Le verdict est tombé.
À Québec, les rumeurs étaient persistantes depuis des semaines : Geneviève Guilbault allait tomber. L’affaire SAAQclic l’avait éclaboussée de la tête aux pieds.
Ses mensonges, ses omissions, ses contradictions avaient fait d’elle la ministre la plus fragile du gouvernement. Tout le monde s’attendait à ce qu’elle soit sacrifiée.
Et pourtant, ce mercredi, François Legault a choisi une autre voie : il a exaucé le souhait de sa vice-première ministre en lui offrant le ministère des Affaires municipales.
Pas une rétrogradation. Pas une sanction. Un mouvement latéral. Et pour une partie grandissante de la population, c’est une gifle insupportable.
Il faut revenir sur le cœur de la colère. SAAQclic devait être une vitrine de modernisation, une plateforme numérique de 500 millions de dollars destinée à simplifier la vie des automobilistes.
On sait aujourd’hui qu’elle a coûté plus du double, soit plus de 1,1 milliard, et qu’elle a plongé des milliers de Québécois dans un chaos administratif sans nom.
Des files d’attente interminables, des rendez-vous annulés, des pertes de données, un système informatique qui plantait sans cesse : c’était un fiasco monumental.
Et le rôle de Geneviève Guilbault dans tout ça ? Officiellement, elle jurait n’avoir jamais été au courant des dépassements de coûts avant l’implosion publique du projet.
Mais des courriels internes, des notes de services, des témoignages devant la commission Gallant ont prouvé le contraire.
Son cabinet avait été informé dès 2023 de dépassements majeurs. Elle avait rencontré à plusieurs reprises les responsables du projet. Elle avait eu toutes les occasions de sonner l’alarme. Elle a choisi le silence.
Pire encore, certains accusent Guilbault d’avoir volontairement freiné la divulgation des problèmes pour protéger l’image du gouvernement Legault.
Bref, elle savait. Et elle a menti.
Dans ce contexte, comment expliquer que François Bonnardel, éclaboussé lui aussi par le fiasco SAAQclic, ait été carrément montré la porte, alors que Geneviève Guilbault se voit offrir un nouveau ministère prestigieux ?
La logique est incompréhensible. Bonnardel, fidèle parmi les fidèles, vétéran respecté, a encaissé l’humiliation d’être exclu du Conseil des ministres.
Pendant ce temps, Guilbault obtient exactement ce qu’elle avait demandé : le portefeuille des Affaires municipales, un poste qui lui permettra de rester en vue tout l’automne, alors que les élections municipales retiendront l’attention médiatique.
Ce traitement à deux vitesses a mis le feu aux poudres. Pourquoi elle ? Pourquoi cette clémence ? Pourquoi cette protection spéciale ?
La rumeur, cruelle mais tenace, alimente la colère. Beaucoup se demandent si François Legault n’est pas aveuglé par une proximité personnelle avec Geneviève Guilbault.
On la surnomme maintenant "l'amoureuse politique du Premier Ministre".
On se chuchote dans les couloirs de l’Assemblée nationale que le premier ministre la protège avec une ardeur suspecte.
Car politiquement, rien ne justifie son maintien. Elle a perdu la confiance du public. Elle est devenue un poids mort pour la CAQ. Elle est au cœur du scandale le plus coûteux de l’histoire récente du Québec.
Alors, pourquoi est-elle encore là ? Pourquoi François Legault choisit-il de la garder au cœur de son équipe, plutôt que de tourner la page ? Les réponses ne convainquent personne.
Est-ce une question d’image, de proximité, ou simplement d’aveuglement ? L’absence d’explication crédible nourrit le soupçon, et dans les corridors de Québec comme dans la population, on se dit que ce lien particulier entre le premier ministre et sa vice-première ministre cache quelque chose.
Ce qui est sûr, c’est que cette impression d’impunité crée un profond malaise : en politique, quand on protège quelqu’un contre toute évidence, on finit toujours par payer le prix.
