé un combat. Il a, selon Gilbert Delorme, “refusé sa vocation”.
Et pour l’ancien défenseur du Canadien, aujourd’hui analyste à BPM Sports, l’affaire est réglée :
« C’est la fin de sa carrière à Montréal. »
Le joueur jadis adoré est devenu la tête de turc du Centre Bell et de toute la communauté médiatique de Montréal.
Delorme n’a pas tourné autour du pot, n’a pas cherché à nuancer quoi que ce soit, n’a pas tenté d’expliquer le contexte ou d’offrir une quelconque circonstance atténuante : pour lui, Xhekaj avait l’obligation morale et professionnelle de se battre hier soir.
Non seulement parce que son équipe était au fond du gouffre, mais surtout parce que son rôle, son identité, son ADN dans la LNH repose entièrement sur cette capacité à répondre physiquement lorsque le vent tourne, et qu’il refuse maintenant de jouer le rôle qui lui a permis d'empocher son contrat de deux ans et 1,3 M$ par année.
Delorme l’a dit de manière cinglante:
« Il n’y avait aucune raison de ne pas se battre. Son équipe coulait. C’était son moment. Il ne l’a pas fait. »
Les partisans, déjà exaspérés par ses pénalités inutiles, par son recul défensif honteux, par l’impression qu’il n’est plus le même joueur depuis que Martin St-Louis tente de le transformer en défenseur moderne, ont immédiatement viré au carnage verbal.
Certains se sont moqués avec une cruauté presque comique :
« De retour au Costco? »,
« Joueur médiocre ».
D’autres ont tenté de défendre Xhekaj en blâmant le coach, affirmant qu’il avait été “dénaturé”, qu’on l’avait robotisé, qu’on lui avait interdit d’être lui-même, qu’on avait détruit l’essence même de ce qui faisait sa valeur.
Ben oui toi. Comme si Martin St-Louis était celui qui avait trop peur se se battre hier.
Xhekaj voulait se cacher dans la jupe de sa mère.
Le pire dans tout ça, c’est que pendant que Xhekaj esquive un combat qu’il avait pourtant réclamé quelques jours plus tôt, les rumeurs de transaction prennent soudainement un sens très précis.
Les sources qui mentionnaient que Kent Hughes souhaitait inclure Xhekaj avec un choix de première ronde pour aller chercher Kiefer Sherwood à Vancouver, Ryan O’Reilly à Nashville ou même Jordan Kyrou à St-Louis (si les Blues acceptent finalement de ne plus demander Kaiden Guhle), paraissaient exagérées il y a une semaine ; elles semblent maintenant d’une logique évidente.
La robustesse fait défaut à Montréal. Les entraîneurs, les directeurs généraux et même certains commentateurs affirment que le Canadien est trop facile à intimider.
Or, si le joueur censé être ton justicier se transforme en défenseur hésitant, méconnaissable, prisonnier de son propre doute, il n’y a plus de raison de lui donner une chaise qui repose entièrement sur cette dimension-là du jeu.
Delorme l’a dit, et même ses détracteurs l’ont entendu : « C’est fini. »
Pas fini comme dans “il doit être benché”. Pas fini comme dans “il doit réfléchir”. Non : fini comme dans un joueur qui ne traverse plus l’aura nécessaire pour porter ce rôle à Montréal.
On ne peut pas non plus ignorer que les dirigeants de Vancouver aiment profondément le style Xhekaj, que les Blues le voient comme un morceau potentiel dans une reconstruction partielle, et que Nashville l’avait déjà ciblé comme élément d’un possible échange.
Montréal doit libérer de l’espace à gauche, sans oublier qu'Owen Protz, l’un des prospects les plus intimidants de toute la OHL et futur nouvrau shérif de Montréal, fait déjà trembler des vestiaires entiers.
Xhekaj a bâti une aura énorme, un personnage presque folklorique, un mythe moderne dans un marché qui adore les hommes forts.
Mais quand ce mythe refuse de se lever le seul soir où il doit absolument se lever, il n’y a plus de fondations pour le soutenir.
Et ce qui rend l’effondrement d’Arber Xhekaj encore plus cruel, encore plus embarrassant, encore plus difficile à regarder, c’est le paradoxe absolu entre l’image qu’il s’est lui-même construite au fil des deux dernières années, une image hyper-commercialisée, outrageusement marketée, basée sur son identité de “Shérif”, et la réalité brutale du joueur qu’il est devenu : un défenseur hésitant, peureux, nerveux, incapable d’assumer le personnage qu’il vendait.
Il ne faut pas se raconter d’histoires : personne ne l’a forcé à devenir une figure publicitaire; c’est lui qui a accepté de se mettre sur les panneaux, c’est lui qui a pris le branding du “Shérif” et qui en a fait une mascotte personnelle, c’est lui qui a tourné des publicités de burgers où il jouait littéralement son rôle d’homme fort effrayant, c’est lui qui a accepté que son identité hockey soit transformée en produit de consommation.
Tant que les coups de poing claquaient, Montréal trouvait ça drôle, attachant, même rafraîchissant. Mais quand tu t’affiches comme le gars le plus redouté de la ligue, quand tu construis ton image publique autour de ta force, quand tu utilises ton surnom comme levier marketing, alors tu n’as pas le droit, jamais, de te faire défoncer quatre fois de suite, de reculer devant MacDermid, de te faire démonter par Nicolas Deslauriers, par Mathieu Olivier, par Tanner Jeannot, tout en continuant à passer dans les pubs comme si ta parole avait encore du poids.
Tu penses que “La Belle et La Bœuf” ne panique pas à l’interne? Tu penses que cette chaîne est heureuse de voir son ambassadeur être humilié sur la glace, ridiculisé dans les médias, enfoncé sur les réseaux sociaux?
La vérité, c’est qu’un “shérif” qui perd tous ses duels devient non seulement inutile sportivement, mais toxique commercialement.
Et quand un branding entier repose sur ta capacité à inspirer la peur, à incarner la force, à représenter le chaos contrôlé, puis que tu finis par t’accrocher à la bande en espérant que MacDermid ne te regarde pas dans les yeux, le château s’écroule... et tout le monde t’entraîne dans sa chute.
Le shérif du Costco... doit prendre la porte de sortie...
Hier soir, Arber Xhekaj n’a pas perdu un combat.
Il a perdu Montréal.
