Quelque chose bouge à Columbus. Et pas seulement dans les gradins. Les Blue Jackets, malgré une fiche juste au-dessus de la barre du .500, sont hantés encore et encore dans les mêmes débats qui les rongent depuis le repêchage : comment ont-ils pu laisser filer Ivan Demidov ?
Le génie russe du Canadien de Montréal, pris au cinquième rang, hante encore les conversations dans l’Ohio. La frustration populaire ne s’est pas dissipée, bien au contraire.
Car au-delà du regret Demidov, la situation de l’équipe est instable. Deux défaites consécutives, un jeu collectif sans identité, et surtout des vétérans qui ne livrent pas. Le cas le plus triste : Sean Monahan.
Arrivé avec l’étiquette de stabilisateur offensif, Monahan devait incarner le pont entre la jeunesse et la maturité du vestiaire.
Or, son début de saison est un désastre. Un seul but, cinq passes, six points en treize matchs, malgré un rôle de premier plan sur la première unité d’avantage numérique et au centre du premier trio.
Les partisans de Columbus, déjà irrités par la gestion du repêchage, n’en peuvent plus de voir un joueur aussi expérimenté paraître aussi lent, aussi hésitant.
Pire : Monahan s’est blessé à la main dans le dernier match face à Calgary, un revers humiliant contre les Flames où les Jackets ont été écrasés.
La scène a suffi à rallumer les spéculations : et si Columbus décidait d’en finir plus tôt que prévu avec l’expérience Monahan ?
Monahan, 31 ans, traîne un lourd passé médical. Les hanches, les poignets, les chevilles : tout a été réparé et retouché comme une voiture brisée.
Son contrat, signé l’été dernier pour cinq ans (5,5 M$ par saison), court jusqu’en 2029. Dans une organisation qui tente de reconstruire autour de Kent Johnson, Adam Fantilli et bientôt Cayden Lindstrom (repêché avant Ivan Demidov), ça commence à sentir la transaction.
Évidemment, le lien avec Montréal est facile à faire. Cole Caufield et Nick Suzuki le voient encore comme un grand frère. Mais Kent Hughes ne voudra jamais prendre le risque d'asborber ce contrat. Il sait que Monahan est trop fragile.
C’est là qu’entre en scène un nom que personne ne mentionne, mais que Kent Hughes et Jeff Gorton surveillent discrètement : Boone Jenner.
Le capitaine des Blue Jackets n’a jamais eu le profil tape-à-l’œil d’un Crosby, O'Reilly, Kadri, McCann ou Zacha. Mais à Columbus, il demeure tout un leader.
Deux buts, six passes, huit points en treize matchs : un rendement solide, à la hauteur de ce qu’il est, un centre de soutien fiable, travailleur et constant.
Le problème? Il ne joue même pas au centre, ce qui irrite le joueur au plus haut point. (il se retrouve à gauche d'Adam Fantilli et Miles Wood sur le 2e trio).
Mais surtout, c’est sa situation contractuelle qui est chaude brûlante. Jenner touche 3,75 M$ par année et deviendra joueur autonome sans compensation à la fin de la saison.
Les négociations pour une prolongation sont au point mort. Et selon plusieurs sources dans le circuit, la direction des Blue Jackets hésite à le prolonger, estimant qu’il est temps de tourner la page et de miser sur un leadership plus jeune.
Boone Jenner devient l’un des secrets les mieux gardés du marché des transactions.
Jenner représente exactement ce que le Canadien cherche depuis un an : un centre gaucher, capable de jouer sur 200 pieds, de remporter ses mises en jeu, et surtout de stabiliser un vestiaire qui a besoin absolument d'un centre gaucher.
Il faut un vétéran qui connaît le tabac. Quelqu’un qui rappelle aux jeunes ce que c’est de « jouer comme un pro », chaque soir.
Dans ce contexte, Boone Jenner fait plus de sens que tous les noms exotiques évoqués depuis des semaines.
Ryan O’Reilly va coûter très cher sur le marché des transactions.
Nazem Kadri coûte 7 millions jusqu’en 2029 et va aussi être très coûteux en terme de retour sur le marché des transactions.
Pavel Zacha, selon Pierre Lebrun, n’est tout simplement pas disponible.
Sidney Crosby, lui, est un rêve impossible.
Jenner, lui, ne coûterait pas aussi cher que ces "étalons" du marché.
On est dans une autre catégorie de transaction, beaucoup plus raisonnable. Jenner est un joueur de 33 ans utile, fiable, respecté, mais il entre dans la dernière année de son contrat et n’a pas la valeur marchande d’un joueur étoile.
Le Canadien pourrait logiquement bâtir une offre autour d’un joueur de centre de deuxième niveau par exemple Owen Beck ou Oliver Kapanen, accompagné d’un choix de deuxième ronde et/ou d'un autre élément.
Évidemment, les fans du CH vont préférer Sean Monahan dans leur coeur.
On parle d'un dossier émotif. Il a été un frère de vestiaire, un modèle pour les jeunes, et un exemple de courage. Cole Caufield, Nick Suzuki, Jake Evans et même Martin St-Louis parlent de lui avec un respect évident.
Mais le hockey reste une business.
Et à 5,5 M$, Monahan ne reviendra jamais à Montréal.
Le Canadien n’a pas besoin d’un joueur émotif. Il a besoin d’un joueur utile, tant au niveau salarial que sur la glace,
Et Boone Jenner coche les cases qu’aucun autre vétéran n’a su remplir depuis Phillip Danault.
À Columbus, après deux défaites consécutives, le climat est électrique.
Les fans hurlent à l’incompétence après avoir vu Demidov leur filer sous le nez. On ne sait pas si cette équipe est en reconstruction ou prétend aux séries. C'est le "NO MAN'S LAND".
Dans cette tempête, un joueur comme Jenner devient une monnaie d’échange naturelle : il ne s’inscrit pas dans le long terme, il garde une valeur sur le marché, et il libère de la masse salariale.
À Montréal, on le sait. Et selon des sources proches du dossier, des discussions exploratoires ont déjà eu lieu entre Hughes et Columbus. Rien d’avancé, mais le dialogue est ouvert.
Les Flames bloquent encore Kadri.
Les Predators attendent pour O’Reilly, mais veulent la lune.,
Les Blues ne veulent pas céder Robert Thomas.
Les Bruins refusent de toucher à Zacha.
Boone Jenner devient, par élimination, la solution la plus accessible.
Renforcer le centre et tester un joueur sans engagement à long terme... est un pari gagnant...
Si ça fonctionne, on peut le prolonger quelques années . Sinon, on le laisse partir à coût zéro.
Boone Jenner n’est pas une vedette. Il n’a jamais été un marqueur naturel ni une machine à points. Mais il est fiable, discipliné et respecté.
C’est exactement le genre de joueur que Kent Hughes aime cibler : un profil sous-évalué, utile, à bon prix.
On signe demain matin.
