Dans les vestiaires du Centre Vidéotron, alors que le public chantait encore « Olé Olé Olé » pour fêter une victoire de 5-0 du Canadien sur les Sénateurs, les bagarres sur la glace avaient laissé des traces.
Mais une autre guerre, bien plus dangereuse, venait d’éclater.
Une guerre sale... et verbale...
Parce que cette fois, les Sénateurs d’Ottawa ont décidé de ne plus se laisser marcher dessus par la position de victime du Canadien.
Oui, Ivan Demidov a été frappé. Oui, Hayden Hodgson a frappé Newhook par-derrière. Et oui, Nick Cousins a balancé un coup de Sherwood directement sur les mains du joyau russe.
Mais dans le vestiaire des Sénateurs, on n’a pas versé une larme. On a répliqué froidement. Et avec une mémoire d’éléphant.
« Montréal joue les vierges offensées? Qu’ils se regardent dans le miroir. Arber Xhekaj, ça vous dit quelque chose? »
BOOM.
Le ton est donné. Les Sénateurs n’acceptent pas qu’on les diabolise pendant que le CH se pavane dans le rôle du bon soldat blessé. Non. Ils n’ont rien oublié de 2022.
Souviens-toi. On est en septembre 2022 au tournoi des recrues. Arber Xhekaj entre sur la glace comme un animal en cage. Et ce qu’il va faire ce jour-là n’a rien d’un match d’évaluation. C’est un massacre.
En un seul match, Xhekaj avait détruit le genou d'Angus Crookshank (déchirure du ligamenent croisé antérieur), avait ramassé Viktor Lodin d'une violente mise en échec et avait jeté les gants contre le pauvre Zachary Massicotte.
Le résultat donne des sueurs froides dans le dos: K.O. technique qui a envoyé son adversaire au pays des rêves.
Le camp des Sénateurs est furieux. Crookshank vide son sac après le match :
« Xhekaj est stupide, méchant. Il est là pour blesser. Je n’ai aucun respect pour ce gars-là. »
Ça, c’est Ottawa version 2022. Et ce ressentiment, il est encore là en 2025. Il n’a jamais disparu. Il a fermenté.
Le match à Québec allait dégénérer, c'était assuré.
Cousins a été salaud, oui. Le coup sur Demidov est gratuit. Hodgson a explosé Carrier. Jenik a mangé une volée de Struble. MacEwen a encore été envoyé au tapis par Arber Xhekaj, son bourreau attitré. Mais les Sénateurs ne veulent pas entendre parler d’une équipe « agressée sans raison ».
Parce que pour eux, tout ça remonte à Xhekaj. Le fameux Arber qui, trois ans plus tôt, a débarqué à Buffalo avec comme seul objectif : « montrer que je ne suis pas juste un gros jambon ». (ses propres paroles) Il l’a prouvé, oui. En détruisant littéralement les recrues adverses.
Et aujourd’hui, Montréal s’offusque?
Les Sénateurs rient jaune. Ils disent :
« Vous avez aimé avoir Xhekaj dans votre camp pour faire le ménage. Vous avez applaudi quand il a cassé nos gars. Aujourd’hui, vous pleurez parce que Demidov s’est fait frapper au poignet? Foutez-nous la paix. »
Martin St-Louis, fidèle à lui-même, a été mesuré après le match. Il a dit que Demidov allait être réévalué. Il a dit que le genre de geste vu dans ce match n’avait pas sa place. Un discours poli. Mais Ottawa l’a pris comme une accusation.
Et Travis Green a répondu.
D’abord, il a blâmé Hodgson. Il ne l’a pas défendu.
« Il doit apprendre à se contrôler. » Mais ensuite, il a élargi la cible :
« Je n’ai pas aimé le double-échec au visage de notre joueur. Je n’ai pas aimé voir leur gars quitter le banc pour aller se battre. »
Son message? Les mains ne sont pas propres à Montréal. Pas plus que celles d’Ottawa. Et surtout, que le CH arrête de se donner des airs de martyre.
Dans le vestiaire montréalais, après le match, ça pleure presque. Carrier dit qu’on ne jouait plus au hockey, qu’il fallait juste se protéger.
Newhook parle de rester unis. Gallagher insinue que c’était prémédité du côté d’Ottawa. Tout le monde chante la même chanson : « Nous, on voulait juste jouer au hockey, les autres sont fous. »
Mais Bolduc, lui, a laissé glisser une phrase intéressante :
« Si eux, c’est leur façon de se préparer, nous, on va faire ce qu’on a à faire. »
Et c’est là le cœur de cette guerre. Deux cultures, deux visions, deux camps qui se détestent. Et un historique trop lourd pour être effacé.
Arber Xhekaj est devenu malgré lui le symbole de cette rivalité. Ce qu’il a semé en 2022, Ottawa ne l’a jamais digéré.
À chaque match contre le CH, ils ont sa tête en ligne de mire. Et à chaque fois, il répond. Par les poings. Par la brutalité. Par la même mentalité que celle qu’il avait à Buffalo lors de ce fameux tournoi des recrues : imposer la peur.
Mais aujourd’hui, Ottawa retourne les armes contre lui. Le camp des Sénateurs se sert de son passé pour dire :
« Vous récoltez ce que vous avez semé. »
Et le Canadien, malgré ses discours de fraternité, se retrouve piégé dans son propre narratif. Ils veulent protéger Demidov? Très bien. Mais qu’ils ne fassent pas comme s’ils n’avaient jamais été les bourreaux.
Cette histoire ne s’arrête pas à un match préparatoire. C’est le début d’un long feuilleton de haine. Montréal et Ottawa vont se croiser encore. Et chaque geste sera analysé à travers les poings de Xhekaj… et de tout ce qui suivra.
Les Sénateurs ont choisi leur angle. Ils ne plieront pas. Et le CH, s’il continue de jouer à la victime publique tout en gardant des armes de guerre sur la patinoire, risque de s’exposer à des représailles encore plus vicieuses.
Parce qu’Ottawa n’a pas oublié. Et ce match au Centre Vidéotron, c’était leur façon de dire : vous ne nous faites pas peur. Pas maintenant. Pas cette saison. Pas tant que Xhekaj portera encore ce chandail.