Bombe médiatique à Montréal: Juraj Slafkovsky attaqué par David Pastrnak

Bombe médiatique à Montréal: Juraj Slafkovsky attaqué par David Pastrnak

Par Marc-André Dubois le 2025-07-26

Il y a des déclarations qui tombent comme une bombe. Celle de David Pastrnak en est une. En entrevue avec le média slovaque Šport.sk, le joueur vedette des Bruins de Boston a lancé une flèche aussi inattendue que tranchante à l’endroit de Juraj Slafkovsky, l’espoir étoile du Canadien de Montréal.

« C’est encore un jeune joueur qui accumule de l’expérience chaque année… mais il lui manque un peu d’humilité, il devrait donner l’exemple aux plus jeunes. » 

Une phrase. Une seule. Mais qui résonne comme un uppercut dans le monde du hockey slovaque. Jamais jusqu’ici une vedette d’un pays voisin, et ennemi historique, n’avait osé critiquer ainsi la figure montante du hockey slovaque.

Un Tchèque qui critique un Slovauqe... c'est le pire affront possible.

Et surtout pas quelqu’un d’aussi respecté que Pastrnak, connu pour son humilité, son passé modeste, et son admiration sincère pour des modèles comme Zdeno Chara et Marian Hossa.

Imaginez. Il affirme que Slafkovsky devrait suivre l'exemple de l'humilité de ces deux légendes slovaques, juste pour être encore plus baveux.

Il n'a pas utilisé des légendes tchèques comme Jaromir Jagr ou Dominik Hasek. Il voulait clairement détruire la réputation de Slaf en utilisant des icônes de son propre pays.

Pour ceux qui suivent Slafkovsky de près, cette déclaration n’est pas si surprenante. Depuis ses débuts professionnels, Slaf traîne une réputation de jeune homme sûr de lui… parfois trop. On se souvient de cette citation en entrevue :

« Physiquement, personne ne peut m’arrêter. Je suis un train. »

Ou encore lorsqu’il avait traité les critiques slovaques de « jaloux frustrés », déclarant que les attentes en Slovaquie étaient irréalistes et qu’il se concentrait sur « la vraie ligue », la LNH.

Il avait aussi lancé à la télévision nationale que le tournoi junior slovaque était « moins bien géré qu’un party d’enfants ».

Ces sorties médiatiques avaient fait grincer bien des dents. Mais ce n’était rien comparé à ses critiques ouvertes envers la fédération slovaque de hockey. Slafkovsky ne s’est jamais gêné pour remettre en cause l’organisation, le développement des jeunes, ou encore le sérieux des structures entourant les équipes nationales.

Et bien sûr, il y a les absences. Son refus de participer au Championnat du monde, alors qu’il était en bonne santé, avait choqué.

Et plus récemment, son absence à une activité de team building de l’équipe olympique de Slovaquie, pour assister au mariage de son capitaine Nick Suzuki à Montréal, a allumé une nouvelle controverse.

En Slovaquie, où l’esprit national est encore profondément ancré, ce genre de comportement est vu comme un manque de respect.

L’attaque de Pastrnak est-elle personnelle ?

Les deux joueurs ne se sont jamais particulièrement appréciés. Cette saison, ils ont eu plusieurs échanges tendus sur la glace.

Lors du dernier affrontement entre le CH et les Bruins, les caméras ont capté un échange d’insultes entre les deux hommes. Pastrnak, visiblement irrité, avait refusé de répondre aux questions à propos de Slafkovsky après le match.

Mais cette fois-ci, l’attaquant tchèque est sorti de son silence. Et ce n’est pas un hasard si cela se produit sur une tribune slovaque. Il savait parfaitement que ses propos allaient résonner très fort.

Est-ce un message personnel? Ou une manière de défendre l’honneur d’une nation qui commence à perdre patience devant l’attitude de son joyau le plus médiatisé?

Ce qui est certain, c’est que Pastrnak a fait plus que simplement commenter. Il a déclenché un débat national. Un débat sur le rôle des vedettes, sur l’importance de l’humilité, et sur le danger d’une génération de joueurs trop influencés par leur environnement nord-américain.

Il serait trop simple de dépeindre Slafkovsky comme une victime. Oui, il est jeune. Oui, il est sous pression constante à Montréal. Mais les faits sont là : il multiplie les controverses depuis trois ans. Et son attitude, souvent perçue comme condescendante, alimente ces tensions.

Rappelons qu’il avait, lors d’un passage télévisé à Bratislava, déclaré que « la seule chose qu’il regrettait de la Slovaquie, c’était le bryndzové halušky », le plat national slovque, en riant nerveusement. Ce genre de commentaire, sorti de la bouche d’un joueur aussi visible, laisse des cicatrices.

Dans les vestiaires, Slaf n’est pas toujours apprécié non plus. Plusieurs anciens coéquipiers du programme junior ont déclaré anonymement que Slafkovsky se croyait supérieur.

Un joueur l’aurait même surnommé « Mr. NHL » après une sortie où Slaf avait affirmé que les conseils du staff slovaque « ne s’appliquaient pas vraiment à lui ».

Ce conflit dépasse maintenant les frontières nationales. Il s’inscrit dans la plus vieille rivalité de la LNH : Montréal contre Boston. Et maintenant, c’est Pastrnak contre Slafkovsky. Deux styles. Deux générations. Deux visions du hockey.

Pastrnak, formé dans la misère et la pauvreté,, forgé dans la modestie d’une famille ouvrière, parle avec le cœur.

Sa mère a cumulé trois emplois pour lui permettre de jouer. Il respecte la hiérarchie, les vétérans, et les traditions. Sa déclaration sur Slaf est donc à lire non pas comme une attaque gratuite, mais comme un cri du cœur :

« Tu peux être bon, mais respecte ceux qui t’ont précédé. »

Slafkovsky, lui, a grandi dans une ère différente. Médiatisé dès ses 17 ans, adulé au pays après ses exploits olympiques, repêché premier au total dans la meilleure ligue du monde… Il a développé une confiance, voire une arrogance, qui le rend moins réceptif aux critiques. Son ascension fulgurante lui a peut-être fait sauter certaines étapes de l’humilité.

Et maintenant?

Slafkovsky n’a pas encore réagi publiquement à la déclaration de Pastrnak. Mais on peut déjà prédire que son entourage cherchera à calmer le jeu. 

Son agent, probablement, tentera de réorienter le discours vers sa progression sur la glace. Et le CH, déjà habitué aux remous entourant son jeune ailier, tentera de minimiser l’impact médiatique.

Mais en Slovaquie, la perception est déjà changée. Le fait qu’un joueur aussi respecté que Pastrnak ose dire tout haut ce que d’autres pensent tout bas pourrait bien changer la dynamique autour de Slaf.

Et ce conflit, loin d’être anecdotique, pourrait marquer un tournant dans la carrière de Juraj Slafkovsky. À lui maintenant de montrer qu’il est capable d’écouter, d’apprendre… et d’évoluer.

Parce que dans le monde du hockey, le talent sans humilité est un cocktail toxique...