Cela fait maintenant plus de 72 heures qu’Ivan Demidov est officiellement arrivé sur le sol nord-américain pour se joindre au Canadien de Montréal, et pourtant, personne ne l’a encore entendu parler.
Pas une phrase, pas une réponse, pas un regard dirigé vers les journalistes.
Rien.
Seulement un joueur silencieux, enfermé dans une bulle de verre médiatique, bien gardée par la grande prêtresse de l’image du CH, Chantal Machabée.
Et pour ceux qui pensent que c’est un hasard, qu’on attend simplement le bon moment pour faire une annonce officielle, il faut arrêter de rêver : tout est contrôlé, tout est planifié, et c’est volontaire.
Parce qu’ici, à Montréal, le hockey est une religion, et les partisans ne pardonnent jamais un faux pas.
Et surtout, parce que le CH est terrifié à l’idée qu’Ivan Demidov devienne plus gros que l’équipe elle-même, exactement comme ce fut le cas pour P.K. Subban et, avant lui, Patrick Roy.
La stratégie est simple : le faire taire, le garder invisible, l’éduquer en coulisses comme un écolier turbulent à qui on enseigne les règles sacrées de la modestie à la sauce montréalaise.
Demidov n’est pas un joueur ordinaire. Il est un phénomène, un joueur au talent brut, au charisme naturel, adoré avant même d’avoir joué une seule seconde dans la LNH.
Mais ici, à Montréal, on ne tolère pas les vedettes qui brillent plus fort que le logo sur le chandail.
Et c’est là que Chantal Machabée entre en scène, avec son sourire rassurant et sa main de fer dans un gant de soie, pour imposer un Crash Course 101 sur ce que ça signifie de jouer pour le Canadien de Montréal.
Elle est revenue discrètement le 7 avril dernier, après une absence prolongée, et oh surprise, c’est un excellent timing pour préparer la venue d'Ivan Demidov.
Coïncidence? Laisse-moi rire.
Tu ne fais pas revenir la directrice des communications de toute une franchise juste pour de la paperasse.
Tu la fais revenir quand il faut protéger un joyau, construire un narratif, mettre un cadenas sur une bombe à retardement.
Parce que Demidov, c’est exactement ça : un joueur spectaculaire, une machine à clics, un générateur de frissons, et une menace pour la sacro-sainte hiérarchie du CH.
On lui donne quoi en ce moment? Des pratiques, des entraînements en solitaire, des vidéos de vestiaire soigneusement filtrés par l’équipe.
Et surtout, aucune conférence de presse.
Pourquoi?
Parce qu’on veut lui montrer comment parler aux médias, quoi dire, quand le dire, et surtout ce qu’il ne faut jamais dire.
C’est la version canadienne-française de la CIA.
On lui enseigne que la modestie est plus importante que le talent, que le système passe avant l’instinct, et que les flashs des caméras ne sont pas pour lui, même si tout le monde ne regarde que lui.
Demidov a 19 ans, il débarque d’un pays où il pouvait tout dire, tout faire, et où chaque mouvement était documenté par les médias russes.
Ici, c’est le silence qu’on lui impose comme valeur première.
Et le message est clair : pas question de le laisser voler la vedette à Suzuki, à Caufield ou à Lane Hutson.
Pas question de créer une autre star incontrôlable.
On veut un bon soldat.
Mais ce que le CH oublie, c’est que le peuple, lui, est prêt. Les partisans ont faim. Ils veulent entendre le gamin.
Ils veulent savoir ce qu’il pense de Montréal, de sa nouvelle équipe, de cette fin de saison complètement folle où une place en séries est encore en jeu.
Ils veulent savoir s’il a des crocs, s’il a le feu, s’il veut être le sauveur qu’ils attendent depuis 30 ans.
Mais à la place, ils doivent se contenter de quelques vidéos Instagram, de photos floues dans la galerie de presse, de demi-sourires entre deux drills matinaux.
Ce n’est pas suffisant. Et ça commence à grogner.
Parce que quand tu arrives dans une ville comme Montréal, tu n’es pas un joueur, tu es un personnage public, un mythe, un espoir vivant, un dieu ou un démon en devenir.
Et plus tu le fais attendre, plus les attentes explosent. Et plus tu prépares la bombe que tu essaies d’éviter.
Et Chantal Machabée le sait. Elle sait que tout ce qui monte trop vite retombe encore plus vite à Montréal.
C’est pour ça qu’elle tient Demidov serré. C’est pour ça qu’elle impose sa loi du silence.
Mais plus on attend, plus la pression monte, plus le moment de vérité approche.
Parce que lundi, au Centre Bell, ce ne sera pas juste un match contre les misérables Blackhawks de Chicago.
Ce sera le début du cirque Demidov. Et cette fois, les caméras seront braquées.
Les micros tendus. Les regards affamés. Il n’y aura plus de protection.
Plus de mur entre lui et les partisans. Plus d’excuse.
Et quand il prendra enfin la parole, il faudra espérer que le fameux Crash Course avec Chantal a fonctionné.
Parce que sinon, il ne survivra pas à ce qui s’en vient.
Ici, on crucifie les vedettes qui parlent trop. Mais on enterre vivants ceux qui ne parlent pas assez.
À suivre