Traitement d'Arber Xhekaj: Martin St-Louis pousse l'insulte à l'injure

Traitement d'Arber Xhekaj: Martin St-Louis pousse l'insulte à l'injure

Par David Garel le 2025-12-31

Pauvre Arber Xhekaj.

Il y a des soirs où une utilisation de temps de jeu devient plus qu’une simple décision d’entraîneur. Elle devient un message.

Et mardi soir en Floride, le message envoyé à Arber Xhekaj n’était ni subtil, ni nuançable, ni défendable. Neuf minutes et trente-neuf secondes.

Pas dans un match perdu à sens unique, pas dans une débandade nécessitant des ajustements désespérés, mais dans un contexte où l’organisation a sciemment choisi de le retirer du jeu par omission, en double-shiftant systématiquement les autres défenseurs pour s’assurer qu’il ne soit jamais une option naturelle sur la glace.

Quand Adam Engström, son partenaire, joue près de deux minutes de plus, ce n’est plus une question de matchups ou de rythme : c’est un affront public.

Parce que soyons honnêtes. Quand un entraîneur décide de surutiliser Noah Dobson, Alex Carrier et Lane Hutson, parfois à la limite du raisonnable, ce n’est pas parce qu’il croit que Xhekaj est fatigué.

C’est parce qu’il ne veut pas le voir. Il ne veut pas prendre le risque. Il ne veut pas l’erreur. Il ne veut pas l’imprévisible.

Et surtout, il ne lui fait pas confiance. Pas après un match. Pas après une séquence. Mais depuis longtemps. Cette relation est fissurée depuis des mois, et chaque nouvelle soirée comme celle-là élargit la fracture.

Ce qui rend la situation encore plus cruelle, c’est le contexte contractuel. Arber Xhekaj gagne 1,3 million de dollars.

Il sera joueur autonome avec compensation cet été. Il n’est pas un vétéran en fin de parcours, ni un espoir interchangeable.

Il est exactement le type de joueur que plusieurs organisations surveillent déjà : jeune, robuste, identifiable, capable de changer l’émotion d’un match, et surtout pouvant atteindre un autre plafond dans un autre environnement.

Et pendant que le Canadien le réduit à un rôle décoratif, sa valeur émotionnelle, pour lui comme pour le marché, se transforme en frustration pure.

C’est là que le dossier devient dangereux pour Montréal. Parce que si le club persiste à l’humilier à petit feu, à le garder dans un rôle résiduel, à l’exposer sans jamais l’installer, les offres hostiles ne seront pas une menace abstraite, mais une réalité.

Et une fois qu’une offre hostile est égalée, le joueur devient inéchangeable pendant un an, coincé dans une organisation où il ne se sent ni désiré, ni utilisé, ni respecté.

La congestion défensive s’annonce déjà énorme avec les retours à venir (Kaiden Guhle), les jeunes qui poussent (Owen Protz, Bryce Pickford), et les préférences claires de l’entraîneur.

Ajouter à cela un Xhekaj mécontent, sous-utilisé et coincé contractuellement, c’est créer une patate chaude inutile.

La vérité, aussi inconfortable soit-elle, c’est que le Canadien doit sérieusement envisager de l’échanger avant d’y être forcé.

Pas par panique. Par lucidité. Dans un “package deal” pour un attaquant top-6, dans une transaction qui fait du sens, pendant que sa valeur existe encore et que son profil intrigue ailleurs.

Le garder pour ensuite le perdre contre des choix de compensation de bas-étage, ou pire, le garder sans rôle clair jusqu’à ce qu’il devienne un problème de vestiaire, serait une gestion catastrophique d’actif.

En ce 31 décembre 2025, la question n’est plus de savoir si Arber Xhekaj peut jouer dans la LNH. La question est de savoir s’il peut encore jouer à Montréal, sous cet entraîneur, dans cette structure, avec ce niveau de confiance. Et tout indique que la réponse est en train de s’écrire, minute par minute… ou plutôt, en l’absence de minutes.

Ce n’est pas seulement triste pour lui.

C’est un échec organisationnel qui approche. Et surtout, c'est une famille qui souffre.

Car au milieu de cette mise à l’écart froide et sans pitié, il y a une réalité qu’on évite soigneusement de nommer publiquement, mais qui pèse lourd : celle de la famille Xhekaj.

Un père immigrant, fier, intense, forgé par l’exil, qui a bâti ses fils dans l’effort, la résilience et la loyauté, et qui voit aujourd’hui son garçon être grugé à petit feu par un entraîneur qui méprise son fils.

Pour ce père-là, ce n’est pas seulement une question de temps de glace ou de décisions hockey : c’est une question de respect. Il a vu Arber se battre pour chaque pouce de glace sans jamais être repêché, devenir un symbole pour les familles issues de milieux modestes, incarner une réussite arrachée à la dure, et il assiste maintenant, impuissant, à une humiliation graduelle déguisée en gestion professionnelle.

Le refus public de Martin St-Louis d’assumer le surnom de « Shérif », alors qu’il est reconnu et validé par le vestiaire, a été vécu comme une trahison. Tout devient une scène où la famille comprend que le message n’est plus sportif, mais personnel.

Quand un père qui a tout sacrifié pour offrir une chance à ses enfants voit un entraîneur effacer l’identité de son fils sans jamais le défendre publiquement, la blessure dépasse le hockey.

Et c’est peut-être là que la fracture est irréparable : pas seulement entre un coach et un joueur, mais entre une organisation et une famille qui n’oubliera jamais comment ce chapitre s’est écrit.