Bagarre au Centre Bell: Lane Hutson vise Connor Bedard

Bagarre au Centre Bell: Lane Hutson vise Connor Bedard

Par David Garel le 2025-08-10

Ça chauffe dans les coulisses du Centre Bell. Ce n’est pas seulement une négociation contractuelle qui oppose Lane Hutson et le Canadien de Montréal.

C’est une véritable bagarre d’ego, de stratégie et d’argent, avec en chef d’orchestre un homme qui refuse obstinément de perdre : Sean Coffey.

L’agent de Hutson ne veut pas simplement obtenir un bon contrat pour son joueur. Non. Il veut gagner la compétition invisible qui se joue actuellement entre les jeunes étoiles montantes de la LNH.

Car oui, dans le hockey moderne, la rivalité ne se limite plus aux mises en jeu, aux courses à l’échec avant ou aux tableaux de statistiques avancées.

Elle se vit aussi sur les calculatrices des directeurs généraux et dans les bureaux des agents. Les jeunes vedettes veulent non seulement être les meilleurs sur la glace, mais aussi être ceux qui encaissent le plus gros chèque. Et Sean Coffey est convaincu que son protégé doit sortir premier de cette course.

Une compétition bien réelle : qui sera le mieux payé ?

Elliotte Friedman, dans son dernier épisode de 32 Thoughts, l’a confirmé noir sur blanc :

« Il y a plusieurs agents qui m'ont dit, surtout avec les plus jeunes joueurs, qu'ils sont plus demandants que jamais quant à leur contrat. »

Mais il a ajouté un détail qui change tout : ces jeunes ne se comparent pas seulement à leurs coéquipiers ou aux autres joueurs de leur position. 

Ils se comparent aux superstars, ils veulent « gagner » aussi dans le domaine contractuel. Pour eux, signer le plus gros contrat possible, c’est un trophée invisible, une victoire psychologique qui se brandit comme une Coupe Stanley personnelle.

Et c’est exactement la mentalité qui anime Sean Coffey. Il ne veut pas juste battre l’offre que Kent Hughes a déposée sur la table: 8 ans, 72 millions de dollars, soit 9 M$ par saison

. Il veut que Hutson écrase tous les autres jeunes du même âge qui négocieront cet été ou l’été prochain.

Le plan Coffey : attendre pour frapper plus fort.

Dans cette optique, l'agent rêve d’un scénario précis : que Connor Bedard, Logan Cooley, Adam Fantilli et Leo Carlsson signent avant Lane Hutson.

Pourquoi ? Pour établir un marché plus haut, pour que les comparables explosent, et pour pouvoir pointer du doigt en disant :

« Voyez, Hutson mérite plus. »

Car il faut comprendre le contexte. Tous ces jeunes font face à la même fenêtre stratégique : ils amorcent la dernière année de leur contrat d’entrée et peuvent déjà signer des prolongations à long terme.

Mais en 2026, un amendement à la convention collective réduira la durée maximale de ces contrats à 7 ans pour un joueur qui reste avec son équipe. 2025 est donc la dernière année pour décrocher le jackpot sur 8 ans.

Et Coffey le sait : celui qui signera le dernier aura l’avantage. Si Bedard touche 11 ou 12 M$, si Cooley obtient 10,5 M$, si Fantilli et Carlsson atteignent 10 M$… il pourra alors exiger 10,5 ou 11 M$ pour Hutson, en brandissant les chiffres comme des preuves irréfutables.

Dans cette stratégie, Hutson est l’arme parfaite. Calder en poche, défenseur offensif élite dès sa saison recrue, machine à produire des points malgré un petit gabarit, il est déjà présenté comme le joueur le plus excitant à Montréal depuis P.K. Subban… mais avec une attitude plus professionnelle et un jeu complet.

Et surtout, Hutson est en position unique : le Canadien vient tout juste de signer Noah Dobson pour 9,5 M$ par saison sur huit ans.

Ce qui devait être un coup de maître de Kent Hughes est devenu, ironie du sort, une carte maîtresse qui tire les négociations vers le bas. Hughes pensait :

« Dobson est un droitier établi, dans son prime, payé 9,5 M$… je peux offrir à Hutson 9 M$ et garder ma structure salariale. »

Mais Coffey, lui, a vu les choses autrement :

« Dobson a 9,5 M$ ? Parfait, Hutson doit avoir plus. »

Et c’est là que Jeff Gorton est intervenu, publiquement, dans une déclaration devenue célèbre :

« Les agents, ils aiment ça. C’est comme ça qu’ils s’accrochent. Le plafond monte, et là, c’est le pourcentage, le pourcentage, le pourcentage. Mais en même temps, eux, ils n’ont pas à gérer une équipe. Ils ne sont pas dans le vestiaire, ils ne comprennent pas ce que ça fait quand un gars revient dans la chambre avec beaucoup plus d’argent qu’un autre… comment tu expliques ça ? »

Le message est clair comme de l'eau de roche: Gorton refuse de briser la hiérarchie salariale. Coffey, lui, rêve de la pulvériser.

