Bombe financière au Québec: Pierre-Karl Péladeau écrit l'histoire

Bombe financière au Québec: Pierre-Karl Péladeau écrit l'histoire

Par David Garel le 2025-06-23

Pierre Karl Péladeau vient de signer l’un des plus grands tours de force financiers de l’histoire du Québec.

Pendant que le commun des mortels regardait la chute de TVA Sports ou ruminait les dernières coupes chez TVA, une bombe boursière est passée presque inaperçue: l’action de Québécor a fracassé les 41,52 $, atteignant son sommet des 52 dernières semaines.

Le 23 juin 2025, l’action a cloturé à 41,45 $, ce qui a fait vibrer les marchés comme jamais.

Imaginez. Elle était à 30,63 $ le 3 janvier. En six mois, Québécor a ajouté 1,57 milliard de dollars à sa capitalisation boursière. Un gain relatif de 20,5 %. Un miracle à la québécoise.

Détenteur de 92 % des actions de Québecor, Péladeau a empoché, à lui seul, un gain boursier personnel estimé à 1,44 milliard $ au cours des six premiers mois de 2025.

Oui, vous avez bien lu. Un milliard et demi s’est envolé dans les poches d’un seul homme.

Et pourtant, il y a quelques mois à peine, tout semblait s’écrouler. Pierre Karl Péladeau était la cible d’un mépris populaire rarement vu.

Et je dois m'inclure là-dedans, moi qui a été très dur envers PKP à plusieurs reprises. Hockey30, les journalistes, les syndicats, le monde artistique: tous exigeaient sa tête.

Il avait coupé 547 postes chez TVA. Il avait refusé de fermer TVA Sports, qui accumule près de 300 millions de dollars de pertes.

Et comment ne pas frissonner d’indignation quand on se rappelle qu’en pleine crise médiatique, Pierre Karl Péladeau s’est versé une rémunération totale de 20,4 millions de dollars, incluant salaire de base, primes, bonis et avantages liés à ses multiples postes chez Québecor et Vidéotron.

Oui, 20 millions, pendant que près de 600 employés de TVA étaient jetés à la rue.

L’écart entre la parole publique de PKP, qui pleure les congédiements, et ses pratiques internes frôlaient l’indécence. Comment justifier une telle concentration de richesse personnelle alors que les artisans de TVA voyaient leurs projets, leurs emplois ou leur avenir tout simplement sacrifiés?

J'ai été parmi ses plus sévères détracteurs. J,ai dénoncé ses contradictions morales et financières. J'ai même qualifié son empire d’« insolence héritée ».

Mais il faut reconnaître une chose : Pierre Karl Péladeau ne mène pas une vie de prince. Son chalet est modeste, loin des domaines spectaculaires de la famille Desmarais ou de Luc Poirier.

Pas de yachts clinquants, pas de Ferraris. L’homme d’affaires, qu’on aime ou qu’on déteste, demeure d’une sobriété étonnante pour quelqu’un de sa stature. Et ça, il faut le souligner.

Surtout, il faut aujourd’hui s’abaisser et constater ceci: Pierre Karl Péladeau a gagné.

Son geste le plus polarisant, soit congédier massivement, sabrer dans la culture, laisser TVA Sports mourir à petit feu, a été interprété par les marchés comme une preuve de lucidité.

Un signal fort. Il a montré qu’il était capable d'éliminer ses propres enfants médiatiques pour assurer la survie de l’empire.

Les investisseurs ont adoré. Ils ne veulent pas que TVA Sports survive. Ils veulent que l’hémorragie cesse. Et PKP leur a promis qu’il était prêt à fermer la station à l'été 2026 s'il n'arrivait pas à garder les droits de la LNH et du CH à TVA Sports. Il l’a dit publiquement.

La tragédie devient alors un plan de redressement. Le sang versé chez TVA devient une preuve de courage. Et les mêmes analystes qui, il y a un an, prédisaient l’éclatement du groupe médiatique, parlent aujourd’hui de « valorisation accélérée ».

La vérité, c’est que Pierre Karl Péladeau n’a jamais eu peur de brûler sa réputation pour sauver sa fortune. Il sait que la bourse ne juge pas sur l’honneur, mais sur les chiffres. Et les chiffres sont extraordinaires.

Son pari sur l’effondrement des contenus déficitaires a marché. Il a sabré dans ce qui était populaire mais coûteux.

Le Québec artistique pleure encore la disparition de Sorcières, cette télésérie à succès littéralement étranglée par manque de budget.

Une série qui vient de dominer les nominations aux Gémeaux, mais dont TVA a refusé de produire une finale. Pourquoi ? Parce qu’il fallait injecter encore des millions dans le puits sans fond qu’est TVA. Une absurdité totale.

Pire encore : pour économiser, TVA Sports n’a même pas soumis de candidatures aux Gémeaux 2025, ratant l’occasion d’être reconnue dans un gala dominé par ses rivaux… dont Le hockey des Canadiens à RDS et Les Jeux Olympiques de Paris à Radio-Canada.

La décision est purement budgétaire. On préfère se retirer plutôt que de payer. Une humiliation de plus, qui a donné raison à ceux qui réclament la fermeture pure et simple de la chaîne sportive.

Mais ses décisions, à court terme, ont convaincu la bourse que Québécor pouvait redevenir un véritable placement de croissance.

La bourse a parlé. Elle a dit :

« Tu peux le faire. Tu as prouvé que tu peux prendre des décisions impopulaires, stratégiques, rentables. »

Il y a quelques mois à peine, Pierre Karl Péladeau était le punching bag préféré du Québec médiatique. Le président de Québecor était décrié pour son mode de vie déconnecté, son train de vie de prince, ses choix d’affaires jugés nébuleux, ses dépenses personnelles déguisées en frais corporatifs.

Le naufrage était total. Des centaines de journalistes sacrifiés. Des bulletins amputés. Des productions en ruine. Et au sommet de cette tour d’ivoire, PKP, toujours plus riche, toujours plus intouchable. Les critiques pleuvaient. Et Hockey30 en tête de peloton. Oui, nous l’avons cogné. Fort. Et souvent.

Mais l’histoire vient de faire volte-face. Car ce même homme, moqué, détesté… vient de livrer une leçon d’efficacité brutale à toute la communauté financière. Un véritable uppercut à ses détracteurs. 

Cette saga personnelle, tissée d’orgueil, de trahison et de rédemption, est plus grande que nature. Et aujourd’hui, nous devons l’admettre : Péladeau a gagné. Pas le cœur des Québécois. Mais le respect des marchés. Et parfois, dans ce monde brutal… c’est tout ce qui compte.

Aujourd’hui, les chiffres parlent plus fort que les critiques. Les actionnaires qui avaient du Québécor en janvier ont fait une fortune en six mois.

Ceux qui ont misé sur la chute de PKP se sont fait écraser. Et nous, même nous, devons le dire franchement : PKP vient de marquer l’histoire du capitalisme québécois.

Je dois l’admettre, même si ça me brûle les doigts d’écrire ces mots : Pierre Karl Péladeau m’a donné une leçon de "business" aujourd'hui...