Il y a aussi un malaise plus cru, qui circule sur les réseaux sociaux : et si Geneviève Guilbault bénéficiait d’un privilège que François Bonnardel n’a jamais eu ?
Personne n’ose le dire ouvertement, mais beaucoup le pensent : la vice-première ministre, jeune, charismatique, et souvent qualifiée de « belle femme », aurait reçu un passe-droit.
On se demande : si Bonnardel avait eu le même magnétisme ou la même image publique, aurait-il été sacrifié aussi vite ?
L’impression est insupportable pour plusieurs citoyens, qui y voient un double standard éhonté. Le Québec est furieux, car ce favoritisme apparent ne repose pas sur des résultats, mais sur des perceptions. Et quand on sait que Guilbault a accumulé mensonges et fiascos avec SAAQclic, l’indignation est d’autant plus grande.
Et c’est là que la colère explose. Ce n’est pas seulement une question de mauvaise gestion ou de scandale budgétaire. C’est une question de respect.
Les Québécois ont l’impression qu’on se moque d’eux. On leur impose un projet raté qui siphonne plus d’un milliard de leurs taxes.
On leur ment sur les coûts. On leur cache la vérité. Et quand vient le temps d’assumer les responsabilités, la ministre responsable est récompensée par une promotion déguisée.
Pendant ce temps, c’est un autre ministre, François Bonnardel, qui paie le prix fort. La logique est inversée. L’injustice est flagrante.
Le sentiment populaire est clair : si Guilbault avait été un homme ou une femme moins belle, elle aurait pris la porte comme Bonnardel. Cette impression d’impunité nourrit une rage froide dans l’opinion publique.
Le scandale SAAQclic n’est pas un cas isolé. Guilbault s’est bâti une réputation de ministre qui minimise les problèmes, détourne les questions et renvoie la responsabilité ailleurs.
Ses contradictions sont devenues sa marque de commerce. Elle dit une chose, puis son contraire. Elle jure ne pas savoir, puis les documents prouvent le contraire. Elle s’abrite derrière la technocratie, mais elle refuse d’assumer sa responsabilité politique.
À force de répéter ce manège, elle a fini par perdre toute crédibilité. Même ses collègues n’osent plus la défendre publiquement.
Le choix de maintenir Geneviève Guilbault au Conseil des ministres en dit long sur l’état de François Legault.
Le premier ministre est affaibli. Isolé. Incapable de trancher. Son autorité est contestée jusque dans son propre caucus. Plusieurs députés veulent déjà le voir partir avant 2026. Ils murmurent le nom de Mario Dumont comme sauveur potentiel.
En gardant Guilbault, Legault s’enfonce encore davantage. Il donne l’image d’un chef dépassé, qui protège ses proches même quand l’évidence impose leur départ.
Et dans un contexte où la CAQ est en chute libre dans les sondages, ce genre de décision peut être fatal.
Ce qui rend la situation explosive, c’est que la colère ne faiblit pas. Chaque nouvelle révélation sur SAAQclic, chaque dépassement de coûts confirmé, chaque témoignage devant la commission Gallant ravive le feu.
Et maintenant, la population a un symbole. Geneviève Guilbault est devenue le visage de l’impunité politique. Son maintien en poste est perçu comme un affront.
La question n’est plus seulement : « Pourquoi a-t-elle menti ? »
La question est devenue : « Pourquoi François Legault la protège-t-il encore ? »
Le Québec est en furie. Pas seulement contre Geneviève Guilbault, mais contre François Legault lui-même. Parce qu’en sauvant sa vice-première ministre, il a confirmé ce que beaucoup soupçonnaient déjà : ce gouvernement n’assume pas ses erreurs.
C’est une gifle en plein visage. Et c’est peut-être la goutte de trop pour un peuple qui n’a plus confiance.
La nouvelle devise du Québec: sois belle... et continue de mentir...