Richard Martineau a tout simplement été sans pitié.
Dans son dernier article publié dans le Journal de Montréal, il a dynamité le gouvernement de François Legault, ridiculisé le Canadien de Montréal, envoyé Geoff Molson dans les câbles et fait de Gary Bettman un pantin d’une ligue qui préfère Honolulu à Québec. Et franchement, il n’a pas tort.
Que le hockey soit le sport national des Québécois? Vraiment? Martineau le tourne en dérision dès les premières lignes avec un sarcasme aussi mordant qu’une tempête de janvier:
« Et moi qui pensais que c’était le rugby, le boulingrin ou le lancer du javelot! »
On sent son exaspération devant cette tentative grotesque du gouvernement de détourner l’attention de ses fiascos en santé et en économie.
Legault croit-il vraiment qu’un décret symbolique va faire oublier la pénurie d’infirmières et les temps d’attente aux urgences?
C’est un peu comme offrir un chandail autographié de Nick Suzuki à un patient en arrêt cardiaque en guise de traitement.
Et que dire de sa charge contre le Canadien?
« Tu joues au hockey? Tu ne rates jamais une défaite du Canadien? Tu es toujours là quand ils se font blanchir? »
Martineau ne mâche pas ses mots: le CH est devenu un spectacle de médiocrité auquel les fans assistent religieusement, comme un fidèle qui se flagelle en guise de pénitence.
Les partisans se demandent pourquoi il n’y a plus de joueurs francophones, pendant que Geoff Molson se demande combien de bières il pourra vendre malgré une autre saison sans séries.
"La Ligue nationale préfère ouvrir une équipe à Waikiki plutôt qu’à Québec?" Évidemment! Parce que Québec, avec son marché restreint et sa dépendance au Canadien, fait rire Bettman plus que le hockey mineur fait pleurer les parents obligés de réhypothéquer leur maison pour acheter des bâtons hors de prix.
Martineau le dit sans détour: le hockey est un gouffre financier pour les familles, une religion coûteuse qui n’offre en retour que des frustrations et des promesses non tenues.
Et son passage sur les sacres? Magistral. Parce que oui, les sacres sont plus québécois que le hockey. Un bon « tabarnak » bien placé unit plus qu’un match du Canadien un mardi soir contre Columbus.
C’est un langage universel que même les nouveaux arrivants adoptent avec enthousiasme. Pendant que le gouvernement tente désespérément de définir l’identité québécoise avec des lois et des symboles forcés, Martineau rappelle que l’intégration passe avant tout par la culture vivante, celle qu’on vit au quotidien, pas celle qu’on décrète à coup de slogans vides.
En somme, Martineau a fait ce qu’il fait de mieux: détruire l’hypocrisie ambiante avec une intensité d’une pureté rare.
Son texte est une gifle contre le gouvernement, un coup de pelle sur la tête du Canadien et une leçon de réalisme à tous ceux qui pensent encore que le hockey est une fierté nationale plutôt qu’un business impitoyable.
Bref, il a tout détruit. Et il a bien fait.
Si Richard Martineau a lancé une première offensive cinglante contre le gouvernement Legault et le Canadien de Montréal, il ne s'est pas arrêté là.
Parce que dans ce cirque grotesque où le hockey est déclaré sport national, il a pratiquement traité Geoff Molson de clown.
Molson, ce grand héritier qui gère le Canadien comme une entreprise familiale où la rentabilité passe avant tout. Ce propriétaire qui, année après année, sert des illusions aux partisans pendant que l'équipe s'enlise dans la médiocrité.
Martineau a raison de souligner l'aveuglement des fans, mais il aurait pu aller encore plus loin sur la machine à cash qu’est devenu le CH.
Le Centre Bell est un temple de la consommation où l'on vend une tradition aujourd’hui vidée de son sens. La bière coûte un bras, les billets sont inaccessibles pour le commun des mortels, et pourtant, les estrades sont pleines.
Pourquoi? Parce que le Canadien n'est plus une équipe de hockey, c'est une marque, une identité de substitution pour une ville qui cherche désespérément à retrouver sa gloire passée.
Pendant que Geoff Molson encaisse, les partisans s'accrochent à des souvenirs, comme un nostalgique refusant d'admettre que son amour de jeunesse l'a quitté depuis longtemps.
Et que dire de la gestion sportive? La patience et la vision à long terme, c'est bien joli, mais combien de temps encore faudra-t-il attendre pour voir des résultats concrets?
Martin St-Louis est sympathique, il parle bien avec ses leçons de vie à deux cennes, il a de belles valeurs, mais est-ce suffisant? À force de répéter que la progression est plus importante que la victoire, on finit par se convaincre que perdre est une vertu.
Puis, il y a l’obsession pour les joueurs francophones, un sujet que Martineau aborde avec un humour acerbe. C’est bien beau de se plaindre du manque de Québécois dans l’alignement, mais encore faudrait-il que l’équipe en ait les moyens.
Loin est le temps où Montréal était une destination de rêve pour les joueurs. Aujourd’hui, entre les impôts écrasants, la pression médiatique étouffante et l'instabilité chronique, il n'y a pas grand monde qui rêve de porter le chandail bleu-blanc-rouge.
Et Bettman dans tout ça? Martineau l’égratigne en rappelant que la LNH préfère planter des franchises dans des marchés improbables plutôt que d’accorder à Québec une équipe qu’elle mériterait mille fois plus.
Mais on le sait tous: tant que Bettman sera aux commandes, Québec n’aura jamais d’équipe. Pas assez rentable. Pas assez de croissance.
Pas assez de tout. Bettman n’en a rien à cirer de la passion des Québécois pour le hockey, il veut des profits, point final.
Bref, Martineau a mis dans le mille avec son texte, mais il y avait encore tant de cibles à descendre.
Parce qu’au-delà du ridicule de ce projet de loi et de la descente aux enfers du Canadien, il y a surtout un profond malaise: celui d’un peuple qui s’accroche au hockey comme un naufragé à un radeau pour masquer l’éffondrement de ses véritables repères culturels.
Au final, ce débat sur le hockey comme sport national n'est qu'un symptôme d'un mal plus profond.
On s’accroche à cette idée comme à une bouée, croyant qu’en sacralisant un sport, on peut cimenter une identité qui s’effrite sous nos pieds.
Mais la vérité est brutale: notre culture, notre langue, notre place dans le monde sont en péril, et ce n’est pas une déclaration symbolique qui va y changer quoi que ce soit.
Le Canadien n’est plus une fierté, c’est un produit de consommation. La LNH n’est plus une ligue de hockey, c’est une machine à profits qui se fiche de notre histoire.
Et pendant que Geoff Molson empoche et que Gary Bettman ignore nos demandes, on continue à chanter «O Canada» en espérant que ça nous protège de l’oubli.
Mais il serait peut-être temps d’ouvrir les yeux. Parce que si on ne protège pas ce qui fait réellement de nous un peuple distinct, si on ne défend pas notre culture autrement qu’avec des slogans creux et des déclarations vides de sens, alors un jour, on se réveillera, et ce ne sera pas seulement une équipe de hockey qu’on aura perdue, mais tout ce qui nous définissait en tant que nation.