Signature à Montréal: Artemi Panarin préfère l'argent

Signature à Montréal: Artemi Panarin préfère l'argent

Par David Garel le 2025-10-31

Plus le plafond salarial monte, plus les vraies valeurs disparaissent. Artemi Panarin, 34 ans, incarne parfaitement cette race de vedettes qui ne cherchent plus à bâtir, mais à maximiser son compte en banque.

Son nom revient dans les rumeurs pour sa prochaine signature sur le marché des agents libres (Minnesota, Islanders, Montréal) , mais à chaque fois, la conclusion est la même : Panarin ne viendra jamais jouer au Canada, encore moins à Montréal. Et ce n’est pas une question de culture, ni de langue. C’est une question d’argent.

Selon Elliotte Friedman, Panarin s’apprête à tester le marché des joueurs autonomes l’été prochain avec une seule exigence : décrocher le plus gros contrat possible. Pas le meilleur contexte sportif, pas la meilleure chimie d’équipe, le plus gros chèque tout simplement.

Il a gagné 11,642,857 $ par saison sur 7 ans avec les Rangers, et même s’il ralentit, il n’est pas prêt à descendre en dessous de la barre symbolique du prestige financier. Panarin est un mercenaire assumé. Il le sait, son entourage le sait, et les dirigeants le savent aussi.

C’est ce qui fait que Montréal est exclu d’emblée de la conversation. Le Canadien, sous Kent Hughes, fonctionne selon une philosophie radicalement opposée.

À Montréal, on parle de structure salariale, de rabais volontaire, d’engagement collectif. Les contrats de Lane Hutson (8,85 M$), Cole Caufield (7,85 M $) et Juraj Slafkovsky (7,6 M$) qui ont tous suivi la hiérarchie de Nixk Suzuki (moins que 8 M$ par année) sont devenus des références de rabais maison dans un marché où le talent s’achète au prix du pétrole.

Panarin, lui, est à l’opposé complet. Il veut être payé... comme le pétrole russe...

Il faut se le dire franchement : Panarin est l’exact contraire de ce que Hughes essaie de bâtir à Montréal. Le directeur général du CH a réussi à implanter une mentalité unique dans la LNH, une sorte de “culture du sacrifice” assumé où les joueurs acceptent de gagner un peu moins pour rester ensemble, progresser ensemble, et laisser de l’espace au plafond salarial pour bâtir une équipe complète.

Cette approche fonctionne. Elle a permis à Hughes de conserver ses jeunes vedettes sans exploser sa masse, et d’attirer des talents comme Noah Dobson et Juraj Slafkovský à des coûts maîtrisés.

Mais Panarin ne rentre dans aucun de ces moules. C’est un électron libre, un joueur qui joue pour lui, qui signe pour lui, et qui choisit sa destination en fonction du montant, pas du projet.

Les rumeurs qui lient Panarin au Canadien reviennent périodiquement, souvent par nostalgie, parce qu’il représenterait un “grand frère russe” pour Ivan Demidov.

Mais c’est un mirage. Panarin n’acceptera jamais les conditions de Hughes. Il ne viendra pas pour encadrer une recrue, il viendra pour encaisser un dernier gros contrat avant la retraite. Ce n’est pas une critique : c’est la réalité de son profil: un joueur... à cash...

Ceux qui espéraient une chimie entre Demidov et Panarin peuvent l’oublier. Le jeune prodige du CH trace déjà sa propre voie, et s’il doit s’inspirer d’un modèle, ce sera probablement de Nikita Kucherov, pas d’un vétéran qui cherche son dernier jackpot.

Panarin n’a plus rien à prouver sur la glace, il veut simplement être payé comme une superstar, même s’il ne joue plus à ce niveau de constance.

Il faut aussi oser le dire : dans le milieu, les Russes traînent la réputation d’aller toujours vers le cash. Ce n’est pas une légende, c’est une tendance que les dirigeants connaissent.

Le contrat de Kaprizov (17 M $) a consolidé ce stéréotype. Pour beaucoup d’agents russes, le succès se mesure en dollars, pas en bagues.

C’est d’ailleurs ce qui rend le cas Demidov fascinant : il pourrait être le premier grand joueur russe moderne à refuser la logique du cash.

À accepter un rabais pour rester à Montréal, par loyauté, par philosophie, par envie de construire quelque chose de durable. Ce serait une rupture culturelle majeure. Là où Panarin voit des chiffres, Demidov pourrait voir du sens.

Pendant ce temps, au Colorado, un autre dossier brûlant redéfinit le marché : Cale Makar. L’Avalanche vient de donner 92 M $ à Martin Nečas sur huit ans (11,5 M $ par saison), et tout le monde sait ce que ça signifie : la prochaine extension de Makar coûtera au minimum 16 à 17 M $ par an.

Elliotte Friedman l’a dit sans détour : “si l’Avalanche réussit à signer Makar pour un penny de moins que Kaprizov, ce serait un miracle.”

Cette nouvelle réalité financière crée une tempête complète. Les salaires montent partout, sauf à Montréal. Kent Hughes a créé l'exception dans un marché en surchauffe.

Ses joueurs gagnent moins, mais restent heureux. Et c’est précisément ce modèle que Panarin refuse. Il ne veut pas d’un environnement où le collectif prime sur le portefeuille. Il veut être payé comme un roi, même si le royaume brûle autour.

Soyons honnêtes : même si Montréal pouvait payer Panarin, il ne correspond pas au plan. Il est trop vieux, trop cher, trop centré sur lui-même.

Et surtout, il ne représente pas le type de joueur que St-Louis veut développer. Le coach prêche la patience, l’humilité, la constance dans l’effort. Panarin est un artiste solitaire, pas un ouvrier du système.

Son jeu, bien qu’encore brillant par séquences, repose sur la liberté totale. À New York, il fait ce qu’il veut. À Montréal, il se heurterait à un encadrement tactique strict, à une organisation obsédée par la structure et l’équilibre. Ce mariage n’aurait jamais tenu plus de quelques semaines.

Tout cela renvoie à une question plus vaste : Ivan Demidov suivra-t-il la voie de Panarin ou celle de Hughes ? Acceptera-t-il à son tour un contrat à rabais pour le bien collectif, ou voudra-t-il, comme ses idoles russes, frapper un grand coup financier dès sa deuxième entente ?

C’est là que tout se jouera. Demidov est jeune, talentueux, déjà adulé. S’il choisit de prolonger à Montréal pour un salaire raisonnable (moins de 10 M$ par année), il brisera le stéréotype des Russes qui veulent faire sauter la banque.

Il deviendra le premier à associer la Russie au collectif avant le cash. Et c’est exactement ce que Panarin, à 34 ans, ne comprendra jamais.

Le Canadien n’a pas besoin de lui, et lui n’a aucun intérêt à venir ici. Ce n’est pas un divorce, c’est une non-rencontre.

Panarin appartient à l’ancien monde, celui où l’argent justifiait tout. Montréal appartient au nouveau : celui où l’on veut bâtir quelque chose de plus grand que soi.