Disparition d'Arber Xhekaj: Martin St-Louis voit rouge

Disparition d'Arber Xhekaj: Martin St-Louis voit rouge

Par David Garel le 2025-10-09

Et voilà que ça recommence.

Chaque début de saison semble relancer le même vieux débat autour d’Arber Xhekaj et de sa place dans l’alignement du Canadien de Montréal.

On croyait pourtant les tensions apaisées, après un camp relativement correct, des déclarations flatteuses dans les médias, et une forme de réhabilitation médiatique orchestrée à grands coups de chroniques bienveillantes.

Même Antoine Roussel avait cru bon de souligner qu’enfin, Xhekaj semblait revenu dans les bonnes grâces de Martin St-Louis.

L’ancienne peste de la LNH avait affirmé sans détour :

« Le Canadien a besoin de ce gars-là en uniforme. Un gars qui a une étincelle qui s’allume dans les yeux quand tu lui donnes un double-échec devant le filet. »

Roussel, qui se reconnaît dans le profil de Xhekaj, voyait même une nouvelle maturité dans son jeu :

« Je l’ai trouvé beaucoup plus mature. Il sait que c’est la qualité de son jeu qui va lui permettre de rester. » Et surtout, il soulignait à quel point Xhekaj avait progressé dans sa gestion des émotions :

« J’ai vu plusieurs séquences où il aurait pu se jeter sur un adversaire, mais il a décidé de reculer. Il a coupé des jeux de cette façon. »

Pour Roussel, cette évolution faisait de lui un atout indispensable :

« Ça te prend ce gars en uniforme. Un gros bonhomme avec une présence rassurante. »

Mais après le premier match de la saison contre les Maple Leafs, la réalité nous frappe comme un train.

Xhekaj n’a joué que 11 minutes. Il a été impliqué directement sur le deuxième but des Leafs, lorsqu’il a laissé Calle Järnkrok complètement libre dans l’enclave. Une erreur défensive majeure, qui a conduit Martin St-Louis à taper violemment sur la bande, en furie.

Le lien de confiance entre le coach et son défenseur semble de nouveau fracturé.

Et ce n’est pas qu’un incident isolé.

À chaque fois que Xhekaj commet une erreur, il disparaît ensuite du match.

Jayden Struble, laissé de côté pour ce match, pourrait réintégrer l’alignement plus vite qu’on ne le croit. Martin St-Louis le considère comme un défenseur plus fiable, plus mobile, plus structuré dans son repli.

C’est lui qui devait affronter Toronto dans la tête de St-Louis, avant que la pression populaire (et peut-être quelques voix dans le vestiaire) n’imposent la présence de Xhekaj.

Or, dès la première erreur, St-Louis a senti le besoin de réaffirmer son autorité. Il ne veut pas que le « Shérif » impose ses règles par la seule force de sa popularité.

Xhekaj, c’est le joueur que Montréal aime aimer. Populaire auprès des partisans, intimidant, charismatique. Mais du point de vue du système, il est une anomalie. Et Martin St-Louis est un entraîneur de système.

Le fameux but de Järnkrok est plus qu’une bourde. C’est un symbole.

Xhekaj s’est retrouvé pris entre deux joueurs, a hésité à suivre la couverture et a laissé l’enclave complètement ouverte.

Et plus inquiétant encore : il n’a pas été revu dans des moments clés du match par la suite. Aucune utilisation en désavantage numérique, aucune montée offensive, aucune présence pour ramener l’émotion.

On s’attendait à un rôle accru. Il n’en fut rien.

Le nom d’Adam Engström circule déjà. Le jeune défenseur suédois, qui a ébloui au camp, attend son tour. À en croire les propos de Martin St-Louis, « il a tout pour une belle et longue carrière dans la LNH », il ne s’agira que d’une question de semaines avant qu’Engström vienne bousculer la hiérarchie.

Il est déjà mieux adapté au système du coach. Fluide, mobile, intelligent sans la rondelle. Si Engström débarque, ce sera au détriment d’un joueur. Et Xhekaj est le maillon faible désigné.

Une transaction inévitable?

Nashville, Philadelphie, Boston… Les offres se multiplieraient en coulisses. Des équipes qui aiment les défenseurs robustes, capables de faire sentir leur présence dès la mise en jeu.

À Boston, on l’imagine déjà comme un parfait « Bruin ». À Philadelphie, comme un digne héritier de l’école « Broad Street Bullies ». À Nashville, comme le partenaire idéal derrière Roman Josi et Brady Skjei.

Et pourtant, Kent Hughes s’entête à le garder.

Pourquoi?

Parce qu’il est populaire. Parce qu’il vend des chandails. Parce que le public l’adore. Dire que cet été, sa valeur sur le marché des transaction était un choix de première ronde selon plusieurs insiders.

Mais sportivement, sa valeur marchande n’est plus aussi haute. Et sa place dans l’alignement, aussi précaire.

Jayden Struble est convoité de partout. Les Bruins ont même exigé son nom dans un package pour Pavel Zacha, aux côtés de Joshua Roy et Oliver Kapanen. L’affaire ne s’est pas faite, mais cela démontre à quel point Struble est perçu comme un actif précieux.

Et pourtant, il chauffe le banc. Parce qu’il y a congestion à gauche. Parce que Xhekaj est intouchable… pour l’instant.

Mais jusqu’à quand?

Si Struble vaut un bon ailier top-6 avec d'autres éléments impliqués… que vaut Xhekaj?

Le lien entre Martin St-Louis et Xhekaj semble s’être brisé une première fois la saison dernière. La réintégration du défenseur n’a jamais été pleinement sincère. Une réconciliation "fake", dictée par les médias, n'est que de la poudre aux yeux.

Mais St-Louis est un coach fier. Il ne tolère pas qu’un joueur défie sa vision du jeu. Il veut du hockey de lecture, de structure, de discipline. Et ce n’est pas ce que Xhekaj lui offre.

Son explosion après le but de Järnkrok (tape sur la bande, visage rouge, regard glacial) en dit long. Il n’en pouvait plus.

Arber Xhekaj est sur un siège éjectable.

Et il le sait. Ses minutes fondent. Son temps d’utilisation diminue. Sa place dans l’alignement est remise en question dès le match numéro un. Et la pression monte.

Il joue avec une peur évidente de l’erreur. Ce qui est ironique, pour un défenseur qui a bâti sa réputation sur le "gut feeling", la robustesse, l’audace.

Et si Xhekaj était simplement le bouc émissaire de Martin St-Louis?

Poser la question, c'est y répondre.

Le CH veut être une organisation qui mise sur l’intelligence, la structure, la vitesse, la lecture du jeu. Pas sur la robustesse gratuite ou la popularité qui cache les bourdes.

Dans le royaume de Martin St-Louis, Xhekaj est un corps étranger.

À moins d’un miracle, il ne finira pas la saison à Montréal. Et plus les matchs avancent, plus les équipes appellent. Kent Hughes le sait.

La seule question qui reste : osera-t-il faire ce que Martin St-Louis semble réclamer en silence?

Une... transaction...