Cette fois, il n’y a plus de doute. La vidéo parle d’elle-même. Martin St-Louis, longtemps protégé par son image de coach zen, de mentor bienveillant, vient d’être pris la main dans le sac.
La séquence captée par les caméras de TVA Sports après la pénalité stupide d’Arber Xhekaj contre les Canucks de Vancouver fait froid dans le dos.
Le regard noir, les lèvres serrées, la gestuelle nerveuse : St-Louis explose intérieurement. Pendant que le défenseur retourne au banc, tête basse, on aperçoit clairement l’entraîneur secouer la tête, marmonner quelques mots que ses adjoints ne tentent même pas de calmer.
Officiellement, St-Louis avait toujours nié toute rupture avec Xhekaj. Il répétait que les médias “fabulaient”, que la relation était saine, que le jeune défenseur avait sa confiance.
Mais cette vidéo enterre la version officielle. On y voit un entraîneur excédé, un joueur humilié, et un banc qui gèle sous la tension.
Et le pire, c’est que tout cela se reflète dans les chiffres.
Depuis deux semaines, Arber Xhekaj est le grand perdant du système St-Louis. Son temps de jeu s’effondre match après match : 10: 20 contre les Rangers, 13L08 contre les Sabres, 12:01 face aux Flames, 8:49 face à Edmonton, et à Vancouver ? 6 minutes 37 secondes. Une descente vertigineuse.
Et pendant que lui glisse dans l’oubli, Jayden Struble s’impose. 16:22, 19L09, 12:52, 14: 48, 12: 45. Une progression constante, une confiance sans limite. À tel point qu’aujourd’hui, il n’y a plus débat : Struble est passé devant Xhekaj dans la hiérarchie du Canadien.
Ce qui rend le tout encore plus symbolique, c’est que les deux hommes s’étaient livrés une lutte acharnée au camp d’entraînement.
À l’époque, Xhekaj l’avait emporté. Il avait été meilleur, plus dur, plus efficace. Mais depuis la blessure de Kaiden Guhle, le vent a tourné. Avec la rotation imposée par St-Louis, les deux sont maintenant dans l’alignement chaque soir… sauf que l’un est en ascension, l’autre en disgrâce.
Le match contre Vancouver a tout fait basculer. Deux pénalités évitables, prises loin de l’action, à contre-temps. Des gestes de frustration plutôt que de combativité. St-Louis l’a cloué au banc pour toute la troisième période. Zéro présence. Zéro confiance.
Le message est clair : chaque erreur d’Arber Xhekaj se paie cash. Et dans le langage d’un entraîneur, réduire un défenseur à six minutes trente-sept secondes de jeu, c’est une humiliation en bonne et due forme. Même dans une soirée où le Canadien tirait de l’arrière et avait besoin de robustesse pour changer le momentum, le coach a préféré s’en passer.
Pendant ce temps, Struble, lui, joue son match sans éclat, mais sans faute. Invisible, donc parfait aux yeux de St-Louis. La différence entre les deux hommes ne pourrait pas être plus cruel.
Depuis plus d’un an, cette relation ressemble à un bras de fer psychologique. St-Louis ne supporte pas le côté imprévisible de Xhekaj. Il le trouve trop instinctif, trop émotif, trop “vintage hockey”.
Et Xhekaj, lui, ne comprend pas pourquoi chaque faute est grossie, chaque mise en échec est décortiquée, chaque pénalité devient une affaire d’État.
Les deux hommes ne se comprennent plus.
St-Louis prêche le contrôle, la structure, le calme. Xhekaj vit de passion, de feu, d’instinct. Deux mondes qui se heurtent, sans jamais s’épouser.
On ira même plus loin. Deux hommes... en train de divorcer...
Et à mesure que les matchs avancent, la fracture se transforme en trou sans fin.
