Scandale à Montréal.
Les chiffres claquent comme des gifles. Après les 7 minutes 42 secondes de temps de glace contre les Bruins avant Noël, qu’on avait déjà qualifiées de scandaleuses tant elles ressemblaient à une humiliation calculée, voilà qu’on descend encore plus bas: 7 minutes 15 secondes à Tampa Bay.
Peu importe ce qu’il fait, peu importe ce qu’il encaisse, peu importe ce qu’il donne. Les chiffres d'hier soir sont impitoyables : 0-7 au chapitre des tirs à cinq contre cinq quand Xhekaj est sur la glace, une présence directement fautive sur le deuxième but, une lecture tardive, une rondelle mal protégée au pire moment, un instant d’hésitation qui coûte cher, et immédiatement, le couperet tombe.
Imaginez. Il a obtenu deux présenses en 28 minutes après sa faute sur le 2e but du Lightning.
Comme si une seule erreur suffisait à effacer tout le reste, comme si, dans cette équipe, certains n’avaient droit qu’à un seul faux pas pendant que d’autres accumulent les erreurs sans jamais voir leur chaise se rapprocher du banc.
Le malaise, c’est que cette gestion n’est plus cohérente, ni sportivement, ni humainement, parce qu’on parle d’un défenseur qui venait de se battre, d'assommer Scott Sabourin, de provoquer une réaction, de créer un moment de chaos pur... celui que n'importe quel coach rechercherait.
Mais dès qu’il est question de lecture défensive ou de jeu sans la rondelle, Xhekaj etrouve jugé selon un barème différent, beaucoup plus sévère que les autres, comme si son dossier était déjà clos dans la tête de l’entraîneur.
Et à partir de là, une question devient inévitable dans le vestiaire comme autour de l’équipe : à quoi bon continuer à risquer son corps si la sanction tombe au moindre faux pas, si l’erreur n’est jamais un moment d’apprentissage mais toujours un prétexte pour disparaître de la rotation ?
C’est exactement pour ça que l’entourage de Xhekaj est épuisé, à bout de souffle, convaincu que la confiance ne viendra jamais, que le regard posé sur lui est figé, et qu’à Montréal, peu importe les combats gagnés, peu importe l’identité retrouvée, il sera toujours un joueur en sursis.
Sa mère et son père son tannés qu'on le traite comme un moins que rien. Mais surtout, c'est son agent qui va perdre patience.
Il est clair qu'en ce moment Arber Xhekaj veut se faire échanger... ou recevoir une offre hostile cet été.
Le plus ridicule dans tout ça, c’est que le contexte ne joue même pas contre lui : Kaiden Guhle n’est pas encore revenu, la congestion n’est pas totale, et malgré ça, on sent déjà que le prochain match pourrait très bien se jouer sans lui.
Martin St-Louis aimerait clairement ramener Adam Engström dans la formation. Le coach préfère de loin sa lecture du jeu, sa fluidité et son intelligence au "Hockey IQ déficient" de Xhekaj,
Cette saga commence à ressembler à une impasse. Parce qu’il faut être lucide : le Canadien n’a pas l’intention de construire avec Xhekaj.
Martin St-Louis est en train de l'humilier sur la place publique. Xhekaj deviendra agent libre avec compensation cet été, un statut qui change complètement l’équation.
Xhekaj veut être payé davantage que ses 1,3 M$ par année qu'il reçoit en ce moment. Et le CH ne lui demandera jamais ce qu'il veut.
Imaginez. Martin St-Louis lui donne à peine 7 minutes par match. Pensez-vous vraiment que le CH va vouloir augmenter son salaire annuel cet été?
Avec le passé pauvre de sa famille, le défenseur veut toucher le maximum pour lui et ses proches. Chaque cenne compte pour son compte en banque. Chaque seconde sur la glace compte pour ses négociations de cet été.
Xhekaj n'acceptera pas un salaire en-bas de 2 millions par année pour jouer sept minutes par match, pour vivre dans la peur du prochain crochet du banc, pour être constamment pointé du doigt sur la place publique.
Il demandera un rôle clair, une identité assumée, une organisation qui accepte ce qu’il est au lieu d’essayer de le transformer en quelque chose qu’il ne sera jamais.
C’est pour ça que les rumeurs prennent autant de place, parce qu’ailleurs dans la ligue, son profil fait saliver.
À Pittsburgh, on le voit déjà comme un protecteur naturel pour une jeunesse en reconstruction.
À Philadelphie, son ADN correspond parfaitement à la culture recherchée.
À Nashville, son style est adoré.
À Seattle, on rêve d’un shérif qui impose le respect sans se faire regarder de travers pour chaque erreur.
Et ce ne sont que des exemples. On pourrait nommer Chicago qui recherche un protecteur pour Connor Bedard et Frank Nazar, ou les Bruins de Boston, dont le DG Don Sweeney a clamé pybliquement qu'il voulait un défennseur robuste. Selon les recruteurs, Xhekaj intéresse plus de la moitié de la ligue.
Mais à Montréal, il est traité comme un moins que rien. Dans ce contexte, il devient légitime de se demander si Xhekaj n’est pas en sursis administratif à Montréal, maintenu juste assez longtemps pour préserver une valeur de marché en vue d'une transaction, mais jamais assez pour s’enraciner réellement.
Et c’est là que le Canadien se retrouve devant un choix qui dépasse l’émotion ou la loyauté envers les partisans qui adore le shérif.
Kent Hughes doit penser en gestionnaire froid, parce que le scénario qui se dessine est dangereux. Si Montréal ne tranche pas maintenant, s’il laisse traîner le dossier jusqu’à l’été, Arber Xhekaj deviendra une patate chaude contractuelle : un joueur frustré, un rôle instable, une valeur sportive sous-utilisée, mais un profil recherché ailleurs.
Plusieurs offres hostiles vont être soumises. Et si le Canadien égale une offre hostile, il se retrouvera coincé : impossible d’échanger le joueur pendant un an.
C’est maintenant, pendant que Xhekaj a encore une valeur sur le marché des transactions, qu’il faut agir. Il faut l'inclure comme pièce d’un « package deal » pour un attaquant top-6.
Attendre, c’est risquer de perdre le contrôle du dossier. Décider, c’est protéger l’organisation... et la carrière du shérif.
Le Canadien devra bientôt faire un choix clair : soit lui donner un vrai rôle et accepter les défauts qui viennent avec son style, soit le laisser partir avant que la situation ne dégénère davantage.
Parce qu’à force d’humiliations publiques, de temps de jeu famélique et de confiance inexistante, on ne parle plus de développement, on parle de rupture annoncée.
Et ce qui rend tout ça encore plus cruel, c’est que malgré les erreurs, malgré le match difficile, malgré les chiffres qui font mal, Xhekaj continue de se battre pour ses coéquipiers, continue de se relever, continue d’encaisser, alors que l’organisation, elle, semble déjà avoir tourné la page.
Tellement injuste.
