C'est une bombe médiatique qui vient d'exploser dans le monde du hockey professionnel.
Brendan Shanahan, le président contesté des Maple Leafs de Toronto, est sérieusement courtisé par les Islanders de New York pour occuper le poste de président des opérations hockey.
Un tremblement de terre à Long Island, une secousse ressentie jusqu'à Toronto, et un revirement qui pourrait bouleverser l'équilibre des deux organisations.
Les informations provenant de plusieurs sources bien branchées au sein du circuit indiquent que les Islanders ont déjà exprimé leur intérêt officiel à discuter avec Shanahan. Ils en ont fait la demande officielle auprès des dirigeants torontois. Et les Leafs ont accepté aussitôt.
L’ironie de la chose? Alors que les Maple Leafs s'apprêtent à tenir une réunion critique du conseil d'administration pour décider du sort de Shanahan après une autre déconvenue en séries éliminatoires, les Isles sont prêts à lui tendre un tapis rouge.
Cette offre survient au moment le plus fragile de la carrière de Shanahan. Après onze saisons à la tête de Toronto, son contrat expire à la fin juin, et tout indique que la direction de Maple Leaf Sports & Entertainment est déçue, voire embarrassée, par la fin de saison des Leafs.
La condition non écrite pour conserver son poste était d'atteindre la finale de l'Est. Une exigence ratée. Deux humiliantes défaites à domicile contre les Panthers de la Floride ont mis fin à l’illusion d’un progrès tangible. Résultat? Le doute s’est installé. Le divorce semble inévitable.
Et c’est là que les Islanders surgissent dans le décor comme un électrochoc. Lou Lamoriello est parti. Le poste est vide.
L'équipe a remporté la loterie du repêchage. Un redémarrage complet est en marche. Et qui de mieux qu’un homme ayant dirigé neuf participations consécutives en séries pour orchestrer cette transition?
Mais pourquoi les Islanders veulent-ils absolument Shanahan? Parce que le marché manque cruellement de cerveaux expérimentés à ce niveau.
Shanahan, membre du Temple de la renommée, ancien haut dirigeant du bureau de la LNH, est l’un des rares à allier notoriété, expérience administrative et contacts stratégiques à travers la ligue.
Et ce qui rend la situation encore plus explosive, c’est l’histoire parallèle de Marc Bergevin.
Depuis plusieurs semaines, on chuchote que Marc Bergevin pourrait hériter d’un rôle important dans la structure des Islanders : soit comme directeur général, soit comme vice-président.
Et pourquoi pas les deux? L’arrivée potentielle de Shanahan ne ruine pas cette possibilité. Au contraire, cela l’alimente.
Bergevin et Shanahan se connaissent bien. Ce n’est pas un hasard si Shanahan avait sérieusement envisagé Bergevin pour le poste de DG des Leafs avant de nommer finalement Brad Treliving.
Les deux hommes s’estiment. Ils partagent une philosophie de gestion basée sur l’intensité, la loyauté et la structure. L’idée de voir Shanahan comme président et Bergevin comme DG n’a rien de farfelu. C’est même un scénario très plausible.
Reste qu'on parle d'un revirement de situation pour Marc Bergevin. Son nom circulait avec insistance pour devenir le président des opérations hockey à Long Island.
Mais si Brendan Shanahan est bel et bien celui qui héritera de ce titre, Bergevin devra se contenter — au mieux — d’un rôle de vice-président ou de directeur général. Ce n’est pas rien, mais pour un homme qui, à Montréal, n’avait aucun patron et qui contrôlait chaque fibre de l’organisation du Canadien, c’est un choc d’ego.
À Montréal, Bergevin avait carte blanche, et on connaît tous le désastre qui en a découlé. Reste que Shanahan pourrait voir en Bergevin un exécutant fidèle, un bras droit idéal.
La vraie révolution ici, c’est que les Islanders, longtemps considérés comme une organisation allergique aux grandes secousses, sont en train de devenir la scène d’un changement de garde monumental. Le simple fait que Shanahan soit dans leur viseur démontre une volonté de réécrire leur culture hockey.
Or, il faut comprendre les conséquences que ce déménagement de Shanahan aurait pour Toronto. Ce serait un aveu d’échec. Onze saisons. Neuf participations en séries. Aucune finale d’association. Une dynastie d’échecs. Ce serait aussi une libération pour une organisation qui cherche à rompre avec un cycle d’autosatisfaction sans résultats.
Mais à Long Island, c’est une opportunité en or. Et ils le savent. Shanahan n’est pas seulement un homme d’expérience. Il est une marque. Un visage reconnu dans les milieux d’affaires. Un acteur crédible auprès des agents, des propriétaires et des vétérans de la ligue. Sa nomination pourrait changer l’image de l’équipe du jour au lendemain.
Dans les coulisses, on parle même de l’influence de Lou Lamoriello, son prédécesseur aux Islanders… et mentor de longue date de Shanahan. L’empreinte de Lou n’a jamais totalement disparu, et son approbation pourrait peser lourd dans la balance.
La réunion du conseil d’administration de MLSE ce jeudi est donc doublement stratégique. Ce ne sera pas seulement une évaluation interne. Ce sera une course contre la montre. Car si Toronto ne renouvelle pas Shanahan rapidement, Long Island pourrait le subtiliser. Et cette fois, il n’y aura pas de retour.
Le contexte chez les Leafs n’est pas simple : la transition de Bell vers Rogers comme actionnaire majoritaire change les dynamiques internes. Keith Pelley, le nouveau président de MLSE, a attendu un an avant d’imposer sa marque. C’est maintenant qu’il agit.
Et pendant que Toronto tergiverse, Long Island avance. Shanahan a une offre implicite. Le plan est clair : nommer un président d’envergure, structurer le tout, puis greffer une équipe de direction solide autour. Peut-être Bergevin. Peut-être Mathieu Darche. Peut-être un mélange des deux.
Dans cette partie d’échecs à haute tension, une chose est sûre : la nomination de Brendan Shanahan à Long Island serait l’histoire de l’été. Et la fin d’une ère à Toronto.
Et dans un coin, Patrick Roy regarde tout ça. Silencieux. Attentif. Il sait que si Shanahan arrive, tout peut basculer. Mais pour l’instant, il n’est plus qu’un pion dans une partie qui se joue loin de la glace.