Brendan Gallagher avoue... à quel point il avait le coeur brisé...
À l’aube de la saison 2023-2024, les réseaux sociaux se déchaînaient contre son contrat. Six millions et demi pour un gars qui ne suivait plus la cadence?
Qui passait plus de temps à l’infirmerie qu’à célébrer un but? Même les observateurs les plus bienveillants avaient baissé les bras.
Tout le monde était persuadé de la même chose: Gallagher allait terminer sa carrière en queue de poisson, avec un contrat étouffant sur le dos de l’organisation et un corps incapable de suivre.
Il y a eu des appels au rachat. Des rumeurs de retraite. Des chuchotements dans les loges, dans les coulisses, à la radio. Il devenait, malgré lui, un symbole : celui des erreurs contractuelles du passé, des restes d’une ère révolue.
Et pourtant.
Brendan Gallagher n’a jamais parlé pour se plaindre. Il a encaissé. Il a encaissé les critiques, les moqueries, les analyses glaciales de ses performances.
Il a tout pris en silence, en serrant les dents comme il l’a toujours fait, comme lorsqu’il plongeait devant un tir ou se relevait après un coup vicieux. Jusqu’à ce que son heure revienne.
La saison 2024-2025 aurait pu être une tournée d’adieu. Elle fut une renaissance.
Avec 21 buts au compteur, Gallagher est devenu, contre toute attente, le troisième meilleur marqueur du CH. Mais ce n’est pas tant le chiffre qui impressionne.
C’est le contexte. Il a disputé 82 matchs, complet, après deux saisons entrecoupées de blessures chroniques. Il a retrouvé sa zone de confort dans l’enclave, là où les coups pleuvent et les os grincent. Il a joué comme s’il n’y avait plus de lendemain, comme s’il voulait que chaque présence sur la glace fasse taire une critique.
C’est ce qu’il a confié au Journal de Montréal, dans une entrevue sobre, mais poignante. Lorsqu’on lui a parlé de toutes ces critiques sur son contrat, il a simplement répondu :
« C'était très dur. »
Trois mots, mais porteurs d’un monde. Parce que derrière cette phrase se cache le malaise d’un homme qui a tout donné pour une ville, pour un logo, pour un vestiaire… et qui, malgré ça, a vu les regards changer envers lui... et son portefeuille...
Ce qui a blessé Brendan Gallagher plus que tout, ce ne sont pas ses blessures, mais bien le jugement du public à son endroit.
Pendant des mois, il a vu son nom circuler parmi les « contrats à racheter », les « boulets » financiers à sortir de Montréal. Et ce qu’il a trouvé le plus difficile, c'est qu'il savait que les critiques ne visaient pas son jeu, mais bien sa paye. Pourtant, jamais il ne s’est remis en question :
« Je n’ai jamais été inquiet. Je ne me suis jamais remis en question. J’ai toujours continué d’avoir confiance en moi, en ce que je suis capable de faire. »
Il aurait pu s’écrouler. Il s’est redressé.
Aujourd’hui, le contrat de Gallagher fait encore jaser. Mais la conversation a changé de ton. Il coûte cher, oui. Mais il donne encore. Et surtout, il inspire.
Dans une organisation en pleine mutation, où l’on cherche à bâtir une nouvelle culture, son exemple est devenu précieux. Chaque sprint, chaque bataille le long de la rampe, chaque mot dans le vestiaire est un rappel que le hockey, ce n’est pas qu’une affaire de statistiques.
Gallagher n’est plus un ailier top-6. Il le sait. Martin St-Louis le sait. Mais il est devenu autre chose. Une voix. Une présence. Une preuve vivante qu’on peut renaître dans la tempête. Qu’on peut encore forcer le respect quand tout le monde vous a rayé.
Et les jeunes le regardent. Demidov, Slafkovský, Bolduc… tous ces gars qui n’ont pas encore goûté aux épreuves de la LNH voient en lui un repère.
Quelqu’un qui n’a jamais fui. Qui s’est battu contre son propre corps, contre les jugements, et qui, à force de volonté, s’est reconstruit une légitimité.
Dans une autre organisation, Gallagher aurait peut-être été mis de côté. Envoyé au ballottage. Écarté pour libérer de l’espace.
Mais à Montréal, malgré tout, il a tenu bon. Parce qu’ici, l’histoire compte. Parce qu’on se souvient de ses séries de 2021, de ses sourires édentés, de ses lancers déviés du sternum. Parce qu’on sait qu’il n’a jamais triché.
Le Canadien ne rachètera pas Gallagher. Il finira son contrat. Il finira probablement sa carrière ici. Deux ans encore. Deux années à encadrer, à transmettre, à protéger.
Il ne sera plus une star. Il ne marquera peut-être plus 20 buts. Mais il sera là. Comme une ancre. Comme un rappel du prix à payer pour mériter le respect de cette ville.
Ce n’est pas par pitié qu’on garde Gallagher. Ce serait une insulte à son parcours. C’est parce qu’il a mérité, par sa résilience, le droit de sortir debout.
Et surtout, parce que, malgré son corps usé, il reste encore utile. Il reste encore capable d’un but clé. D’un revirement provoqué. D’un moment qui fait basculer un match. Il l’a prouvé l’an dernier. Il peut encore le prouver cette saison.
C’est ça, sa vengeance. Pas des mots. Pas des déclarations flamboyantes. Juste du travail. Juste du hockey. Juste du cœur.
Dans le fond, c'est un avertissement pour tous ceux qu’on enterre trop tôt
Brendan Gallagher est un exemple. Un rappel que dans cette ligue, on enterre souvent les gars trop vite. Que le hockey, ce n’est pas qu’un calcul Excel de cap space et d’âge avancé. C’est une affaire d’orgueil. De volonté. De cycles. De douleurs vaincues.
Et aujourd’hui, quand il saute sur la glace, même si les jambes sont lourdes, même si les poumons crient, il le fait avec la satisfaction d’avoir fait ravaler leurs mots à tous ceux qui l’avaient rangé sur la tablette des erreurs de Bergevin.
Oui, Brendan Gallagher vit probablement ses dernières années dans la LNH. Mais elles compteront. Il ne s’effacera pas. Il ne disparaîtra pas dans le décor. Il ne finira pas comme un fantôme sur le banc.
Il ira jusqu’au bout, comme il a toujours fait. En se relevant encore. En frappant encore. En inspirant encore.
Et Montréal, cette fois, saura le voir. Pas comme un problème. Mais comme un monument.