La vidéo captée face aux Canucks, où St-Louis perd littéralement patience, n’est pas une anecdote. C’est une confirmation visuelle de ce que tout le monde soupçonnait déjà : le coach ne croit plus en son joueur.
Aujourd’hui, Martin St-Louis a son quatuor de confiance : Matheson, Dobson, Guhle (quand il reviendra), Hutson. Alexandre Carrier a sa place dans le béton comme 5e défenseur droitier. Struble a sa place bétonnée sur la 3e paire.
Viennent le “pion interchangeable”. Et dans cette catégorie, Xhekaj glisse lentement vers la sortie.
Adam Engström pousse fort à Laval et St-Louis a déjà évoqué son désir de “faire jouer tout le monde” cette année.
Le coachprépare-t-il doucement le terrain pour évincer le #72?
Ce n’est pas une question d'utilité. Xhekaj en a. C’est une question de philosophie. Et St-Louis, on le sait, ne pardonne pas ceux qui sortent du moule.
Le paradoxe, c’est qu’à travers la LNH, la cote d’Arber Xhekaj explose. Plusieurs équipes le veulent, et le réclament haut et fort. Philadelphie, encore une fois, reste le club le plus intéressé : Daniel Brière cherche désespérément un défenseur robuste pour protéger Michkov et renforcer son troisième duo.
Les Bruins de Boston adoreraient le voir devenir un "Big Bad Bruins". Et à Chicago, on rêve de le voir débarquer pour protéger Connor Bedard et Frank Nazar.
Les offres ne manquent pas. Et avec son contrat à 1,3 million $, sa jeunesse (24 ans) et son statut de RFA en 2026, il est l’un des actifs les plus attrayants du Canadien.
Mais à Montréal, il est traité comme un figurant.
Le plus ironique dans tout ça, c’est que Martin St-Louis s’était défendu bec et ongles il y a quelques semaines, lorsqu’un journaliste lui avait demandé s’il avait perdu patience avec son défenseur. Il avait balayé la question en disant que les médias voulaient inventer un conflit et que sa relation avec Xhekaj était “très bonne”.
La vidéo diffusée cette semaine prouve exactement le contraire. On y voit tout : le dédain, la frustration, la rupture. St-Louis a beau tenter de sauver la face, la caméra l’a trahi. Et le public, lui, ne s’y trompe plus.
À Montréal, tout le monde sait que St-Louis a ses chouchous. Struble, par son calme et sa fiabilité. coche toutes les cases. Xhekaj, lui, dérange. Il a une personnalité. Il fait du bruit. Et dans un vestiaire où St-Louis veut imposer le silence du respect, ça ne passe pas.
Ce qui rend la situation encore plus délicate, c’est le contexte contractuel. L’été prochain, Kent Hughes devra trancher. Xhekaj voudra “cash-in” après deux saisons à petit salaire. Il sait qu’il vaudra plus ailleurs. Et il sait surtout qu’à Montréal, St-Louis ne lui donnera jamais le rôle qu’il mérite.
Struble ne bougera pas. Guhle est intouchable. Hutson est la pierre angulaire du futur. Mike Matheson va prolonger. Alors qui reste à sacrifier ? Arber Xhekaj.
Et dans les coulisses, tout le monde le sait. Les discussions internes sont déjà entamées. Le Canadien pourrait s’en servir comme theow-in dans un échange impliquant des clubs comme Calgary (Nazem Kadri), Boston (Pavel Zacha), ou même Pittsburgh (Sidney Crosby), où Kyle Dubas cherche encore un défenseur capable de protéger ses jeunes.
Ce qui se joue actuellement, ce n’est pas seulement une baisse de temps de glace. C’est la fin d’un chapitre. Le Shérif de Montréal, celui qui incarnait la fierté, la robustesse et l’espoir d’un retour au hockey dur, est en train d’être effacé de la carte par un entraîneur qui ne veut plus de cette identité.
Et quand un coach cesse de croire en un joueur, le reste n’est qu’une question de temps.
