C'est fini pour Arber Xhekaj: le shérif n'est plus

C'est fini pour Arber Xhekaj: le shérif n'est plus

Par David Garel le 2025-10-27

C’est triste, mais c’est la vérité cruel : Arber Xhekaj est complètement perdu. Depuis six matchs, le défenseur le plus redouté du Canadien de Montréal ressemble à une coquille vide, un joueur qui ne sait plus qui il est ni ce qu’il doit faire sur la glace.

Trois mises en échec seulement... depuis six matchs....

Trois. Pour un joueur dont la raison d’être dans la LNH repose sur sa robustesse, c’est un constat dramatique. Et ce constat-là, il porte un nom : Martin St-Louis.

L’entraîneur du Canadien a voulu transformer Xhekaj. Il a voulu faire d’un bagarreur instinctif un défenseur « moderne », calme, stable et cérébral.

En voulant lisser les coins rugueux du « Shérif », il a tout simplement détruit l’essence même de ce qui faisait sa valeur. Les conséquences sont graves: on voit un joueur méconnaissable, hésitant, qui ne frappe plus, qui ne s’impose plus et qui n’a plus aucun impact.

D’un géant intimidant à un joueur fantôme... c'est fini pour le Shérif.

On se souvient encore du Xhekaj de ses débuts : un gars qui faisait lever le Centre Bell à chaque présence. Chaque fois qu’il sautait sur la glace, les adversaires levaient la tête.

Il incarnait la fierté, la peur, le respect. Aujourd’hui, ce même joueur erre sans direction, bloqué dans une cage mentale imposée par son entraîneur.

Les chiffres sont impitoyables :

vs Rangers : 10 min 20.

vs Sabres : 13 min 08.

vs Flames : 12 min 16.

vs Oilers : 8 min 49.

vs Canucks : 6 min 37.

Et pendant ce temps, Jayden Struble engrange les minutes (jusqu’à 19 par match) et la confiance du coach. Xhekaj, lui, joue de moins en moins, puni à la moindre erreur, cloué au banc dès qu’il dévie du plan.

C’est clair : Martin St-Louis l’a abandonné.

Une identité étouffée par le système.

Comme l’a expliqué Anthony Martineau à juste titre, ce qui distingue Arber Xhekaj dans cette ligue, ce n’est pas son maniement de rondelle ou sa relance.

Ce sont ses mises en échec, sa présence, sa capacité à faire peur. C’est pour ça qu’il est dans la Ligue nationale. Parce qu’il frappe. Parce qu’il change le ton d’un match.

Mais depuis que Martin St-Louis lui demande d’être « plus stable », « plus calme », le message s’est brouillé. Xhekaj ne frappe plus, n’ose plus, ne tente même plus de se faire respecter. Il a perdu son instinct.

Et c’est là que réside le problème fondamental : tu ne peux pas faire d’Arber Xhekaj un joueur normal. Ce n’est pas sa nature. Ce n’est pas son ADN. Si tu lui dis de cesser de frapper, de ralentir, de réfléchir avant chaque geste, tu le tues. Tu lui enlèves sa raison d’être.

Les images récentes en disent long. Xhekaj se fait battre dans les coins, recule dans les batailles, évite le contact. On le sent ailleurs. Comme s’il se demandait constamment :

« Est-ce que je vais me faire chicaner si je frappe ? » Ce n’est plus un joueur de hockey. C’est un soldat qui a peur de bouger sans autorisation.

Et pendant ce temps, les adversaires le sentent. Les attaquants ne lèvent plus la tête en entrant en zone montréalaise. Le numéro 72 n’impose plus aucune crainte. Ce qui était jadis un atout majeur est devenu une faiblesse visible.

St-Louis lui a volé son « edge », son mordant, son aura. Et à travers tout ça, le Canadien perd une partie de son identité. Parce que Xhekaj représentait quelque chose : la robustesse, la fierté, le caractère.

Le plus inquiétant, c’est que ces derniers matchs montrent clairement une sanction déguisée. À Vancouver, après deux pénalités évitables, Xhekaj a été cloué au banc pendant toute la troisième période. Six minutes trente-sept au total. C’est un effacement volontaire.

Et St-Louis peut bien dire en conférence de presse qu’il « ne perd pas patience », la vidéo captée au banc montre tout le contraire. Le regard de mépris, la tête secouée, les bras croisés : le lien de confiance est brisé.

Le coach l’a découpé en morceaux psychologiques. Chaque présence est désormais un test. Chaque jeu raté devient un dossier à charge. Xhekaj ne joue plus pour gagner, il joue pour éviter la punition.

C’est tragique, parce qu’à 24 ans, Xhekaj avait encore tout pour devenir un défenseur complet. Sa progression était réelle. Il avait amélioré sa relance, son positionnement, sa lecture du jeu. Mais à force de le rabaisser, de lui couper le temps de glace, de le forcer à jouer contre nature, St-Louis est en train de détruire sa carrière.

Ce n’est plus une question de système. C’est une question d’humain. D’un joueur brisé intérieurement. D’un gars qui a été dénaturé par un entraîneur qui veut tout contrôler.

Et dans l’entourage du joueur, ça gronde. Son agent n’en peut plus. Sa famille est blessée. On parle d’un père fier, d’une mère qui a tout donné, d’une famille d’immigrants qui a vu leur fils gravir chaque échelon à la sueur de son front. Voir Arber réduit à un figurant, puni, méprisé, c’est une honte.

Même certains coéquipiers n’en reviennent pas. Ils voient la différence entre le joueur confiant du camp et le fantôme actuel. Ils savent que ce n’est pas un manque de talent, mais un manque de liberté.

On en est rendu à un moment où tout peut exploser. Si Martin St-Louis ne relâche pas sa laisse qui tient le défenseur comme un chien battu, Xhekaj va demander une transaction. C’est inévitable. Il sait qu’il ne retrouvera jamais sa place ici.

Et d’un point de vue sportif, ce serait une tragédie. Parce qu’ailleurs, il serait immédiatement un défenseur top 6 assuré. À Philadelphie, Daniel Brière l’attendrait à bras ouverts. À Boston, il serait idolâtré. À Chicago, il serait l’exemple parfait pour protéger les jeunes prodiges Bedard et Nazar.

Mais à Montréal, il est devenu le symbole de ce que St-Louis ne veut plus voir : la robustesse, la protection des frères dans la chambre, le hockey de cœur.

À ce stade-ci, deux options s’offrent au Canadien :

Redonner à Xhekaj la liberté d’être lui-même et donc accepter les erreurs qui viennent avec un jeu physique.

Ou l’échanger avant qu’il ne s’éteigne complètement et que sa valeur fonde comme neige au soleil.

Parce que continuer ainsi, c’est l’enterrer vivant.

C’est la fin d’une relation. St-Louis et Xhekaj ne se comprennent plus, ne se respectent plus, ne se supportent plus. Et le plus triste, c’est qu’en détruisant le « Shérif », St-Louis détruit aussi un symbole du Canadien.