Bévue monumentale de Martin St-Louis: la presse de Washington sans pitié

Bévue monumentale de Martin St-Louis: la presse de Washington sans pitié

Par David Garel le 2025-04-20

Martin St-Louis n'est pas seulement dans la ligne de mire des journalistes montréalais. Même les médias de Washington exposent sa plus grande faiblesse

Il fallait s’y attendre. Depuis des mois, Martin St-Louis marche sur une corde raide à Montréal. Il est passé au travers des rumeurs de démission de Jean-Charles Lajoie, des flèches empoisonnées de Michel Therrien, des tempêtes médiatiques qu’aucun autre entraîneur n’aurait traversées vivant.

Mais voilà qu’une nouvelle épreuve se dresse devant lui — et celle-là ne vient même pas de chez nous. Elle vient de Washington.

Oui, Washington. Là où les Capitals, adversaires du Canadien en première ronde, attendent Montréal de pied ferme.

Là où les médias commencent à s’amuser à pointer du doigt la plus grande bévue stratégique de Martin St-Louis : son refus d’utiliser Ivan Demidov sur la première unité d’avantage numérique.

Et ce n’est plus juste une querelle de partisans frustrés. Même Spencer Carbery, l’entraîneur-chef des Capitals — un homme qui n’a aucun intérêt à faire des compliments gratuits à l’adversaire — s’est permis de dire qu’il ne comprenait pas pourquoi Demidov n’était pas utilisé de façon optimale.

Le message est sans pitié: Martin St-Louis est en train de se faire humilier dans la capitale américaine avant même que la série ne commence.

On ne va pas se le cacher : Ivan Demidov est l’énigme la plus fascinante de la saison montréalaise. Depuis ses premiers coups de patin, le jeune prodige russe ne cesse d’impressionner.

Vitesse, vision, créativité, flair. Le genre de joueur qui fait se lever les foules, qui crée des chances de but à partir de rien, qui porte l’attaque sur ses épaules à 19 ans.

Et pourtant, il est cloué sur la deuxième unité d’avantage numérique. Une unité secondaire, là où les jeux se brisent souvent, où les chances de briller sont réduites à quelques maigres secondes.

Pendant ce temps, on continue d’envoyer Patrik Laine, Cole Caufield et Juraj Slafkovsky sur l’unité principale, même si cette unité a terminé la saison avec un rendement pathétique de 9,1 % sur ses 14 derniers matchs.

Trois en trente-trois. C’est ça, le grand avantage numérique de Martin St-Louis. Et Demidov, lui, doit attendre.

À Washington, on ne s’étonne plus : on rit.

Les médias de la capitale américaine n’en reviennent pas. Et pour cause : eux aussi regardent les chiffres. Ils voient un Canadien qui se classe 20e dans la ligue en avantage numérique.

Ils voient que l’arrivée de Patrik Laine n’a pas amélioré la production — au contraire, elle l’a concentrée sur lui seul, au détriment des autres.

Ils voient que Lane Hutson est encore vert, que Caufield n’a marqué que trois buts en powerplay depuis janvier, que Slafkovsky est inconstant.

Et que pendant ce temps, Ivan Demidov, le joyau russe, le seul joueur de cette équipe qui peut vraiment créer de l’espace en entrée de zone, est gardé en laisse.

À Washington, on appelle ça du sabotage. Ou de l’incompétence.

Ce qui rend la situation encore plus tendue, c’est la différence entre les deux entraîneurs.

Spencer Carbery est rigide, méthodique, distant. Il parle de blessures, d’absences à court terme, et ne dévoile rien. Il joue le jeu des séries. Martin St-Louis, lui, joue un tout autre jeu : le narratif émotif.

Il parle de sa mère au ciel, de son enfance, des blessures de la vie. Il raconte qu’il est un éternel optimiste grâce à elle. Il construit un récit inspirant, rassembleur. Et honnêtement, ça marche. On l’écoute, on le suit.

Même les joueurs semblent "boostés" par son feu intérieur. Mais voilà le problème : le feu, c’est beau. Mais ça ne marque pas de buts.

Demidov préfère Malkin. Et ça, à Washington, ça pique.

Comme si ce n’était pas suffisant, Ivan Demidov lui-même a lancé une petite bombe qui fait jaser dans les corridors du Capital One Arena. Lorsqu’un journaliste lui demande s’il a toujours admiré Ovechkin, le jeune homme répond candidement qu’il a toujours préféré Evgeni Malkin.

Avant d’ajouter : « Je n’ai plus d’idoles maintenant. »

Il n’a pas peur. Il n’est pas là pour flatter Ovechkin dans le sens du poil. Il est là pour prendre sa place. Pour prouver qu’un autre Russe peut dominer le show. À 19 ans.

Mais pendant ce temps, son coach le garde dans une cage dorée. Et les Capitals, eux, se frottent les mains.

Pourquoi St-Louis s’entête-t-il ?

Il faut poser la question. Pourquoi Martin St-Louis refuse-t-il de briser sa hiérarchie ? Pourquoi ne pas faire ce que tout le monde réclame ?

Par orgueil ? Par peur de froisser ses vétérans ? Par manque de confiance en un joueur qu’il n’a pas choisi lui-même ?

La vérité, c’est que Martin St-Louis déteste qu’on lui dicte ses décisions. Il veut avoir raison, toujours. Il veut gagner à sa façon, même si ça veut dire bloquer un jeune prodige dans son élan. Il l’a fait avec Xhekaj, il l’a fait avec Joshua Roy, il le fait maintenant avec Demidov.

Et pendant ce temps, les Capitals observent. Et rient.

La série commence mal. Et elle n’a même pas commencé.

Dans les bureaux de Washington, les journalistes préparent leurs manchettes. Le vestiaire du Canadien sent la colle, la peinture, les rénovations à moitié terminées.

Une odeur infecte selon plusieurs. Une tentative de sabotage ? Peut-être. Mais à Montréal, c’est l’odeur de frustration qui domine. Frustration de voir un entraîneur s’entêter, encore et encore, alors que l’évidence crève les yeux.

Ivan Demidov doit jouer sur la première vague. Point final.

Si Martin St-Louis refuse encore de le faire, il n’aura plus aucune excuse si le Canadien se fait sortir rapidement. Parce que cette fois, même Washington est au courant. Même eux trouvent ça ridicule. Même l’entraîneur adverse ne comprend pas. Et ça, c’est une humiliation de trop.

Le coach St-Louis joue avec le feu. Et il risque de s’y brûler.

Le match commence lundi. Mais la guerre psychologique est déjà lancée. Et pour l’instant, Martin St-Louis est en train de la perdre.

 Il est pris dans sa tête, dans ses émotions, dans son orgueil. Il a les cartes en main. Il a l’arme secrète. Il a Ivan Demidov. Et pourtant, il choisit de jouer une autre main.

À ce stade-ci, ce n’est plus une décision stratégique. C’est une erreur de jugement.

Et si les Capitals éliminent le Canadien, il ne pourra s’en prendre qu’à lui-même.