Bourde au repêchage: Ivan Demidov donne une leçon à Matvei Michkov

Bourde au repêchage: Ivan Demidov donne une leçon à Matvei Michkov

Par David Garel le 2025-12-25

Le jour de Noël, pendant que plusieurs joueurs de la LNH décrochent complètement, deux jeunes du Canadiens de Montréal ont fait exactement l’inverse.

Lane Hutson et Ivan Demidov ont sauté sur des patinoires extérieures pour jouer au hockey avec des jeunes et des partisans. Pas pour la photo. Pas pour le narratif. Juste parce que le hockey est plus fort qu’eux.

Et c’est précisément à ce moment-là que tout devient limpide. Surtout que Hutson a fait la même chose hier.

On commence à vraiment connaître Lane Hutson. On sait qu’il mange du hockey, qu’il respire hockey, qu’il vit hockey. Il n’est pas là pour l'argent, même si son talent pourrait largement le lui permettre (de juste penser au cash). Ses priorités sont ailleurs. Elles sont à la bonne place.

Et plus on découvre Ivan Demidov, plus on réalise qu’il est fait du même moule.

Le jeune Russe a lui aussi profité du 25 décembre pour se dégourdir les jambes. Il s’est joint à des partisans sur une patinoire extérieure avec Hutson, précisément une patinoire Bleu Blanc Bouge, à Notre-Dame-de-Grâce. Deux jeunes vedettes du Canadien. Le jour de Noël. Sur une glace de quartier.

Décidément, c’est impossible d’éloigner ces deux gars-là d’une patinoire. Le hockey, ils ne font pas que l’aimer : ils s’en nourrissent. Ils en mangent. Ils en vivent.

C’est franchement magnifique de voir deux jeunes joueurs de ce calibre prendre le temps de jouer avec des enfants et des partisans le jour de Noël.

Un cadeau simple, mais immensément significatif. Leurs priorités sont exactement là où elles doivent être : pas dans le portefeuille, pas dans l’ego, mais dans la passion pure et dure du jeu.

Et ce genre de passion, quand elle est sincère, mène rarement à l’échec.

Non seulement c’est touchant à voir, mais c’est extrêmement rassurant pour l’avenir du Tricolore. Cette mentalité-là, cette obsession de toujours vouloir jouer, apprendre, peaufiner les détails, c’est ce qui forge les grandes carrières. Même avec un talent débordant, ces gars-là ne seront jamais satisfaits. Ils voudront toujours être meilleurs.

Ils ont tout pour devenir, très bientôt, des joueurs d’élite dans la LNH. Peut-être même des joueurs de franchise.

Et pendant ce temps-là, la différence à Philadelphie donne mal au coeur.

Pendant que Hutson et Demidov incarnent la générosité, l’humilité et l’amour du jeu, Matvei Michkov traîne une réputation beaucoup plus lourde.

Mauvaises habitudes hors glace. Attitude problématique. Difficulté à s’intégrer. Tensions constantes avec son entraîneur Rick Tocchet. Malaise récurrent autour de son entourage, de son traducteur qui semble toujours mal à l'aise quand il parle, comme si Michkov lui disait des choses méchantes envers son coach et ses coéquipiers.

Le traducteurl changerait la version du joueur, pour ne pas le placer dans le trouble.

Une impression persistante d’un joueur qui pense d’abord à lui avant de penser au groupe. Ouch.

Oui, Michkov aurait peut-être bénéficié de la culture du Canadien. Oui, Montréal aurait peut-être pu tenter de le canaliser. Mais la vraie question n’a jamais été là.

La vraie question, c’était : le Canadien voulait-il vraiment d’un joueur comme ça dans son vestiaire?

Avec le recul, la réponse est claire comme de l'eau de roche.

Ce n’est pas seulement Montréal qui a hésité. Le monde du hockey entier a senti le risque. Talent immense, indiscutable. Mais talent fragile, exigeant, difficile à encadrer. Un joueur qui a besoin d’un environnement parfait, sans toujours démontrer qu’il est prêt à faire les sacrifices quotidiens pour le mériter.

À Montréal, la culture n’est pas un mot creux. Elle se vit. Elle se protège. Elle s’incarne dans des gestes simples, comme aller jouer au hockey avec des enfants le 25 décembre.

Michkov, lui, ne cadre tout simplement pas dans cette équation.

Soyons honnêtes jusqu’au bout. Plusieurs, moi inclus, étions convaincus à l’époque que ne pas repêcher Michkov serait une erreur monumentale.

On croyait que laisser passer ce talent serait impardonnable. On croyait que sélectionner David Reinbacher à sa place serait un choix impossible à défendre.

Aujourd’hui, devant ces images de Hutson et Demidov sur des patinoires de quartier, il faut avoir l’humilité de l’admettre : le Canadien avait raison.

Reinbacher va s’intégrer parfaitement à cette culture. Il va apprendre, se développer, puis s’installer à Montréal pour longtemps. Il ne divisera pas un vestiaire. Il ne créera pas de crises inutiles. Il s’inscrira dans un projet collectif.

Ce qu’on a vu ce 25 décembre n’est pas anodin. C’est un symbole puissant. Deux jeunes joueurs qui incarnent exactement ce que le Canadien veut être : humilité, passion, proximité avec les partisans, amour du jeu.

Pendant que d’autres organisations gèrent des tensions, des ego et des crises internes, Montréal construit quelque chose de sain. Et soudainement, ce qui ressemblait autrefois à une occasion ratée ressemble plutôt à un désastre évité.

Parfois, le vrai coup de génie d’une organisation ne se mesure pas au talent qu’elle repêche.

Il se mesure au talent qu’elle a le courage de laisser passer.