Arrivée à Montréal: Sidney Crosby brise enfin le silence

Arrivée à Montréal: Sidney Crosby brise enfin le silence

Par David Garel le 2025-09-09

Il aura fallu attendre le "showcase" de la LNH à Las Vegas pour que le capitaine des Penguins, Sidney Crosby, se décide enfin à parler.

Pas à travers des rumeurs, pas par des murmures dans les corridors, mais directement, en personne, devant Pierre LeBrun, journaliste respecté qui suit Crosby depuis le début de sa carrière.

Et ce qu’il a dit, pour la première fois, sonne comme un tremblement de terre dans l’univers du Canadien de Montréal.

Oui, Sidney Crosby a parlé de Montréal. Oui, il a reconnu ce que tout le monde sait déjà : il a grandi fan du Canadien. Et surtout, il a admis que sentir le soutien de cette foule, que recevoir une ovation comme celle du Centre Bell lors du 4 Nations, c’était « quelque chose de spécial » qu’il n’oublierait jamais.

« Comme quelqu’un qui aime jouer dans ce genre d’environnement, j’ai grandi en étant partisan du Canadien de Montréal, recevoir une ovation comme ça ici, c’était vraiment spécial et c’est quelque chose dont je vais toujours me souvenir. »

Et là, soudainement, toute la planète hockey retient son souffle. Parce que Crosby, c’est Crosby. Et chaque mot prononcé par ce monument a un poids énorme.

Interrogé par LeBrun sur la fameuse déclaration de février dernier, alors qu’il avait lancé devant les micros qu’il avait grandi en supportant Montréal, Crosby a souri. Un sourire qui en dit long.

« J’ai déjà dit ça quelques fois », a-t-il répondu, presque gêné. Mais il a ajouté immédiatement, comme pour clarifier : non, il ne semait pas volontairement d’indices. Pas de “bread crumbs”, exactement le terme qu'il a utilisé.

Mais il sait, il comprend. Il est conscient que chaque mot qu’il prononce résonne comme un écho immense au Québec.

« Je comprends, a-t-il dit. J’ai grandi proche, je sais à quel point les partisans du Canadien sont passionnés. Je comprends pourquoi ce genre de rumeurs ressort, surtout quand l’équipe perd. Ce n’est pas facile d’entendre ça quand on perd, mais en même temps, savoir qu’une équipe comme ça te veut… ce n’est pas la fin du monde. »

Cette dernière phrase donne des frissons dans le dos.

« Savoir qu’une équipe comme ça te veut, ce n’est pas la fin du monde. »

Bang. Le son claque comme une gifle dans la LNH. Crosby ne ferme pas la porte. Il ne se cache pas derrière des banalités. Il dit clairement : oui, il sait que Montréal le veut. 

« Je me souviens, je pense que c’était ma première ou deuxième année dans la ligue, j’étais à Montréal pour un événement CCM au mois de juin. Et déjà, ils projetaient les trios pour le camp d’entraînement en septembre. Je me suis dit : “C’est fou. Je n’ai jamais rien entendu de tel. Ils sont tellement investis.” »

Crosby est loyal. Tout le monde le sait. Mais il n’est pas aveugle. Il voit bien que Montréal pourrait lui offrir un environnement gagnant et une expérience de vie. Surtout qu'il est tellement tanné de perdre. Et c’est ce qu’il a expliqué à Vegas.

« Le plus dur dans les défaites, ce n’est pas juste de perdre un match. Ce n’est pas quelque chose dont tu veux discuter. Tu préfères parler de qui on va aller chercher à la date limite ou savoir si on est premier, deuxième ou troisième dans la division. Mais c’est ça, la partie difficile de perdre. Tout le monde pense que tu entends la sirène et que tu as perdu un match et que ça fait mal, mais il y a tellement plus que ça. Il y a les changements d’effectifs. L’inconnu. L’incertitude. Les points d’interrogation — c’est ça qui est difficile. » »

Voilà la vérité. Depuis trois ans, les Penguins n’ont pas fait les séries. Depuis trois ans, le club sombre. Depuis cet été, Kyle Dubas essaie de vendre Erik Karlsson, Rickard Rakell ou Bryan Rust… et échoue.

Pendant ce temps, Crosby voit ses dernières saisons filer. Il a 38 ans. Il sait que la fenêtre se ferme. Et ce qu’il dit à LeBrun, c’est qu’il commence à en avoir assez.

