Brendan Gallagher écarté par Martin St-Louis: la bombe attendue par Montréal

Brendan Gallagher écarté par Martin St-Louis: la bombe attendue par Montréal

Par David Garel le 2025-12-08

On sent la tension dans l’air à Montréal. On sent ce silence qui précède l’explosion. Et tout laisse croire que la bombe pourrait bien sauter demain. Selon plusieurs journalistes bien informés, Brendan Gallagher pourrait être écarté de l’alignement le temps de guérir une blessure à la hanche contractée il y a 48 heures.

Blessé, exténué, en chute libre de performance… c’est peut-être l’opportunité parfaite pour dire ce que beaucoup pensent mais que personne n’ose encore dire à haute voix : Gallagher est fini.

Hier, il a joué 9 petites minutes. Neuf minutes où on ne l’a vu nulle part, où on ne l’a presque pas senti. À chaque retour au jeu, on attendait un éclat, un sang-froid dans l’enclave, une poussée, n’importe quoi. Rien. Silence. Même dans ces neuf minutes, son corps envoyait déjà des signaux d’alarme : lenteur, appuis incertains, respiration lourde, désengagement progressif. C’était visible, évident, presque cruel à observer.

Et maintenant, on parle sérieux : l’organisation envisagerait de le retirer de l’alignement. Pas pour lui faire du mal, non.

Pour le protéger, ou au moins pour protéger l’équipe. Après tout, il y a des joueurs comme Samuel Blais qui sont là, sous-estimés, brûlants d’envie, capables d’apporter ce punch, la vitesse, l’énergie qu’un vétéran épuisé n’a plus.

Alors la question est simple : qu’est‑ce qu’on attend pour donner une chance à Blais? Pourquoi continuer à traîner un corps en décrépitude sur la glace pendant qu’on risque de perdre des matchs, de briser l’esprit d’équipe, de désespérer les partisans?

On ne peut plus le cacher, on ne peut plus détourner le regard : Gallagher ne suit plus. Depuis plusieurs semaines, les séquences se multiplient où il est dépassé, absurde, inutile.

On le voit hésiter, traîner, manquer les mises au jeu, rater les replis, se faire dépasser à l’aile, ou simplement ne pas arriver en position pour recevoir une passe.

On le voit suer, tituber sur la glace, pleurant presque pour chaque poussée, comme un vieux cheval trop longtemps attelé à une charrue qu’il ne peut plus tirer.

Ce soir-là, contre le Colorado, dans une défaite cinglante, la dernière. 11 minutes, moins-2. C’était suffisant pour acter la fin. Mais hier, ce n’était pas 11 minutes : c’était 9.

Et c’était pire. Parce que même en très peu de temps, l’absence d’impact était flagrante. On a vu un visage fermé. Un corps fatigué. Des appuis fragiles. Un abandonnement silencieux. Et autour, la stupeur, l’incompréhension, le malaise.

Depuis ce matin, à Brossard, plusieurs parlent. Plusieurs savent. Plusieurs commencent à avoir peur. Peur que le vestiaire perde foi, peur que l’équipe perde du rythme, peur que le poids du contrat, 6,5 millions par saison, devienne une ancre trop lourde pour continuer à traîner.

Après tout, combien de matches encore avant que ça ne pèse trop lourd? Combien de “soirs sans” vont couler avant que ça devienne dangereux?

Pendant ce temps, Samuel Blais reste en embuscade. Il patine, il s’entraîne, il frappe, il travaille, il est tout simplement trop fort pour la ligue américaine.

Il n’a peut-être pas la renommée de Gallagher. Il n’a pas ce passé glorieux, ces séries flamboyantes, ces lancers-chocs, ces retraits de dents dans l’enclave. Mais il a l’essentiel : la fraîcheur des jambes, l’envie intacte, la faim de prouver.

Blais ne coûte presque rien. Il n’est pas un problème salarial. Il ne traîne pas de fantômes de blessures. Il ne sent pas le poids des attentes. Il peut évoluer en quatrième ligne. Il peut frapper. Il peut donner de l’énergie. Il peut prendre des shifts, contribuer physiquement, apporter une sérénité que la lenteur de Gallagher ne fait plus qu’étouffer.

Si le CH décide de le rappeler, surtout si Gallagher est écarté, ce ne sera pas un vol : ce sera une décision logique. Une décision nécessaire. Une décision respectueuse envers l’équipe, envers les partisans et, étrangement, envers Gallagher lui-même.

La question que tout le monde tait : Gallagher, a-t‑il encore la dignité de choisir seul la fin?

Parfois, le plus grand courage, ce n’est pas de continuer à se battre. C’est de savoir quand s’arrêter. Quand le corps ne suit plus, quand les genoux, les hanches, le souffle, la vitesse, la réaction,  tout l’abandonne: la vraie question, c’est : jusqu’à quand veut-on survivre au lieu de vivre?

Gallagher pourrait prendre sa retraite dès l’été 2026. Il ne manquerait à personne :

pas à ceux qui suivent la LNH pour la vitesse, la jeunesse, l’intensité ;

pas à ceux qui calculent le cap hit comme un budget d’entreprise ;

pas à ceux qui cherchent à bâtir une équipe gagnante, rapide, agile, moderne.

Il pourrait partir. Lui-même, par fierté, par lucidité, par respect pour ce qu’il a été et laisser la place aux autres. Aux jeunes. À des gars comme Blais, qui n’ont rien à prouver. À un CH qui tente de se reconstruire, qui veut avancer, qui a besoin de respirer.

Mais ce serait aussi accepter que la flamme s’éteint. Que le guerrier a posé genou à terre. Que le soldat a tiré sa révérence.

C’est une décision dure. Cruelle, même. Mais c’est peut-être la plus juste.

Si le CH insiste à garder Gallagher, s’il le force à revenir dès qu’il y a du retour, des blessures, des trous dans l’alignement : alors il risque de livrer deux morts en une.

La morale sportive : un vétéran qui brûle les derniers fusibles, s’épuise, se démolit match après match, qui finit par devenir dangereux, inutile, un boulet. Un gars qu’on regrettera d’avoir gardé trop longtemps.

La morale humaine : un être qui méritait mieux que d’être ridiculisé, moqué, écarté à demi‑mot, utilisé jusqu’à la corde, juste parce qu’il reste un contrat à honorer.

Les fans le savent. Le vestiaire commence à le savoir. Même les commentateurs le voient. Le malaise est devenu public. Et si le club ne fait rien, ce ne sera pas qu’un manque de respect : ce sera un manque de vision.

Demain, peut‑être. Après‑demain, sûrement.

Le CH aura à prendre une décision. Une vraie. Une lourde. Une nécessaire.

Soit il met Gallagher de côté. Il le protège. Il le laisse guérir. Ou il lui offre une retraite anticipée. Soit il persiste. Il le garde. Il l’expose. Il l’use. Et il paiera le prix sportif.

Quand un joueur ne suit plus, le respect ne doit pas consister à l’ignorer. Il doit consister à savoir quand l’épargner. À savoir quand tourner la page. À savoir quand écouter ce que la glace chuchote : que c’est fini.

Et aujourd’hui, cette glace crie.

Elle hurle de vérité.

Elle impose le silence sur les illusions.

Elle exige l’action.

Le reste… c’est de l’orgueil. Et l’orgueil, dans un club en reconstruction, finit toujours par coûter trop cher.