Ce conflit dépasse largement la simple discussion de chiffres. C’est une confrontation idéologique.

Gorton et Hughes : veulent préserver l’équilibre interne, éviter les jalousies, maintenir un plafond salarial interne, et signer Hutson maintenant pour bloquer l’option d’un contrat de transition.

Coffey : veut maximiser chaque dollar, attendre le bon moment, et profiter de la future explosion du plafond pour frapper un coup de circuit.

En privé, plusieurs sources affirment que Coffey admire la stratégie d’Auston Matthews à Toronto : signer un contrat plus court, puis encaisser une fortune en pleine fleur de la carrière.

Il veut appliquer la même recette à Hutson, même si cela signifie le confronter directement à la direction du CH.

Le pire pour Hughes et Gorton, c’est que Coffey n’est pas pressé. Chaque jour qui passe joue en sa faveur. S’il réussit à retarder la signature de Hutson jusqu’à ce que Bedard, Cooley, Fantilli et Carlsson aient conclu leurs ententes, il pourra venir frapper à la porte du Canadien avec un tableau comparatif sans pitié :

Et si en plus Hutson connaît une saison 2025-26 phénoménale, ce qui est loin d’être impossible, son prix pourrait grimper au-delà des 10,5 M$, voire frôler les 11 M$ sur 8 ans.

Un risque calculé… mais explosif.

Coffey joue gros. Cette stratégie pourrait rapporter des dizaines de millions supplémentaires à Hutson, mais elle comporte un risque : si Hutson se blesse gravement ou connaît une saison moyenne, il perdra son effet de levier. Mais Coffey parie sur le talent pur de son client et sur la flambée générale du marché.

Et il a des arguments : Evan Bouchard a signé pour 10,5 M$ sur seulement 4 ans. Kirill Kaprizov pourrait toucher 15 M$ sur 8 ans au Minnesota. Jason Robertson pourrait exiger 11 ou 12 M$, et Adrian Kempe 10 M$. Ce sont des attaquants, certes, mais le message est clair : les salaires explosent partout.

Le contrat de Dobson, à 9,5 M$, est devenu un poison pour Hughes dans ce dossier. Il voulait s’en servir comme plafond, Coffey veut s’en servir comme plancher. Et plus les gros contrats tombent dans la ligue, plus ce plancher monte.

Si Bedard signe à 12 M$, le plancher de Hutson ne sera plus 9,5 M$… il pourrait grimper à 10,5 M$. Et c’est exactement le jeu de Coffey : laisser les autres gonfler le marché, puis encaisser.

Le Centre Bell n’a pas connu pareille tension contractuelle depuis P.K. Subban. Mais ici, la donne est différente : Hutson est plus jeune, plus constant, et surtout plus stratégique dans son entourage.

Coffey n’est pas un agent qui cède facilement. Il veut que Hutson devienne le joueur le mieux payé de l’histoire du Canadien.

Et le plus fou dans tout ça ? C’est que la transaction de Noah Dobson, saluée comme un coup de génie de Hughes, pourrait être la raison pour laquelle Hutson ne signera pas cet été.

Si ce bras de fer se prolonge, il y aura des conséquences :

Une tension grandissante entre Gorton et Coffey.

Un risque que Hutson opte pour un contrat pont de 3 ou 4 ans.

Une future négociation encore plus coûteuse.

Et surtout, un précédent dangereux pour les jeunes vedettes à venir, comme Ivan Demidov, qui observeront attentivement l’issue.

Hutson est aujourd’hui le visage d’un affrontement générationnel : celui des jeunes vedettes qui refusent les « rabais maison » et qui veulent leur part maximale du gâteau, peu importe les conséquences sur la structure de l’équipe.

Le dossier Lane Hutson n’est pas seulement une négociation difficile. C’est un duel philosophique, une compétition invisible entre les jeunes vedettes de la LNH, et une partie d’échecs où chaque coup est calculé.

Sean Coffey veut que son joueur écrase Connor Bedard, Logan Cooley, Adam Fantilli et Leo Carlsson… sur la glace et sur la feuille de paie.

Il n'écrasera pas Bedard. L'agent le sait. Mais avec cet esprit de compétition, il va faire sauter la banque pour son agent.

Kent Hughes et Jeff Gorton, eux, veulent préserver l’équilibre de l’équipe. Mais en refusant les 9 ou 9,5 M$ offerts, Coffey a montré qu’il ne joue pas pour la médaille d’argent. Il joue pour l’or. Et dans cette course, chaque signature ailleurs dans la ligue sera un mètre de plus pour son tremplin.

Si cette stratégie fonctionne, Lane Hutson pourrait devenir le joueur le mieux payé de l’histoire du Canadien. Mais si elle échoue, elle laissera derrière elle un vestiaire méfiant, une relation brisée… et la certitude que dans le hockey moderne, la plus grande rivalité ne se joue plus seulement avec un bâton, mais aussi avec un stylo.

Ouch...