Son agent, Pat Brisson, était à Vegas avec lui. Et Brisson a été droit au but.

« C’est la réalité, a dit Brisson. Ça fait trois ans que l’équipe ne fait pas les séries. Sid vieillit. Il mérite de jouer en séries chaque année. Est-ce que ça veut dire qu’un jour il va devoir envisager de partir? C’est toujours une possibilité. »

Toujours une possibilité. Les mots résonnent fort. Parce qu’avec Crosby, ce n’est pas Dubas qui décidera. Ce sera Crosby lui-même.

Et si Crosby choisit Montréal, si Pat Brisson appelle Kent Hughes en disant « Sid veut finir au Centre Bell », les Penguins n’auront pas le choix.

Brisson l’a dit encore plus fort : « Crosby, c’est comme Tom Brady. »

On connaît la suite. Brady, après avoir tout gagné à New England, est parti à Tampa Bay. Résultat? Une autre bague du Super Bowl.

Crosby, c’est la même chose. Trois Coupes Stanley, deux médailles d’or olympiques, une carrière d’exception. Mais il en veut encore. Et si Pittsburgh continue de s’enliser, pourquoi ne pas écrire le dernier chapitre à Montréal?

Depuis hier soir, Montréal est en ébullition. Parce que ce n’est plus une spéculation lancée par des insiders. Ce n’est plus un fantasme entretenu par les partisans. C’est Sidney Crosby lui-même qui vient de dire :

« Je comprends. Je sais que Montréal me veut. »

Et ça change tout.

Parce qu’en une phrase, Crosby a transformé une rumeur en dossier crédible. En quelques mots, il a donné une légitimité à l’idée qu’un jour, il pourrait enfiler le chandail bleu-blanc-rouge.

Crosby ne l’a pas caché. Il l’a répété hier encore : « J’ai grandi fan du Canadien. »

Il en a parlé avec émotion. Il a raconté comment, jeune, il voyait déjà la folie de Montréal pour le hockey.

« Je me souviens, je venais à Montréal pour un événement CCM, c’était en juin. Et déjà, les journaux projetaient les trios du camp d’entraînement en septembre. Je n’avais jamais vu ça ailleurs. Ils sont fous de hockey. »

Et il a souri. Parce qu’au fond, ça fait partie de lui. Crosby n’est pas un étranger à la culture du CH. Il a grandi dedans. Il a grandi avec cette passion.

Du côté du Canadien, on n’attend que ça. Hughes et Gorton ont bâti une équipe jeune, mais il leur manque encore un élément : un deuxième centre d’élite derrière Suzuki.

Et qui de mieux que Crosby, le modèle de Suzuki, celui qui lui a conseillé d’apprendre le français, celui qui a façonné une génération entière?

Imaginez : Suzuki en capitaine, Crosby en mentor, Laine et Demidov sur ses ailes, Dobson et Hutson à la ligne bleue. Ce serait l’alignement de rêve.

Et ce serait la fin de carrière parfaite pour Crosby.

Pendant ce temps, à Pittsburgh, c’est la tristesse. Parce qu’on comprend maintenant que tout repose sur un fil. Si les Penguins ratent encore les séries, si Dubas ne livre pas, Crosby pourrait demander de partir.

Et si ça arrive. Ce sera pour aller là où il le veut. Et Montréal est en haut de la liste.

Ce serait un deuil immense pour Pittsburgh. Voir leur héros, leur capitaine, finir ailleurs… un crève-cœur. Mais Crosby l’a dit : « C’est ça, le dur, quand on perd. »

À Vegas, Sidney Crosby n’a pas dit « je veux être échangé ». Il n’a pas dit « je viens à Montréal ». Mais il a dit quelque chose de plus puissant encore : il a reconnu publiquement la réalité des rumeurs. Il a validé la passion de Montréal. Il a rappelé qu’il a grandi fan du CH.

Et surtout, il a ajouté, avec un sourire :

« Savoir qu’une équipe comme ça te veut… ce n’est pas la fin du monde. »

Le message est clair. Crosby a ouvert la porte. Pas grande ouverte, mais entrouverte. Et pour Montréal, c’est suffisant pour rêver.

Parce qu’un jour, peut-être dès 2026 après les Jeux olympiques, le Centre Bell pourrait vibrer sous les ovations pour Sidney Crosby en bleu-blanc-rouge.

Et ce jour-là, ce ne sera pas seulement une transaction. Ce sera un tremblement de terre..